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    3. Chapitre 33
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    fidèle catholique romain !

    Il eut un geste circulaire pour comprendre la compagnie.

    – Nous allons tous, tant que nous sommes, faire une retraite et confesser nos péchés. Et Dieu sait que nous en avons besoin !

    – Je n’y vois pas d’inconvénient, dit M. Kernan avec un sourire un peu inquiet.

    Mme Kernan pensa qu’il serait plus sage de dissimuler sa satisfaction. Elle dit donc :

    – Je plains le pauvre prêtre qui aura à entendre votre histoire.

    M. Kernan changea de visage :

    – Si ça ne lui plaît pas, fit-il sèchement, il peut aller se faire… Je lui raconterai mes petites histoires, je ne suis pas un mauvais garçon, après tout.

    M. Cunningham se hâta d’intervenir.

    – Nous allons renier le diable tous ensemble, sans oublier ses œuvres et ses pompes.

    – Vade retro me, Satanas, dit M. Fogarty en riant et regardant les autres.

    M. Power ne dit rien. Il se sentait complètement dépassé, mais une impression de satisfaction papillota sur son visage.

    – Nous n’aurons rien à faire qu’à nous tenir debout, cierges allumés en main et à renouveler nos vœux baptismaux.

    – Oh ! surtout n’oubliez pas les cierges. Tom, dit M. M’Coy.

    – Quoi ? dit M. Kernan, il me faut un cierge ?

    – Mais oui, dit M. Cunningham.

    – Non, allez à tous les diables, dit M. Kernan non sans bon sens ; là je m’arrête. Je m’acquitterai assez bien du reste : retraite… confession, etc. Mais des cierges, non, sacré nom de Dieu, pas de cierge.

    Il remua la tête avec une gravité comique.

    – Écoutez-moi ça, dit sa femme.

    – Je supprime les cierges, dit M. Kernan conscient d’avoir fait son effet sur l’assistance et continuant à remuer la tête, je supprime ce genre de lanterne magique.

    Tout le monde rit de bon cœur.

    – Voilà un bon catholique, dit la femme.

    – Pas de cierge, répéta M. Kernan, j’ai dit.

    Le transept de l’église des jésuites dans Gardiner Street était presque plein ; et cependant des messieurs entraient à tous moments par la porte latérale ; guidés par un frère lai, ils marchaient sur la pointe des pieds le long des bas-côtés jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé des places. Les hommes étaient tous bien mis et soignés. Les lampes de l’église versaient leur lumière sur une masse de drap noir et de cols blancs, contre laquelle se détachaient çà et là des costumes de tweed ; la versaient également sur des colonnes de marbre vert tacheté de noir et sur des toiles blafardes. Les messieurs, ayant remonté leur pantalon et mis leur chapeau à l’abri, demeuraient assis, se tenant bien droits et contemplant au loin avec un air de cérémonie le point rouge lumineux suspendu devant le grand autel. Sur un des bancs, près de la chaire, se trouvaient M. Cunningham et M. Kernan. Sur un banc derrière eux, M. M’Coy, tout seul et, derrière lui encore, M. Power et M. Fogarty. M. M’Coy avait en vain essayé de se faire une place parmi les autres, et lorsque la bande se fut installée en forme de quinconce, il avait essayé non moins vainement de placer quelque plaisanterie. Celle-ci n’ayant point reçu bon accueil, il s’abstint. Même lui était sensible à la pompe de l’atmosphère et commençait à répondre à cet appel religieux. À voix basse, M. Cunningham attira l’attention de M. Kernan sur M. Harford, le prêteur sur gages, assis à quelques pas de là, et sur M. Fanning, conseiller municipal, assis juste en dessous de la chaire, à côté d’un des conseillers nouvellement élus. À droite, il y avait le vieux Michel Grimes, le propriétaire de trois boutiques de prêts sur gages et le neveu de Dao Hogan qui était candidat au poste de Town Clerk. Plus loin, aux premiers rangs, étaient assis M. Hendrick, le reporter en chef du Freeman’s Journal, et le pauvre vieux O’Carroll, un vieil ami de M. Kernan, qui à un moment donné avait été une figure considérable dans le commerce. À mesure qu’il retrouvait des visages familiers, M. Kernan se sentait plus à l’aise. Son chapeau remis à neuf par sa femme reposait sur ses genoux. Une ou deux fois, il tira ses manchettes d’une main, tandis que de l’autre il soulevait le bord de son chapeau.

    Une figure puissante, le buste drapé d’un surplis blanc, s’apercevait faisant effort pour monter en chaire. Aussitôt il se fit un mouvement dans l’assemblée qui exhiba des mouchoirs et s’agenouilla dessus avec précaution. M. Kernan suivit l’exemple donné. En chaire, la silhouette du prêtre dressait les deux tiers de sa charpente, couronnée par une face massive et rubiconde, visible au-dessus de la balustrade.

