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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 59
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    réservées au sommeil. Elles étaient construites sur le plan admirable d’Apemama : le meilleur type de maisons des mers du Sud ; élevée sur pilotis à trois pieds du sol ; les côtés faits de panneaux tressés et mobiles, qui peuvent être levés pour laisser entrer la lumière et l’air ou baissés pour protéger du vent ou de la pluie : elle est aérée, saine, propre et étanche. Nous possédions une poule d’une espèce remarquable : unique en son genre dans mes souvenirs, car c’était une poule qui, à l’occasion, pondait des œufs. Non loin de là, Mrs. Stevenson avait fait une plantation de salade et d’échalote. La salade fut dévorée par la poule – ce qui fut sa perte. L’échalote nous fut servie feuille par feuille, et accueillie et savourée comme des pêches. Des grogs et des noix de coco vertes nous étaient apportés tous les jours. Le Roi nous fit une fois présent de poisson et une autre fois d’une tortue. Parfois, nous tirions des soi-disant pluviers sur le rivage, et parfois, dans le taillis, des poulets sauvages. Le reste de notre régime consistait en conserves.

    Nos occupations étaient très variées. Tandis que les uns dessinaient, Mr. Osbourne et moi nous travaillions diligemment à un roman. Nous lisions Gibbon et Carlyle à haute voix ; nous soufflions dans des flageolets, nous tapions sur des guitares, nous prenions des photographies à la lumière du soleil, de la lune et du magnésium ; quelquefois nous jouions aux cartes. La chasse au pot-au-feu occupait une bonne part de nos loisirs. J’ai passé moi-même des après-midi entiers, armé d’un revolver, à l’excitante mais inoffensive poursuite du gibier ; fort heureusement, il y avait parmi nous de meilleurs tireurs et heureusement aussi, le Roi nous prêta une meilleure arme sous la forme d’un fusil de chasse, sans quoi notre régime eût été plus maigre encore.

    C’est la nuit qu’il fallait voir notre cité, quand la lune était levée, les lampes allumées et que le feu brillait encore dans la cuisine. Nous étions victimes d’une plaie de mouches et de moustiques comparable à celle de l’Egypte ; notre table (prêtée par le Roi, comme tout le mobilier), devait être recouverte d’une tente de filet, notre citadelle et notre refuge ; celle-ci devenait entièrement lumineuse, s’enflait et s’irradiait sous les bords de la toiture comme le globe de quelque lampe monstrueuse, sertie d’une marge sombre. Nos cabines, don ! les cloisons étaient étayées à des inclinaisons variées. Projetaient au dehors d’étranges morceaux angulaires de clarté. Dans sa cuisine voûtée et grande ouverte, on Pouvait voir Ah-Fu près de sa lampe et de son feu, s’agitant parmi ses casseroles. Sur tout cela, s’épandit pendant la saison la splendeur d’un doux clair de lune. Le sable étincelait comme de la poussière de diamants ; les étoiles s’étaient évanouies. De temps en temps un sombre oiseau de nuit, d’un vol lourd et bas, traversait la colonnade des troncs d’arbres et poussait un cri rauque et strident.

    CHAPITRE III

    Le Roi d’Apemama :

    le palais de beaucoup de femmes

    Le palais, ou plutôt le terrain qu’il englobe, couvre une étendue de plusieurs arpents. Une terrasse le borne du côté du lagon ; du côté de la terre, une palissade avec plusieurs grilles. Celles-ci ne sont pas des moyens de défense ; un homme un peu vigoureux jetterait facilement la palissade à bas ; et point n’est besoin d’une agilité extraordinaire pour sauter de la plage sur la terrasse. Aucun étalage de gardes, de soldats ou d’armes ; l’arsenal est sous clef ; et les seules sentinelles sont certaines vieilles femmes insignifiantes, tapies nuit et jour devant les grilles. Le jour, ces vieilles s’occupaient souvent à faire du sirop ou à quelque autre fonction domestique ; la nuit, elles s’embusquaient dans l’ombre ou rampaient le long de la palissade, eunuques de ce harem, seules gardes de la vie du tyran.

