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    2. La Flèche noire
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    Robert-Louis Stevenson

    LA FLÈCHE NOIRE

    1883

    Traduit de l’anglais par E. La Chesnais

    PROLOGUE

    JEAN PRÉPARE-TOUT

    Certaine après-midi, vers la fin du printemps, on entendit la cloche de Moat-House, à Tunstall, sonner à une heure inaccoutumée. Au loin et auprès, dans la forêt et dans les champs, le long de la rivière, les gens, quittant leurs travaux, se hâtèrent vers le son, et, dans le hameau de Tunstall, un groupe de pauvres paysans était étonné de l’appel.

    Le hameau de Tunstall à cette époque, sous le règne de Henri VI, avait à peu près la même apparence qu’aujourd’hui. Une vingtaine de maisons environ, lourdement charpentées de chêne, étaient disséminées dans une longue vallée verdoyante, étagées au-dessus de la rivière. Au pied, la route traversait un pont, et montant de l’autre côté, disparaissait à la limite de la forêt dans la direction de Moat-House, et, plus loin, de l’abbaye de Holywood. À mi-chemin dans le village se trouvait l’église, entourée d’ifs. De chaque côté, les talus étaient couronnés, et la vue bornée par les ormes verts et les chênes sombres de la forêt.

    Tout près du pont, il y avait une croix de pierre sur un monticule, et c’est là que le groupe s’était réuni – une demi-douzaine de femmes et un grand garçon vêtu d’une blouse rougeâtre – se demandant ce qu’annonçait la cloche. Une demi-heure avant, un messager avait traversé le village et bu un pot de bière sans descendre de cheval, tant son message était urgent ; mais il ignorait lui-même ce qui se passait, et simplement portait des lettres scellées de Sir Daniel Brackley à Sir Olivier Oates, le prêtre qui gardait Moat-House pendant l’absence du maître.

    Mais voici maintenant de nouveau le bruit d’un cheval, et bientôt, sortant de la lisière du bois, et faisant résonner le pont, galopait maître Richard Shelton, le pupille de Sir Daniel. Lui, au moins, saurait quelque chose, et ils l’interpellèrent et lui demandèrent des explications. Il s’arrêta volontiers. C’était un jeune garçon de près de dix-huit ans, bruni par le soleil, aux yeux gris, vêtu d’une jaquette de peau de daim avec un col de velours noir, une toque verte sur la tête, et un arc d’acier sur le dos. Le messager, semblait-il, avait apporté de grandes nouvelles ; une bataille était imminente ; Sir Daniel avait envoyé l’ordre que tout homme capable de tirer de l’arc ou de porter une hache se rendît en toute hâte à Kettley, sous peine de lui déplaire gravement ; mais, quant à savoir pour qui ou pour quoi on se battait, Dick n’en savait rien. Sir Olivier devait venir bientôt et Bennet Hatch s’armait en ce moment même, car c’était lui qui devait conduire la troupe.

    – C’est la ruine de ce bon pays, dit une femme. Si les barons vivent en guerre, les laboureurs vont manger des racines.

    – Non, dit Dick, tous ceux qui suivront recevront douze sols par jour, et les archers vingt-quatre.

    – S’ils vivent, ça pourra aller, répliqua la femme. Mais s’ils meurent, mon maître ?

    – Ils ne peuvent mieux mourir que pour leur seigneur naturel, dit Dick.

    – Il n’est pas mon seigneur naturel, dit l’homme à la blouse ; j’ai suivi les Walsinghams, comme nous l’avons tous fait, là-bas, au chemin de Brierley, jusqu’il y aura deux ans, vienne la Chandeleur. Et maintenant il faut que je sois du côté de Brackley. C’est la loi qui a fait cela. Appelez-vous ça naturel ? moi à présent, avec Sir Daniel et Sir Olivier – qui s’y connaît mieux en lois qu’en honnêteté – je n’ai pas d’autre seigneur naturel que le pauvre-roi Henri VI, que Dieu bénisse ! – le pauvre malheureux qui ne reconnaît pas sa main droite de sa gauche.

    – Voilà de vilaines paroles, l’ami, répondit Dick, vous calomniez à la fois votre bon maître et le Seigneur mon roi ; mais le roi Henri, – loués soient les saints ! – a retrouvé la raison et fera tout rentrer paisiblement dans l’ordre. Quant à Sir Daniel, vous êtes très brave derrière son dos. Mais je ne suis pas un rapporteur ; assez là-dessus.

    – Je ne dis pas de mal de vous, maître Richard, répliqua le paysan. Vous êtes jeune ; mais, quand vous aurez l’âge d’homme, vous trouverez votre poche vide. Je n’en dis pas davantage. Que les saints viennent en aide aux voisins de Sir Daniel, et que la bonne Vierge protège ses pupilles !

    – Clipsby, dit Richard, l’honneur me défend d’écouter ce que vous dites là. Sir Daniel est mon bon maître et mon tuteur.

    – Eh bien ! voyons, voulez-vous me deviner une énigme ? répliqua Clipsby ; de quel parti est Sir Daniel ?

    – Je ne sais, dit Richard en rougissant un peu ; car son tuteur avait continuellement changé de parti dans les troubles de cette époque, et chaque changement lui avait procuré quelque accroissement de fortune.