    Le père Purdon s’agenouilla et se couvrit la figure de ses mains pour prier. Après un moment, il se leva, le visage découvert. L’assemblée se releva également et se réinstalla sur les bancs. M. Kernan rendit à son chapeau sa position primitive sur son genou et tourna vers le prédicateur une figure attentive. Le prédicateur, d’un large geste étudié, retroussa les manches amples de son surplis et promena lentement son regard sur les rangées de visages. Puis il dit :

    « Car les enfants du siècle sont plus habiles dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière. Et moi, ajouta Jésus, je vous dis aussi : Employez les richesses d’iniquité à vous gagner des amis, afin que, quand vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les demeures éternelles. »

    Le père Purdon développa le texte avec une assurance sonore. De toute l’Écriture, disait-il, ce texte était un des plus difficiles à interpréter comme il faut. Pour l’observateur superficiel, ce texte pouvait sembler en désaccord avec la moralité élevée que prêchait ailleurs Jésus-Christ. Mais il déclara que le texte lui avait paru spécialement indiqué pour la gouverne de ceux à qui incombait le devoir de mener une existence mondaine et qui, cependant, ne voulaient pas mener cette existence à la façon des mondains. C’était un texte destiné aux hommes d’affaires et à ceux engagés dans la carrière libérale. Jésus-Christ, avec sa divine compréhension de tous les recoins de la nature humaine, savait que tous les hommes n’étaient point appelés à la vie religieuse, que la plus grande majorité était forcée de vivre dans le monde et jusqu’à un certain point pour le monde : et par ce verset il se proposait de leur donner un conseil en leur montrant comme modèle de la vie religieuse ces mêmes adorateurs de Mammon qui, de tous les hommes, étaient les moins préoccupés de questions religieuses.

    Il dit à ses auditeurs qu’il n’était point venu ce soir dans un but extravagant ni terrifiant, mais comme un homme du monde qui parlerait à ses pairs. Il venait s’adresser à des hommes d’affaires et il leur parlerait avec le langage qui avait cours dans les affaires, et s’il osait leur passer cette métaphore, dit-il, comme leur comptable spirituel : il demandait à chacun de ses auditeurs d’ouvrir leurs livres, les livres de leur vie spirituelle et de voir s’ils correspondaient fidèlement avec leur conscience.

    Jésus-Christ n’était point exigeant. Il comprenait nos petites défaillances, les faiblesses de notre misérable nature de pécheur, les tentations de ce monde. Nous avons tous pu avoir, nous avons eu de temps à autre des tentations : nous pourrions tous avoir, nous avons nos défaillances. Il ne demandait, disait-il, qu’une seule chose à ses auditeurs et c’était d’être franc et loyal devant Dieu. Si tous les comptes se balançaient exactement, de dire :

    – Eh bien, j’ai vérifié mes comptes. Ils sont en règle.

    Mais si, au contraire, comme cela se pouvait, il se trouvait que les comptes ne s’équilibraient pas, d’admettre la vérité, d’être franc et de dire bravement :

    – J’ai vérifié mes comptes, je trouve des erreurs ici et là. Mais de par la grâce de Dieu, je rectifierai ceci et cela, je régulariserai mes comptes.

    LES MORTS

    Lily, la fille du concierge, n’en pouvait plus à force de courir. À peine avait-elle fait passer un invité dans l’office exigu derrière le bureau du rez-de-chaussée, aidé à ôter son pardessus, que la sonnette poussive de la porte d’entrée résonnait de nouveau et qu’il lui fallait galoper le long du corridor vide pour introduire un nouvel arrivant. Encore heureux qu’elle n’eût pas aussi à s’occuper des dames. Mais Miss Kate et Miss Julia, ayant pensé à cela, avaient converti en haut la salle de bains en un vestiaire pour dames. Miss Kate et Miss Julia s’y tenaient, qui potinaient et riaient, faisant mille embarras, se pourchassant jusqu’au sommet de l’escalier, et, plongeant du regard par-dessus la rampe, criaient à Lily de leur dire qui était venu.

    C’était toujours une grande affaire que le bal annuel des demoiselles Morkan. Toutes les personnes qu’elles connaissaient y allaient, la famille, les vieux amis, les choristes de Julia, celles des élèves de Kate en âge d’être invitées, et quelques élèves de Mary Jane. Jamais ce bal n’avait été un four. Du plus loin qu’on s’en souvînt, il avait toujours brillamment réussi, depuis l’époque où Kate et Julia, après la mort de leur frère Pat, avaient quitté leur maison de Stoney Batter et recueilli Mary Jane, leur nièce unique, pour qu’elle vive avec elles dans la sombre et haute habitation de Usher Island, dont la partie supérieure leur était louée par M. Fulham, courtier en grains, qui vivait au rez-de-chaussée. De cela il y avait maintenant une bonne trentaine d’années. Mary Jane, alors une petite fille en jupes courtes, se trouvait, aujourd’hui, le principal soutien de la famille ; elle tenait l’orgue de Haddington Road. Elle avait passé par le Conservatoire et donnait chaque année une audition de ses élèves au premier étage de la salle des Concerts d’Antiennes. Nombre de ses élèves appartenaient à des familles de

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