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    2. La Flèche noire
    3. Chapitre 14
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    À sa direction Dick jugea qu’il conduisait plus ou moins directement à Moat-House.

    Sur ce sentier, sortant de la lisière du bois, une forme blanche apparut. Elle s’arrêta un instant et sembla regarder autour d’elle, puis, à pas lents, courbée presque en deux, elle s’avança sur la bruyère ; à chaque pas la cloche sonnait. Pas de tête, un capuchon blanc qui n’était même pas percé de trous pour les yeux voilait la face ; et à mesure que cette forme avançait, elle semblait tâtonner et chercher son chemin en frappant le sol avec un bâton. Une peur saisit les garçons, froide comme la mort.

    – Un lépreux ! dit Dick d’une voix rauque.

    – Son attouchement est la mort, dit Matcham, sauvons-nous.

    – Non pas, répliqua Dick. Ne voyez-vous pas qu’il est aveugle ? Il se guide avec un bâton. Restons tranquilles, le vent souffle vers le sentier, il passera et ne nous fera pas de mal. Hélas ! pauvre malheureux, nous devrions plutôt le plaindre !

    – Je le plaindrai quand il sera loin, répliqua Matcham.

    Le lépreux aveugle était maintenant à mi-chemin vers eux, et, à ce moment, le soleil se leva et brilla en plein sur sa face voilée. Il avait été grand avant que la dégoûtante maladie l’eût courbé et même il marchait encore d’un pas vigoureux. Le lugubre battement de sa cloche, le tâtonnement de son bâton, l’étoffe couvrant sa face et la certitude qu’il était non seulement voué à la mort et à la souffrance, mais séparé pour toujours de l’approche de ses semblables, remplissait l’âme des jeunes gens d’épouvante, et à chaque pas qui le rapprochait d’eux leur courage et leur force semblaient les abandonner.

    Lorsqu’il arriva à peu près en face du creux, il s’arrêta et tourna sa figure droit vers eux.

    – Marie me protège ! il nous voit, dit Matcham d’une voix éteinte.

    – Chut ! murmura Dick, il ne peut qu’écouter. Il est aveugle, idiot !

    Le lépreux, regarda ou écouta, peu importe, pendant quelques secondes. Puis il se remit en marche, mais bientôt, s’arrêta de nouveau, se retourna et sembla regarder les jeunes gens. Dick lui-même devint blanc comme un mort et ferma les yeux comme si un simple coup d’œil eût pu lui communiquer l’infection. Mais bientôt la clochette sonna et, cette fois sans plus d’hésitation, le lépreux traversa le bout de la petite bruyère et disparut sous le couvert du bois.

    – Il nous a vus, dit Matcham, j’en jurerais.

    – Bah ! répliqua Dick, retrouvant un peu de courage. Il n’a pu que nous entendre. Il avait peur, le pauvre ! Si vous étiez aveugle et marchiez dans une nuit perpétuelle, vous trembleriez, rien qu’à entendre craquer une branche ou chanter un oiseau.

    – Dick, mon bon Dick, il nous a vus, répéta Matcham. Quand un homme écoute, il ne fait pas comme celui-ci ; il fait autrement, Dick. C’était voir, ce n’était pas entendre. Il a de mauvaises intentions. Écoutez si sa clochette n’est pas arrêtée.

    C’était vrai. La clochette ne sonnait plus.

    – Oh ! dit Dick, je n’aime pas cela, non, cela ne me plaît pas. Qu’est-ce que cela veut dire ? Allons-nous-en, par la messe !

    – Il est allé vers l’est, ajouta Matcham. Mon bon Dick, allons droit vers l’ouest. Je ne pourrai plus respirer tant que je n’aurai pas tourné le dos à ce lépreux.

    – Jack, vous êtes trop peureux, répliqua Dick. Nous irons droit sur Holywood ou, du moins, tout aussi droit que je puis vous guider, et c’est vers le nord.

    Ils furent sur pied de suite, passèrent le ruisseau sur quelques pierres et commencèrent à gravir l’autre côté qui était plus escarpé, se dirigeant vers l’orée du bois. Le terrain devenait très inégal, plein de trous et de monticules ; les arbres poussaient, ici dispersés et là par bouquets ; il était de plus en plus difficile de suivre une direction et les jeunes gens allaient un peu au hasard. De plus, ils étaient épuisés par les fatigues de la veille et le manque de nourriture, ils avançaient lourdement et traînaient les jambes sur le sable.

    Bientôt, en arrivant sur le haut d’un monticule, ils aperçurent à quelques centaines de mètres devant eux le lépreux, qui traversait leur ligne dans un creux. Sa cloche était silencieuse, son bâton ne frappait plus le sol et il allait devant lui du pas vif et assuré d’un homme qui voit. Un moment après il avait disparu dans un petit fourré.

    À sa vue les jeunes gens s’étaient jetés derrière une touffe de genêts, ils restaient là, frappés d’horreur.

    – Certainement il nous poursuit, dit Dick… C’est sûr. Il tenait le battant de sa cloche, avez-vous vu ? pour qu’il ne sonne pas. À présent, que les saints nous protègent ! et nous conduisent, car je n’ai pas de force pour combattre la lèpre.