    – Hé, répliqua Clipsby, ni vous ni personne ; car, en vérité, il est de ceux qui vont se coucher Lancastre et se lèvent York.

    À ce moment le pont résonna sous les fers d’un cheval ; on se retourna, et l’on vit arriver Bennet Hatch au galop. C’était un personnage à la face bronzée, grisonnant, la main lourde et l’aspect farouche, armé de l’épée et de la lance, une salade d’acier sur la tête, une jaque de cuir sur le corps. C’était un homme important dans le pays, la main droite de Sir Daniel en paix comme en guerre, et, pour le moment, par le crédit de son maître, bailli du district.

    – Clipsby, cria-t-il, vite à Moat-House, et envoie tous les traînards par le même chemin. Bowyer vous donnera des jaques et des salades. Il faut être partis avant le couvre-feu. Celui qui sera le dernier à la porte aura affaire à Sir Daniel. Faites-y bien attention. Je sais que tu es un propre à rien. Nancy, ajouta-t-il en s’adressant à une des femmes, le vieil Appleyard est-il en haut de la ville ?

    – Vous pouvez y compter, répliqua la femme ; dans son champ, pour sûr.

    Puis le groupe se dispersa, et, tandis que Clipsby traversait tranquillement le pont, Bennet et le jeune Shelton suivirent ensemble la route à travers le village, jusqu’au delà de l’église.

    – Vous allez voir le vieux sournois, dit Bennet ; il va perdre plus de temps à grommeler et à bavarder sur Henri V qu’il n’en faudrait pour ferrer un cheval, et cela parce qu’il a été aux guerres de France.

    La maison où ils se rendaient était la dernière du village. Elle était isolée, entourée de lilas, et, au delà, sur trois côtés, il y avait un champ ouvert, montant vers la limite du bois.

    Hatch sauta de cheval, jeta les rênes par-dessus la palissade, et descendit dans le champ, Dick se tenant à son côté, vers l’endroit où le vieux soldat, piochait, enfoncé jusqu’aux genoux dans ses choux, et, de temps en temps, d’une voix éraillée, chantait quelque bribe de chanson. Il était complètement habillé de cuir, sauf son chaperon et sa palatine, qui était d’étoffe noire et attachée avec un lacet écarlate. Sa figure ressemblait à une coquille de noix, tant elle était brunie et ridée, mais ses vieux yeux gris étaient encore clairs et sa vue excellente. Peut-être il était sourd, peut-être il trouvait au-dessous de la dignité d’un vieil archer d’Azincourt de prêter quelque attention à ce qui se passait ; mais, ni le son maussade de la cloche d’alarme, ni l’approche de Bennet et du jeune homme ne parurent l’émouvoir, et il continuait à piocher obstinément, et son mince filet de voix chevrotait :

    Chère Dame, je vous prie,

    Veuillez me prendre en pitié.

    – Nick Appleyard, dit Hatch, Sir Olivier se rappelle à votre souvenir et ordonne que vous vous rendiez sur l’heure à Moat-House pour y prendre le commandement.

    Le vieillard leva la tête.

    – Salut, mes maîtres, dit-il en ricanant, et où va maître Hatch ?

    – Maître Hatch part pour Kettley, avec tous les hommes à qui nous pouvons fournir un cheval, répliqua Bennet. Il paraît qu’il va y avoir un combat ; Monseigneur attend du renfort.

    – Oui vraiment, répliqua Appleyard, et qu’est-ce que vous laissez comme garnison là-bas ?

    – Je vous laisse six gaillards, et Sir Olivier par-dessus le marché, répondit Hatch.

    – Je ne tiendrai pas la place, dit Appleyard. Ça ne suffit pas. Il m’en faudrait une quarantaine pour bien faire.

    – Parbleu, c’est pour cela que nous venons vous chercher, vieux ronchonneur, répliqua Hatch. Quel autre que vous serait capable de rien faire dans une telle maison, et avec une pareille garnison ?

    – Oui-dà, quand votre pied vous blesse, vous vous souvenez du vieux soulier, répliqua Nick. Il n’y a pas parmi vous un homme capable de monter à cheval ou de tenir une hache. Quant à tirer de l’arc, par saint Michel, si le vieil Henri V revenait, il se mettrait au but et vous laisserait tirer sur lui à un denier le coup.

    – Mais si, Nick, il y en a encore qui savent tendre l’arc, dit Bennet.

    – Bien tendre l’arc, s’écria Appleyard, oui ; mais qui me tirera un beau coup ? Pour ça, il faut l’œil et une bonne tête sur les épaules. Et puis, qu’est-ce que vous appelez tirer loin, Bennet Hatch ?

    – Eh bien, dit Bennet en regardant autour de lui, ce serait assez loin d’ici jusqu’à la forêt.

    – Oui, ce serait assez loin, dit le vieux, regardant par-dessus son épaule, et il mit la main au-dessus de ses yeux pour mieux voir.

    – Eh bien, qu’est-ce que vous regardez, demanda Bennet en ricanant ; voyez-vous Henri V ?

    Le vétéran continua à regarder la colline en silence. Le soleil brillait, éclatant, sur les prairies

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