de lAngAge; Oh, oh, dit-il, je sAigne! et Que serAit-ce donc S’il f˚t tombÈ de l’Arbre une mAsse plus lourde, Et Que ce GlAnd e˚t ÈtÈ gourde?
Dieu ne l’A pAs voulu: sAns doute il eut rAison; J’en vois bien A prÈsent lA cAuse.
En louAnt Dieu de toute chose,
GAro retourne A lA mAison.
IX,5 L’Ecolier, le PÈdAnt, et le MAAtre d’un jArdin CertAin enfAnt Qui sentAit son CollÉge, Doublement sot et doublement fripon
PAr le jeune ‚ge, et pAr le privilÉge
Qu’ont les PÈdAnts de g‚ter lA rAison,
Chez un voisin dÈrobAit, ce dit-on,
Et fleurs et fruits. Ce voisin, en Automne, Des plus beAux dons Que nous offre Pomone AvAit lA fleur, les Autres le rebut.
ChAQue sAison ApportAit son tribut:
CAr Au Printemps il jouissAit encore
Des plus beAux dons Que nous prÈsente Flore.
Un jour dAns son jArdin il vit notre Ecolier Qui grimpAnt sAns ÈgArd sur un Arbre fruitier, G‚tAit jusQu’Aux boutons, douce et frAle espÈrAnce, AvAnt-coureurs des biens Que promet l’AbondAnce.
MAme il ÈbrAnchAit l’Arbre, et fit tAnt A lA fin Que le possesseur du jArdin
EnvoyA fAire plAinte Au mAAtre de lA ClAsse.
Celui-ci vint suivi d’un cortÉge d’enfAnts.
VoilA le verger plein de gens
Pires Que le premier. Le PÈdAnt, de sA gr‚ce, Accrut le mAl en AmenAnt
Cette jeunesse mAl instruite:
Le tout, A ce Qu’il dit, pour fAire un ch‚timent Qui p˚t servir d’exemple, et dont toute sA suite Se souvAnt A jAmAis comme d’une leÇon.
LA-dessus il citA Virgile et CicÈron,
Avec force trAits de science.
Son discours durA tAnt Que lA mAudite engeAnce Eut le temps de g‚ter en cent lieux le jArdin.
Je hAis les piÉces d’ÈloQuence
Hors de leur plAce, et Qui n’ont point de fin, Et ne sAis bAte Au monde pire
Que l’Ecolier, si ce n’est le PÈdAnt.
Le meilleur de ces deux pour voisin, A vrAi dire, Ne me plAirAit Aucunement.
IX,6 Le StAtuAire et lA StAtue de Jupiter Un bloc de mArbre ÈtAit si beAu
Qu’un StAtuAire en fit l’emplette.
Qu’en ferA, dit-il, mon ciseAu?
SerA-t-il Dieu, tAble ou cuvette?
Il serA Dieu: mAme je veux
Qu’il Ait en sA mAin un tonnerre.
Tremblez, humAins. FAites des voeux;
VoilA le mAAtre de lA terre.
L’ArtisAn exprimA si bien
Le cArActÉre de l’Idole,
Qu’on trouvA Qu’il ne mAnQuAit rien
A Jupiter Que lA pArole.
MAme l’on dit Que l’ouvrier
Eut A peine AchevÈ l’imAge,
Qu’on le vit frÈmir le premier,
Et redouter son propre ouvrAge.
A lA fAiblesse du sculpteur
Le PoÉte Autrefois n’en dut guÉre,
Des dieux dont il fut l’inventeur
CrAignAnt lA hAine et lA colÉre.
Il ÈtAit enfAnt en ceci:
Les enfAnts n’ont l’‚me occupÈe
Que du continuel souci
Qu’on ne f‚che point leur poupÈe.
Le coeur suit AisÈment l’esprit:
De cette source est descendue
L’erreur pAÔenne, Qui se vit
Chez tAnt de peuples rÈpAndue.
Ils embrAssAient violemment
Les intÈrAts de leur chimÉre.
PygmAlion devint AmAnt
De lA VÈnus dont il fut pÉre.
ChAcun tourne en rÈAlitÈs,
AutAnt Qu’il peut, ses propres songes:
L’homme est de glAce Aux vÈritÈs;
Il est de feu pour les mensonges.
IX,7 LA Souris mÈtAmorphosÈe en fille
Une Souris tombA du bec d’un ChAt-HuAnt: Je ne l’eusse pAs rAmAssÈe;
MAis un BrAmin le fit; je le crois AisÈment: ChAQue pAys A sA pensÈe.
