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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 49
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    vous regardez autour de vous, et le jour a fui. C’est à ce moment que notre serviteur chinois arrivait dans une auréole de lumière vacillante divisée par son ombre ; et avec la lampe, la nuit cessait autour de la table. Les visages des assistants, les barreaux du treillis se détachaient tout à coup en lumière sur un fond bleu et argent vaguement dessiné par la cime des palmiers et les toits en pointes des maisons. Ici et là un reflet sur une feuille ou une cassure de pierre renvoyaient une étincelle solitaire. Tout le reste s’était évanoui. Nous restions là, illuminés comme un groupe d’étoiles in vacuo ; nous restions assis, évidents et aveugles, parmi l’embûche générale des ténèbres ; et les insulaires, passant à pas légers, et parlant à voix basse, sur le sable de la route, invisibles, s’attardaient à nous observer.

    En ce mardi, le crépuscule venait de se faire, la lampe d’être apportée, quand un projectile vint frapper la table avec un bruit sec et rebondit en m’effleurant l’oreille. Trois centimètres de plus et cette page n’eut jamais été écrite, car la chose passa comme un boulet de canon. On crut que c’était une noisette, quoique déjà alors elle me parut bien petite et tombée d’étrange façon.

    Mercredi 24 juillet. – L’obscurité s’était faite une fois de plus et la lampe venait d’être apportée quand le même incident se répéta. Et de nouveau le projectile siffla à mon oreille. J’avais bien voulu accepter une première noix ; je n’en acceptai pas une seconde. Une noix de coco n’arrive pas ainsi, comme lancée par une fronde, par un soir sans brise, faisant un angle d’environ quinze degrés à l’horizon ; les noix de coco ne tombent pas plusieurs nuits de suite, à la même heure, juste au même endroit ; dans les deux cas d’ailleurs, un moment déterminé semblait avoir été choisi, celui où la lampe venait d’être apportée ; et une personne déterminée visée, le chef de la famille. J’ai pu me tromper, mais je me crus l’objet de quelque intimidation et crus que le projectile était une pierre lancée, non pour frapper, mais pour effrayer.

    Aucune idée n’irrite un homme davantage. Je courus à la route où les naturels se promenaient comme d’habitude dans l’obscurité ; Maka me rejoignit avec une lanterne ; et je courus de l’un à l’autre, dévisageai d’un air terrible des figures parfaitement innocentes, posai des questions inutiles et proférai des menaces oiseuses. Puis je portai chez les Rick mon courroux (qui était bien digne du fils de n’importe quelle reine de l’histoire !). Ils m’écoutèrent d’un air déprimé ; m’assurèrent que cette façon de lancer une pierre au milieu d’un diner de famille n’était pas nouvelle ; qu’elle était de mauvais augure, et liée à la disposition inquiétante des naturels. Et finalement, la vérité, si longtemps cachée à nos yeux, se fit jour. Le Roi avait rompu sa promesse ; il avait bravé la députation ; le tabou dormait toujours ; le Land we live in débitait encore de la boisson et ce quartier de la ville était troublé et menacé par des disputes continuelles. Mais il y avait pire : une fête se préparait pour l’anniversaire de la petite princesse ; et les chefs tributaires de Kuma et de la Petite Makin étaient attendus de jour en jour.

    Puissants dans un parti d’hommes de clan nombreux et quelque peu sauvages, on les croyait, comme autant de Douglas, d’une fidélité douteuse. Kuma (petit personnage bedonnant), n’allait jamais au Palais, n’entrait jamais dans la ville, mais restait sur la plage, assis sur une natte, son fusil sur ses genoux, affichant sa méfiance et son dédain ; Karaïti, de Makin, quoique plus entreprenant, ne témoignait pas des sentiments plus amicaux ; et non seulement les vassaux étaient jaloux du trône, mais leur suite, de part et d’autre, s’associait à leur animosité. Des querelles avaient déjà éclaté ; des coups avaient été échangés qui, d’un moment à l’autre, pouvaient être payés dans le sang. Quelques-uns des étrangers étaient déjà arrivés et avaient de suite commencé à boire ; si la débauche continuait après l’arrivée du gros d’entre eux, une collision, peut-être même une révolution était fatale.