    – Que fait-il ? s’écria Matcham, que veut-il ? A-t-on jamais vu ? un lépreux qui, par pure méchanceté, poursuit des malheureux ? N’a-t-il pas sa cloche justement pour que les gens puissent l’éviter ? Dick, il y a autre chose là-dessous.

    – Non, cela m’est égal, grogna Dick, je n’ai plus de force, mes jambes fléchissent. Que les saints m’assistent.

    – Allez-vous rester là à ne rien faire ? cria Matcham. Retournons dans la clairière. Ce sera plus sûr ; il ne pourra nous approcher par surprise !

    – Pas moi, dit Dick, mon temps est venu ; et il peut passer près de nous.

    – Bandez votre arc, au moins ! cria l’autre. Quoi ! êtes-vous un homme ?

    Dick se signa.

    – Voulez-vous que je tire sur un lépreux ? dit-il. La main me manquerait. À présent, laissez faire ! Avec des hommes sains je combattrai, mais non avec des revenants et des lépreux. Qu’est celui-ci, je ne sais. Qu’il soit ce qu’il voudra, et le ciel nous protège !

    – Et bien, dit Matcham, si c’est cela le courage de l’homme, quelle pauvre chose que l’homme ! Mais puisque vous ne voulez rien faire, cachons-nous.

    Un unique tintement de cloche, brusque, se fit entendre.

    – Il a lâché le battant, murmura Matcham. Grands saints ! comme il est près !

    Mais Dick ne répondit pas un mot, ses dents claquaient presque.

    Bientôt ils aperçurent un morceau de la robe blanche entre les broussailles, puis la tête du lépreux avança derrière un tronc d’arbre et sembla sonder minutieusement les environs avant de se retirer.

    À leurs sens surexcités, le buisson paraissait tout vivant de frémissements et des craquements de branches mortes ; et ils entendaient mutuellement battre leurs cœurs.

    Soudain, avec un cri, le lépreux se précipita dans la clairière et courut droit sur les jeunes gens. Ils se séparèrent en hurlant et se mirent à courir de côtés différents. Mais leur horrible ennemi s’attacha à Matcham, courut vivement sur lui et le fit presque aussitôt prisonnier. Le garçon poussa un cri que l’écho répéta au loin dans la forêt, il eut comme un spasme de résistance, puis tous ses membres se détendirent et il tomba inanimé dans les bras de son vainqueur.

    Dick entendit le cri et se retourna. Il vit tomber Matcham, et à l’instant sa force et son courage lui revinrent. Avec un cri de pitié et de colère il détacha et banda son arbalète. Mais avant qu’il eût le temps de tirer, le lépreux leva la main :

    – Ne tirez pas, Dick ! cria une voix familière. Ne tirez pas, mauvais plaisant ! ne reconnaissez-vous pas un ami ?

    Et couchant Matcham sur le gazon, il défit le capuchon qui lui couvrait la figure et montra les traits de Sir Daniel Brackley.

    – Sir Daniel ! s’écria Dick.

    – Oui, par la messe, Sir Daniel ! répliqua le chevalier. Voulez-vous tirer sur votre tuteur, coquin ? Mais voici ce… Et il s’interrompit, et montrant Matcham, demanda… Comment l’appelez-vous, Dick ?

    – Eh, dit Dick, je l’appelle maître Matcham. Ne le connaissez-vous pas ? Il disait que vous le connaissiez !

    – Oui, répliqua Sir Daniel, je connais ce garçon ; et il ricana. Mais il s’est évanoui, et, par ma foi, il aurait pu se trouver mal à moins. Hé ! Dick ? Vous ai-je fait une mortelle peur !

    – Oui, vraiment, Sir Daniel, dit Dick en soupirant rien qu’à ce souvenir. Ah ! Monsieur, sauf votre respect, j’aurais autant aimé rencontrer le diable en personne ; et, pour dire la vérité, j’en suis encore tout tremblant. Mais que faisiez-vous sous un tel déguisement ?

    La colère assombrit soudain le front de Sir Daniel.

    – Ce que je faisais ? dit-il. Vous faites bien de me le rappeler ! Quoi ? Je me cachais pour sauver ma pauvre vie dans mon propre bois de Tunstall, Dick. Nous avons été malheureux à la bataille, nous sommes juste arrivés pour être balayés dans la déroute. Où sont tous nos braves gens d’armes ? Par la messe, Dick, je n’en sais rien ! Nous avons été balayés, les coups tombaient drus sur nous ; je n’ai pas vu un homme portant mes couleurs depuis que j’en ai vu tomber trois. Quant à moi, je suis arrivé sain et sauf à Shoreby, et me méfiant de la Flèche-Noire, je me suis procuré cette robe et cette cloche, et suis venu doucement sur le chemin de Moat-House. Il n’y a pas de déguisement comparable à celui-ci ; le tintement de cette cloche ferait fuir le plus solide outlaw de la forêt ; ils deviendraient tous pâles rien qu’à l’entendre. Enfin j’arrivai près de vous et de Matcham. Je ne pouvais voir que très mal à travers ce capuchon et n’étais pas sûr que ce fût vous, étonné surtout, pour bien des raisons, de vous trouver ensemble. De plus, dans la clairière, où il me fallait

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