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    2. La Flèche noire
    3. Chapitre 46
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    l’endroit où elle s’enfonçait de nouveau dans la neige vierge de l’autre côté, Dick fut surpris de la trouver plus étroite et moins piétinée. Évidemment, Sir Daniel, profitant de la route, avait déjà commencé à séparer sa troupe.

    À tout hasard, une chance valant l’autre, Dick continua à poursuivre la ligne droite, et celle-ci, après une heure de chevauchée, conduisit dans les profondeurs de la forêt, où, soudain, elle se dispersa comme une coquille qui éclate, en une douzaine d’autres dans toutes les directions.

    Dick tira sur la bride avec désespoir. La courte journée d’hiver était près de sa fin, le soleil, comme une orange rouge pâle, dépouillé de rayons, nageait bas dans les fourrés sans feuilles. Les ombres étaient longues d’un mille sur la neige, la gelée mordait cruellement les ongles, et l’haleine et la vapeur des chevaux montait en nuages.

    – Eh bien, nous sommes floués, confessa Dick. Dirigeons-nous sur Holywood, quand même. C’est encore plus près de nous que Tunstall : – si j’en juge par la position du soleil.

    Ainsi ils inclinèrent à gauche, tournant le dos au disque rouge, allant vers l’abbaye à travers bois. Mais ce n’était plus comme avant. Ils ne pouvaient plus conserver leur vive allure sur un sentier affermi par le passage de leurs ennemis vers le but auquel ce sentier les conduisait. Il leur fallait maintenant enfoncer d’un pas lourd dans la neige encombrante, s’arrêter constamment pour chercher leur direction, patauger dans des amas de neige. Bientôt le soleil les abandonna ; la lueur à l’ouest s’évanouit ; et, maintenant, ils erraient dans une ombre noire, sous les étoiles glaciales.

    La lune, il est vrai, devait, à ce moment, éclairer le sommet des collines, et ils pourraient reprendre leur marche. Mais, en attendant, toute erreur pouvait les éloigner de leur route. Il n’y avait rien à faire, qu’à camper et attendre.

    On plaça des sentinelles ; un espace fut déblayé de neige, et, après quelques essais, un bon feu flamba au milieu. Les hommes d’armes s’assirent serrés autour de ce foyer, partagèrent les provisions qu’ils avaient, et se passèrent la bouteille ; et Dick ayant réuni le plus fin de cette grossière et maigre nourriture, l’apporta à la nièce de Lord Risingham ; elle était appuyée contre un arbre, séparée de la soldatesque.

    Elle était assise sur une couverture de cheval, enveloppée dans une autre, et regardait droit devant elle cette scène éclairée par le feu. À l’offre de la nourriture, elle tressaillit, comme quelqu’un qui s’éveille d’un rêve, puis refusa en silence.

    – Madame, dit Dick, je vous en supplie, ne me punissez pas si cruellement. En quoi je vous ai offensée, je ne sais ; il est vrai que je vous ai emportée, mais avec une violence amicale ; il est vrai que je vous ai exposée à l’inclémence de la nuit, mais la hâte à laquelle je suis obligé a pour but de sauver une autre, qui n’est pas moins délicate, ni moins dépourvue d’amis que vous ; ainsi, Madame, ne vous punissez pas vous-même, mangez, sinon par faim ; du moins pour conserver vos forces.

    – Je ne veux rien prendre des mains qui ont tué mon cousin, répliqua-t-elle.

    – Chère Madame, s’écria Dick, je vous jure sur la croix que je ne l’ai pas touché.

    – Jurez-moi qu’il vit encore, répliqua-t-elle.

    – Je ne veux pas jouer avec vous, répondit Dick. La pitié m’ordonne de vous blesser. En mon cœur, je crois qu’il est mort.

    – Et vous voulez que je mange ! cria-t-elle. Oh ! et ils vous appellent « Sir » ! Vous avez gagné vos éperons par le meurtre de mon bon cousin. Et si je n’avais été sotte et traître à la fois, si je ne vous avais sauvé dans la maison de votre ennemi, c’est vous qui seriez mort, et lui – lui qui en valait douze comme vous – serait vivant.

    – J’ai fait de mon mieux, comme a fait votre cousin de l’autre côté, répondit Dick. S’il vivait encore – comme j’atteste le ciel que je le souhaite ! – il me louerait, loin de me blâmer.

    – Sir Daniel me l’a dit, répliqua-t-elle. Il vous a remarqué à la barricade. Contre vous, dit-il, leurs troupes ont échoué ; c’est vous qui avez gagné la bataille. Eh bien, alors, c’est vous qui avez tué mon bon Lord Risingham, aussi bien que si vous l’aviez étranglé de vos mains. Et vous voudriez que je mange avec vous… et vos mains ne sont pas même lavées de vos meurtres ? Mais Sir Daniel a juré votre perte. C’est lui qui me vengera.

    L’infortuné Dick était plongé dans la tristesse. Le vieil Arblaster revint à son esprit, et il poussa un gémissement.

    – Me jugez-vous si coupable ? dit-il ; vous qui m’avez défendue, vous qui êtes l’amie de Joanna ?