    Une garde féminine était l’avant-poste indiqué pour ce palais de nombreuses femmes. Je n’ai aucune idée du nombre des épouses du Roi ; et une idée vague, seulement, de leurs fonctions. Lui-même se montrait embarrassé lorsqu’on faisait attention à elles comme étant ses femmes, les appelait « ma pamille » et expliquait qu’elles étaient ses « cutcheons » – cousines. Nous en distinguâmes quatre dans la foule : la mère du Roi ; sa sœur, une femme grave, touchante, ayant beaucoup de l’intelligence de son frère ; la Reine propre à qui (et à qui seule), ma femme fut formellement présentée ; et la favorite du moment, une gracieuse et jolie fille, toujours assise aux côtés du Roi, et qui, une fois (comme il pleurait), le consola avec des caresses. On m’a assuré que c’était un sentiment tout platonique. À l’arrière-plan figurait une multitude de dames, les maigres, les grosses et les éléphantines, quelques-unes en sarreau, d’autres dans l’imperceptible ridi ; nobles et obscures, esclaves et maîtresses, de la Reine aux souillons, de la favorite aux sentinelles décharnées de la palissade. Bien entendu, toutes ne sont pas de « ma pamille » – beaucoup sont de simples servantes ; pourtant, un nombre surprenant d’entre elles se partageait la confiance du Roi. Celles-ci étaient porte-clefs, trésorières, gardiennes de l’arsenal, de la lingerie et des magasins. Chacune connaissait et remplissait sa partie dans la perfection. Avait-on besoin de quoique ce soit – un fusil spécial, un morceau d’étoffe, – la reine voulue était requise ; elle venait, apportant le coffre indiqué, l’ouvrait en la présence du Roi et déployait les choses commises à sa garde dans un parfait état de conservation – le fusil nettoyé et huilé, les étoffes bien pliées. Sans interruption et sans hâte, le vaste établissement, tout entier, tournait sur ses roues comme une machine. Je n’ai vu nulle part un ordre aussi parfait. Et pourtant, je pensais tout le temps aux Contes de Norse, aux ogres qui gardaient leur cœur enseveli dans la terre pour plus de sûreté et confiaient ce secret à leurs femmes. Car la vie de Tembinok’ est à la merci de ces armes. Il ne vise pas à la popularité ; mais il mène et brave ses sujets avec une simplicité dans la domination qu’il est impossible de ne pas admirer et qui force la sympathie. Que l’une d’elles soit tentée de trahir, que les verrous de l’arsenal soient retirés, que les vieilles se soient endormies auprès de la palissade et que les armes aient été, en secret, introduites dans le village, et l’esprit du tyran d’Apemana s’envolerait rejoindre ses prédécesseurs de Mariki et Tapituea. Et cependant, celles à qui il se confie ainsi sont des femmes et toutes rivales entre elles.

    Il y a bien, en réalité, un ministre et un état-major de mâles : cook, stewart et subrécargue, – la hiérarchie d’une goélette. Les espions, « les gazettes quotidiennes de Sa Majesté », comme nous les appelions, viennent tous les jours au rapport et repartent. Le cook et le steward ne s’occupent que de la table. Les subrécargues, qui sont chargés de la taille du copra à raison de trois pounds par mois avec le pourcentage, sont rarement dans le palais ; et deux au moins d’entre eux sont dans d’autres îles. Le charpentier, c’est vrai, ce joyeux et vieux rusé de Rubam – peut-être Reuben ? – promu, lors de ma dernière visite, à la dignité supérieure de gouverneur, est là chaque jour, transformant, agrandissant, poursuivant la série interminable des inventions royales ; et Sa Majesté passe quelquefois toute une après-midi à surveiller l’ouvrage de Rubam en causant avec lui. Mais ces mâles sont tous relégués à l’extérieur ; nul ne semble armé ; nul n’a la garde d’aucune clef ; le soir ils sont tous consignés en dehors du palais et le poids de la monarchie ainsi que la vie du monarque reposent, sans partage, sur les femmes.

    Voilà un état de maison qui ressemble bien peu aux nôtres ; moins encore au harem oriental : un homme âgé, sans enfants, menacé dans ses jours, demeurant seul au milieu d’une troupe de femmes de tous les âges, de tous les rangs et de tous les degrés de parenté. – la mère, la sœur, la cousine, la femme légitime, la concubine, la favorite, la plus ancienne et celle d’hier ; – lui, au milieu, le seul maitre, le seul mâle, le seul dispensateur d’honneurs, de vêtements, de richesses, le seul but d’ambitions et de désirs sans nombre. Je doute qu’on puisse trouver en Europe un homme assez sûr de lui pour assumer un pareil tour de force, de tact et de gouvernement. Et il semble bien que Tembinok’, lui-même, ait eu des difficultés au début. On m’a conté qu’il avait tiré, à bord d’une goélette, sur une femme qui se conduisait mal. Une autre, l’ayant plus gravement offensé, il la tua sur le coup ; il exposa son corps dans une caisse ouverte et (pour rendre la leçon plus mémorable), la laissa se putréfier devant la grille du palais. Sans doute, les années sont venues à son aide ; sur une si vaste échelle, il est plus aisé de jouer au père qu’au mari. Et aujourd’hui, aux yeux d’un étranger tout au moins, tout semble aller sans difficulté, et les épouses sont fières de cette confiance, fières de leur rang et fières de leur astucieux seigneur.

    Il était à leurs yeux une sorte de héros, et sa situation était un peu celle d’un professeur à la mode dans une école de jeunes filles. Seulement le professeur n’est pas obligé de manger, de dormir, de vivre et de laver son linge sale au milieu de ses admiratrices ; il peut s’échapper, il

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