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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 54
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    de négociant dans les Gilbert. Elle partage les privilèges de son époux. Le couvre-feu, à Butaritari, sonne en vain pour elle. Longtemps après que la cloche a sonné, et que les grandes dames de l’île sont retenues pour la nuit sous leur propre toit, elle peut, légalement libre, courir et folâtrer à travers les rues désertes ou descendre se baigner dans l’obscurité. Les ressources du magasin sont à sa disposition ; elle va, parée comme une reine, et se nourrit chaque jour de festins délicats, servis dans des plats d’étain. Et elle, qui n’avait peut-être parmi les naturels ni rang ni considération, s’asseoit avec des capitaines et est reçue à bord des goélettes. Cinq de ces dames privilégiées furent, un temps, nos voisines. Quatre d’entre elles étaient de belles et capricieuses filles, et sujettes, comme des enfants, à des accès de bouderie. Elles portaient des robes pendant le jour, mais avaient une tendance quand venait la nuit, à secouer ces vêtements d’emprunt, à courir et chanter à travers l’établissement dans le ridi aborigène. Elles jouaient sans cesse aux cartes avec des coquillages comme jetons. Elles altéraient souvent les règles en trichant ; et chaque partie (surtout si un homme en était), se terminait régulièrement par une dispute à propos des jetons. La cinquième était une matrone. C’était une scène à peindre de la voir, le dimanche, se diriger vers l’église, une ombrelle à la main, une nourrice suivant, et le baby, enseveli sous un chapeau bourgeois et armé d’un biberon breveté. L’office était égayé par la façon dont elle surveillait sa suivante et ne cessait de la corriger. Il était impossible de ne pas se représenter le baby comme une poupée et l’église comme quelque salle de jeu européenne. Toutes ces femmes étaient légitimement mariées. Il est vrai que le contrat de l’une d’elles, qu’elle nous exhiba avec orgueil, portait cette clause, qu’elle était « mariée pour un jour » et que son gracieux partenaire était libre de « l’envoyer au diable » le lendemain ! Mais cette lâche ruse ne la rendait ni meilleure ni pire. Une autre, me dit-on, fut mariée sur une de mes œuvres, dans une édition de contrefaçon qui tint lieu de Bible. Malgré la séduction de ces distinctions sociales, la qualité des aliments et le prix des vêtements, l’abstention relative de tout travail et le mariage légitime contracté sur une édition plagiaire, le trafiquant est parfois obligé de chercher longtemps avant de pouvoir se marier. Quand j’étais dans le groupe, l’un d’eux, au bout de huit mois de recherches, était encore célibataire !

    Dans la société strictement indigène, les vieilles lois et coutumes étaient sévères, mais non sans un certain caractère de magnanimité. Toute trahison conjugale avérée était punie de mort ; un enlèvement affiché était, par comparaison, un acte de vertu et puni d’une amende en terres. Il est de bonne éducation pour un homme jaloux de se pendre ; une femme jalouse a un autre remède – elle mord sa rivale ! Le ridi est considéré comme un emblème sacré. Supposez qu’à Butaritari un lopin de terre soit l’objet de contestations, le prétendant qui, le premier, aura accroché un ridi sur le poste tabou aura gagné sa cause, étant donné que personne autre que lui-même n’a le droit d’y toucher et de le changer de place.

    Le ridi est l’attribut non de la femme, mais de l’épouse ; la marque, non de son sexe, mais de son état. C’est le collier au cou de l’esclave ; l’empreinte sur la marchandise. À l’heure qu’il est, encore, Karaiti appelle ses huit épouses « ses chevaux », quelque négociant lui ayant expliqué l’emploi qu’on faisait de ces animaux dans les fermes ! Et Nanteitei embauchait les siennes pour des travaux de maçonnerie. Les maris, tout au moins ceux d’un rang élevé, avaient droit de vie ou de mort sur leurs épouses ; des blancs mêmes semblent l’avoir possédé ; et leurs femmes, quand elles étaient tombées dans une faute impardonnable, se hâtaient de prononcer la formule de conjuration : I kana kim. Ces trois mots avaient une telle vertu qu’un criminel condamné qui les adressait au Roi à un certain jour, devait être relâché instantanément. C’est une offre d’abaissement, et, chose étrange, le contraire – l’imitation – est une insulte vulgaire commune en Grande Bretagne de nos jours. Je veux donner un aperçu d’une scène entre un trafiquant et sa femme gilbertine, maintenant un des plus anciens résidents, mais alors nouvellement arrivé dans le groupe.

    — « Allez allumer du feu – dit le négociant – et quand j’aurai apporté cette huile, je ferai cuire un peu de poisson. »

    La femme lui répond en grognant à la manière des îles.

    — « Je ne suis pas un porc pour que vous vous adressiez à moi en grognant », dit-il.