    – Que faisiez-vous dans la bataille ? répliqua-t-elle. Vous n’êtes d’aucun parti ; vous n’êtes qu’un garçon, des jambes et un corps, sans gouvernement de l’esprit et sans raison ! Pourquoi vous êtes-vous battu ? Pour l’amour des coups, parbleu !

    – Hé, s’écria Dick, je ne sais pas. Mais tel que va le royaume d’Angleterre, si un pauvre gentilhomme ne se bat pas d’un côté, il faut bien qu’il se batte de l’autre. Il ne peut pas rester seul ; la nature ne le veut pas.

    – Ceux qui n’ont pas de jugement ne devraient pas tirer l’épée, répliqua la jeune femme. Vous qui vous battez au hasard, qu’êtes-vous, sinon un boucher ? La guerre n’est noble que par la cause défendue, et vous l’avez déshonorée.

    – Madame, dit le pauvre Dick, je vois en partie mon erreur. Je me suis trop pressé ; je me suis lancé trop tôt dans l’action. Déjà j’ai volé un bateau – croyant, je le jure, bien faire – et par là j’ai causé la mort de bien des innocents, et le malheur et la ruine d’un pauvre vieux, dont la figure aujourd’hui même m’a frappé comme un coup de poignard. Et ce matin je n’avais pas d’autre but que de me faire valoir et de gagner un renom pour me marier, et voyez ! j’ai causé la mort de votre cher parent qui avait été bon pour moi. Et quoi encore, je ne sais. Car, hélas ! peut-être j’ai mis York sur le trône, et, peut-être c’est le pire parti, et peut-être j’ai fait du mal à l’Angleterre. Ô Madame, je vois ma faute, je ne suis pas fait pour la vie. Pour ma pénitence et pour éviter des maux plus grands, lorsque j’aurai fini cette aventure je me retirerai dans un cloître. Je renoncerai à Joanna et au métier des armes. Je serai moine et prierai pour l’âme de votre bon oncle toute ma vie.

    Il sembla à Dick dans l’extrême humiliation de ses remords que la jeune femme avait ri.

    Levant les yeux, il vit qu’elle le regardait à la lumière du feu avec une expression particulière, mais non sans douceur.

    – Madame, s’écria-t-il, pensant que le rire avait été une illusion de son ouïe, mais espérant, au changement de son regard, avoir touché son cœur… Madame, cela ne vous suffira-t-il pas ? J’abandonne tout pour réparer le mal que j’ai fait ; j’assure le ciel à Lord Risingham. Et tout cela le jour même où j’ai gagné mes éperons et où je me suis cru le plus heureux jeune gentilhomme de la terre.

    – Oh ! enfant ! dit-elle… grand enfant !

    Et alors, à la grande surprise de Dick, elle essuya très tendrement les larmes sur ses joues, puis comme cédant à une impulsion soudaine, jeta les deux bras autour de son cou, lui releva la tête et l’embrassa.

    L’ahurissement remplit l’âme simple de Dick.

    – Mais venez, dit-elle, très joyeuse, vous qui êtes capitaine, il faut que vous mangiez. Pourquoi ne soupez-vous pas ?

    – Chère mistress Risingham, répondit Dick. Je voulais d’abord servir ma prisonnière ; mais à vrai dire la pénitence ne me permettra plus de supporter la vue de la nourriture. Je devrais plutôt jeûner, chère Madame, et prier.

    – Appelez-moi Alicia, dit-elle, ne sommes-nous pas de vieux amis ? Et maintenant venez, je mangerai avec vous, bouchée par bouchée, à parts égales ; si donc vous ne mangez pas, je ne mangerai pas non plus ; mais, si vous mangez de bon cœur, je dînerai comme un paysan.

    Et tout aussitôt, elle commença ; et Dick qui avait un excellent estomac se mit en devoir de lui tenir compagnie, d’abord avec une grande répugnance, mais, peu à peu, la situation l’entraînant, avec une ardeur d’une conviction croissante ; jusqu’à ce que, à la fin, il oublia même de surveiller son modèle et de bon cœur répara les dépenses de forces de sa laborieuse journée.

    – Chasseur de lions… dit-elle enfin, vous n’admirez pas une fille en pourpoint d’homme ?

    La lune était levée maintenant ; il n’attendait plus que pour le repas des chevaux. Au clair de lune, Richard, toujours pénitent, mais maintenant rassasié, la vit qui le regardait avec un peu de coquetterie.

    – Madame… balbutia-il, surpris de cette nouvelle attitude.

    – Non, interrompit-t-elle, il ne sert à rien de le nier ; Joanna me l’a dit. Mais venez, chevalier, chasseur de lions, regardez-moi… suis-je si vilaine… allons !

    Et ses yeux brillaient.

    – Vous êtes un peu petite, vraiment… commença Dick.

    Et elle l’interrompit de nouveau, cette fois d’un sonore éclat de rire, qui acheva sa confusion.

    – Petite ! cria-t-elle. Eh bien, maintenant, soyez aussi honnête que brave ; je suis une naine ou un peu mieux ; mais malgré cela… voyons, dites-moi !… malgré cela assez jolie à regarder ; n’est-ce pas ?

    – Oui, Madame, extrêmement jolie, dit le chevalier en détresse, faisant de pitoyables efforts pour paraître

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