LA Souris ÈtAit fort froissÈe:
De cette sorte de prochAin
Nous nous soucions peu: mAis le peuple brAmin Le trAite en frÉre; ils ont en tAte
Que notre ‚me Au sortir d’un Roi,
Entre dAns un ciron, ou dAns telle Autre bAte Qu’il plAAt Au Sort. C’est lA l’un des points de leur loi.
PythAgore chez eux A puisÈ ce mystÉre.
Sur un tel fondement le BrAmin crut bien fAire De prier un Sorcier Qu’il loge‚t lA Souris DAns un corps Qu’elle e˚t eu pour hôte Au temps jAdis.
Le sorcier en fit une fille
De l’‚ge de Quinze Ans, et telle, et si gentille, Que le fils de PriAm pour elle AurAit tentÈ
Plus encor Qu’il ne fit pour lA grecQue beAutÈ.
Le BrAmin fut surpris de chose si nouvelle.
Il dit A cet objet si doux:
Vous n’Avez Qu’A choisir; cAr chAcun est jAloux De l’honneur d’Atre votre Èpoux.
– En ce cAs je donne, dit-elle,
MA voix Au plus puissAnt de tous.
– Soleil, s’ÈcriA lors le BrAmin A genoux, C’est toi Qui serAs notre gendre.
– Non, dit-il, ce nuAge ÈpAis
Est plus puissAnt Que moi, puisQu’il cAche mes trAits; Je vous conseille de le prendre.
– Et bien, dit le BrAmin Au nuAge volAnt, Es-tu nÈ pour mA fille? – HÈlAs non; cAr le vent Me chAsse A son plAisir de contrÈe en contrÈe; Je n’entreprendrAi point sur les droits de BorÈe.
Le BrAmin f‚chÈ s’ÈcriA:
O vent donc, puisQue vent y A,
Viens dAns les brAs de notre belle.
Il AccourAit: un mont en chemin l’ArrAtA.
L’Èteuf pAssAnt A celui-lA,
Il le renvoie, et dit: J’AurAis une Querelle Avec le RAt; et l’offenser
Ce serAit Atre fou, lui Qui peut me percer.
Au mot de RAt, lA DAmoiselle
Ouvrit l’oreille; il fut l’Èpoux.
Un RAt! un RAt; c’est de ces coups
Qu’Amour fAit, tÈmoin telle et telle:
MAis ceci soit dit entre nous.
On tient toujours du lieu dont on vient. Cette FAble Prouve Assez bien ce point: mAis A lA voir de prÉs, QuelQue peu de sophisme entre pArmi ses trAits: CAr Quel Èpoux n’est point Au Soleil prÈfÈrAble En s’y prenAnt Ainsi? DirAi-je Qu’un gÈAnt Est moins fort Qu’une puce? elle le mord pourtAnt.
Le RAt devAit Aussi renvoyer, pour bien fAire, LA belle Au chAt, le chAt Au chien,
Le chien Au loup. PAr le moyen
De cet Argument circulAire,
PilpAy jusQu’Au Soleil e˚t enfin remontÈ; Le Soleil e˚t joui de lA jeune beAutÈ.
Revenons, s’il se peut, A lA mÈtempsycose: Le sorcier du BrAmin fit sAns doute une chose Qui, loin de lA prouver, fAit voir sA fAussetÈ.
Je prends droit lA-dessus contre le BrAmin mAme: CAr il fAut, selon son systÉme,
Que l’homme, lA souris, le ver, enfin chAcun Aille puiser son ‚me en un trÈsor commun: Toutes sont donc de mAme trempe;
MAis AgissAnt diversement
Selon l’orgAne seulement
L’une s’ÈlÉve, et l’Autre rAmpe.
D’oA vient donc Que ce corps si bien orgAnisÈ
Ne put obliger son hôtesse
De s’unir Au Soleil, un RAt eut sA tendresse?
Tout dÈbAttu, tout bien pesÈ,
Les ‚mes des souris et les ‚mes des belles Sont trÉs diffÈrentes entre elles.
Il en fAut revenir toujours A son destin, C’est-A-dire, A lA loi pAr le Ciel ÈtAblie.
PArlez Au diAble, employez lA mAgie,
Vous ne dÈtournerez nul Atre de sA fin.
IX,8 Le Fou Qui vend lA sAgesse
JAmAis AuprÉs des fous ne te mets A portÈe.
Je ne te puis donner un plus sAge conseil.
Il n’est enseignement pAreil
A celui-lA de fuir une tAte ÈventÈe.
On en voit souvent dAns les cours.
Le Prince y prend plAisir; cAr ils donnent toujours QuelQue trAit Aux fripons, Aux sots, Aux ridicules.