    — « Je sais que vous n’êtes pas un porc – dit la femme, – et aussi que je ne suis pas votre esclave. »

    — « Certainement vous n’êtes pas mon esclave, et si vous ne tenez pas à rester avec moi vous ferez mieux de rentrer dans votre famille » – dit-il ; – « mais en attendant allez et allumez le feu ; et quand j’aurai apporté cette huile, je ferai cuire un peu de poisson. »

    Elle alla comme pour obéir, et quand le négociant regarda ce qu’elle faisait, il vit qu’elle avait fait un tel feu que la cuisine était en flammes.

    — « I kana kim », s’écria-t-elle quand elle le vit venir ; mais il n’en tint pas compte et la frappa avec une marmite ; le pied lui fendit le crâne, le sang jaillit, on la crut morte, et les naturels entourèrent la maison dans une attente pleine de menaces. Un autre blanc était présent, homme d’une plus vieille expérience. « Vous nous ferez tuer tous les deux si vous continuez ainsi », cria-t-il, elle avait dit « I kana kim ». Si elle n’avait pas dit « I kana kim », il aurait pu la frapper avec le chaudron. Ce n’est pas le coup qui avait fait le crime, mais le mépris d’une formule consacrée.

    La polygamie, la vertu particulière des femmes, leur condition à demi-servile, leur réclusion dans les harems royaux, jusqu’à leur privilège de mordre, tout semble indiquer une société mahométane et l’opinion que les femmes n’ont pas d’âme. Il n’en est rien. C’est une pure apparence. Après que vous avez étudié ces extrêmes dans un intérieur, vous pouvez, dans un autre, trouver tout l’opposé, la femme toute-puissante, et l’homme seulement le premier de ses esclaves. L’autorité ne vient pas de l’homme en lui-même ni de la femme en elle-même. Il vient de ce qu’il est chef et de ce qu’elle est cheffesse ; de ce que lui ou elle a hérité des terres du clan, et se trouve lié aux hommes du clan par des liens de parenté, leur imposant le service, responsable de leurs amendes. Voilà l’unique source du pouvoir, le seul fondement de la dignité : le rang. Le Roi épousa une cheffesse ; elle devint sa servante et dut travailler de ses mains à la jetée de MM. Wightman. Le roi divorça avec elle ; immédiatement elle reprit son ancienne condition et son pouvoir. Elle a épousé un matelot hawaïen ; cet homme est son valet et peut être mis à la porte à son gré. Bien mieux, ces seigneurs de basse extraction reçoivent même des corrections corporelles et comme des enfants, grands mais obéissants, ils doivent se soumettre à la discipline.

    Nous étions intimes dans une maison de ce genre, celle de Nei-Takauti et Naa Tok’ ; je cite la femme en premier, comme de juste. Pendant huit jours d’un paradis imaginaire, Mrs. Stevenson avait été seule chercher des coquillages sur le rivage de l’île. Je suis sûr que c’était très imprudent, et bientôt, elle s’aperçut qu’un homme et une femme la surveillaient. Quoi qu’elle fît, ses gardiens ne la perdaient pas de vue ; et quand le jour commença de décliner, et qu’ils jugèrent qu’elle était restée là assez longtemps, ils la persuadèrent de rentrer et par des signes et des mots anglais entrecoupés, ils la ramenèrent à la maison. En route, la dame enleva de son trou à boucle d’oreille une pipe d’argile, le mari l’alluma et la tendit à ma malheureuse femme qui ne savait comment se soustraire à cette incommode faveur ; et quand ils furent tous arrivés chez nous, le couple s’assit auprès d’elle sur le sol et paracheva la rencontre par des prières. Depuis lors ils furent nos amis ; trois fois par jour ils nous apportaient les magnifiques guirlandes de fleurs blanches des îles ; ils nous visitaient tous les soirs, et souvent ils nous emmenaient à leur tour jusqu’à leur maniap’, la femme conduisant Mrs. Stevenson par la main, comme font les enfants entre eux.

    Nan Tok’, le mari, était jeune, extrêmement beau, de la plus inaltérable bonne humeur, et souffrant, dans sa condition précaire, de sentir ses ambitions annihilées. Nei-Takauti, la femme se faisait vieille ; son fils, né d’un premier mariage, venait de se pendre de désespoir sous ses yeux, à la suite d’une réprimande bien méritée. Elle n’avait sans doute jamais été belle, mais ses traits étaient pleins de caractère, et ses yeux pleins d’un sombre feu. C’était une grande-cheffesse, mais, par une exception étrange chez une personne de son rang, elle était petite, mince, nerveuse, avec de petites mains maigres et un cou en cordes. Elle était, le soir, invariablement vêtue d’une chemise blanche, – et comme parure, des feuilles vertes (ou parfois des fleurs blanches), fixées dans ses

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