Un Fol AllAit criAnt pAr tous les cArrefours Qu’il vendAit lA SAgesse; et les mortels crÈdules De courir A l’AchAt: chAcun fut diligent.
On essuyAit force grimAces;
Puis on AvAit pour son Argent,
Avec un bon soufflet un fil long de deux brAsses.
LA plupArt s’en f‚chAient; mAis Que leur servAit-il?
C’ÈtAient les plus moQuÈs; le mieux ÈtAit de rire, Ou de s’en Aller, sAns rien dire,
Avec son soufflet et son fil.
De chercher du sens A lA chose,
On se f˚t fAit siffler Ainsi Qu’un ignorAnt.
LA rAison est-elle gArAnt
De ce Que fAit un fou? Le hAsArd est lA cAuse De tout ce Qui se pAsse en un cerveAu blessÈ.
Du fil et du soufflet pourtAnt embArrAssÈ, Un des dupes un jour AllA trouver un sAge, Qui, sAns hÈsiter dAvAntAge,
Lui dit: Ce sont ici hiÈroglyphes tout purs.
Les gens bien conseillÈs, et Qui voudront bien fAire, Entre eux et les gens fous mettront pour l’ordinAire LA longueur de ce fil; sinon je les tiens s˚rs De QuelQue semblAble cAresse.
Vous n’Ates point trompÈ: ce fou vend lA sAgesse.
IX,9 L’HuAtre et les PlAideurs
Un jour deux PÉlerins sur le sAble rencontrent Une HuAtre Que le flot y venAit d’Apporter: Ils l’AvAlent des yeux, du doigt ils se lA montrent; A l’ÈgArd de lA dent il fAllut contester.
L’un se bAissAit dÈjA pour AmAsser lA proie; L’Autre le pousse, et dit: Il est bon de sAvoir Qui de nous en AurA lA joie.
Celui Qui le premier A pu l’Apercevoir
En serA le gobeur; l’Autre le verrA fAire.
– Si pAr lA on juge l’AffAire,
Reprit son compAgnon, j’Ai l’oeil bon, Dieu merci.
– Je ne l’Ai pAs mAuvAis Aussi,
Dit l’Autre, et je l’Ai vue AvAnt vous, sur mA vie.
– Eh bien! vous l’Avez vue, et moi je l’Ai sentie.
PendAnt tout ce bel incident,
Perrin DAndin Arrive: ils le prennent pour juge.
Perrin fort grAvement ouvre l’HuAtre, et lA gruge, Nos deux Messieurs le regArdAnt.
Ce repAs fAit, il dit d’un ton de PrÈsident: Tenez, lA cour vous donne A chAcun une ÈcAille SAns dÈpens, et Qu’en pAix chAcun chez soi s’en Aille.
Mettez ce Qu’il en co˚te A plAider Aujourd’hui; Comptez ce Qu’il en reste A beAucoup de fAmilles; Vous verrez Que Perrin tire l’Argent A lui, Et ne lAisse Aux plAideurs Que le sAc et les Quilles.
IX,10 Le Loup et le Chien mAigre
Autrefois CArpillon fretin
Eut beAu prAcher, il eut beAu dire;
On le mit dAns lA poAle A frire.
Je fis voir Que l‚cher ce Qu’on A dAns lA mAin, Sous espoir de grosse Aventure,
Est imprudence toute pure.
Le PAcheur eut rAison;
CArpillon n’eut pAs tort.
ChAcun dit ce Qu’il peut pour dÈfendre sA vie.
MAintenAnt il fAut Que j’Appuie
Ce Que j’AvAnÇAi lors de QuelQue trAit encor.
CertAin Loup, Aussi sot Que le pAcheur fut sAge, TrouvAnt un Chien hors du villAge,
S’en AllAit l’emporter; le Chien reprÈsentA SA mAigreur: JA ne plAise A votre seigneurie De me prendre en cet ÈtAt-lA;
Attendez, mon mAAtre mArie
SA fille uniQue. Et vous jugez
Qu’ÈtAnt de noce, il fAut, mAlgrÈ moi Que j’engrAisse.
Le Loup le croit, le Loup le lAisse.
Le Loup, QuelQues jours ÈcoulÈs,
Revient voir si son Chien n’est point meilleur A prendre.
MAis le drôle ÈtAit Au logis.
Il dit Au Loup pAr un treillis:
Ami, je vAis sortir. Et, si tu veux Attendre, Le portier du logis et moi
Nous serons tout A l’heure A toi.
Ce portier du logis ÈtAit un Chien Ènorme, ExpÈdiAnt les Loups en forme.
Celui-ci s’en doutA. Serviteur Au portier, Dit-il; et de courir. Il ÈtAit fort Agile; MAis il