    Le débit de la boisson donne, dans ce groupe, la mesure de la jalousie des commerçants entre eux ; l’un commence, l’autre est tenu de suivre ; et celui qui a le plus de gin et qui en vend le plus, est sûr d’avoir la part du lion dans la distribution du copra. Tous sentent que c’est là un expédient de dernier ordre, ni sûr ni digne, ni convenable. Un trafiquant de Tarava, excité par une rivalité active, apporta de nombreuses caisses de gin. Il m’a raconté qu’il resta ensuite nuit et jour sur pied, dans sa maison, jusqu’à ce que la provision fût épuisée, n’osant pas interrompre la vente, n’osant pas sortir, le fourré résonnant tout autour de lui des hurlements des ivrognes. La nuit, par dessus tout, quand, n’osant pas même dormir, il entendait des coups de fusil et des cris autour de lui dans l’obscurité, ses remords devenaient affreux. « Mon Dieu ! – se dit-il, – si j’allais perdre la vie pour une si misérable besogne ! » Que de fois dans l’histoire des Gilbert pareil fait s’est renouvelé ! et le négociant repentant restait assis près de sa lampe, aspirant au jour, l’oreille tendue, dans une véritable agonie, vers les bruits de meurtre, prenant des résolutions pour l’avenir. Car la chose est aisée à lancer, mais difficile à arrêter. Les naturels sont, dans leur genre, un peuple juste et soumis aux lois, fidèles à leurs dettes, dociles à la voix de leurs propres institutions ; que le tabou soit réimposé, ils cesseront de boire ; mais le blanc qui cherche à prévenir le mouvement en leur refusant les liqueurs, le fait à ses risques et périls.

    De là, jusqu’à un certain point, l’anxiété et l’impuissance de Mr. Rick. Lui et Tom, alarmés par l’envahissement du Sans-Souci, avaient arrêté le débit ; ils l’avaient fait sans danger, parce que le Land we live in continuait à vendre ; on remarqua pourtant qu’ils avaient été les premiers à commencer. Quelle démarche pouvait-on faire ? Mr. Rick pouvait-il aller visiter Mr. Muller (avec qui il n’était pas en relations), et lui dire : « J’étais en train de vous dépasser, c’est vous qui me dépassez à présent ; je vous demande d’abandonner votre bénéfice. J’ai pu fermer mon établissement sans danger grâce à ce que vous laissiez le vôtre ouvert ; mais je trouve maintenant que vous feriez mieux de vous retirer. Je commence à être alarmé ; et parce que j’ai peur, je vous demande d’affronter un certain danger ? » Il n’y avait pas à y songer. Il fallait trouver autre chose ; et il n’y avait qu’une personne au bout de la ville qui, au moins, était très intéressée dans la question du copra. Il n’y avait guère que cela à dire en ma faveur comme ambassadeur. J’étais arrivé dans la goélette des Wightman, j’étais l’associé quotidien de la coterie Wightman ; ce n’était pas une petite affaire » pour moi, de me mêler, sans en être prié, des affaires privées de l’agent de Crawford, et d’obtenir de lui le sacrifice de ses intérêts et le risque de sa vie. Mais, si minces que fussent mes titres, on n’avait personne de mieux ; d’ailleurs, depuis l’affaire de la pierre, j’étais avide d’action, l’idée d’un interview délicat me séduisait et il me parut de bonne politique de me montrer à terre.

    La nuit était très sombre. Il y avait un office à l’église, et l’édifice luisait doucement par toutes ses crevasses, comme quelque obscure Kirk Allowa’. Je vis peu d’autres lumières, mais j’eus vaguement conscience d’un grand nombre de gens s’agitant dans les ténèbres, et d’un bourdonnement de paroles furtif et ininterrompu. Je crois que, tandis que j’allais, ma barbe était (comme dit la vieille formule), quelquefois sur mon épaule. L’habitation de Müller n’était éclairée qu’en partie, et complètement silencieuse, et la grille était fermée. Je ne pus arriver à ouvrir le loquet. Cela s’explique, car j’ai vérifié depuis qu’il avait quatre ou cinq pieds de long, et constituait à lui tout seul une véritable fortification. Comme je tâtonnais, un chien parut à l’intérieur et renifla mes mains avec méfiance, si bien que je fus réduit à appeler : « Y a-t-il quelqu’un dans la maison ? » Mr. Müller descendit et appuya son menton, dans le noir, sur la palissade. « Qui est là ? » dit-il, comme quelqu’un peu disposé à accueillir des étrangers.

    — « Stevenson est mon nom », dis-je.

    — « Oh, Mr. Stevens ! je ne vous reconnaissais pas. Entrez. »

    Nous pénétrâmes dans le magasin sombre où je m’appuyai au comptoir et lui contre le mur. Toute la lumière venait de la chambre à coucher où je distinguais les membres de sa famille dans leurs lits ; elle m’éclairait en pleine figure, mais Mr. Müller était dans l’ombre. Sans doute, il s’attendait à ce qui allait suivre et cherchait à prendre l’avantage de la position ; mais pour un homme désireux de convaincre et n’ayant rien à cacher, la mienne était préférable.

    — « Voyons, – commençai-je, – j’entends dire que vous débitez de la boisson aux naturels ? »

    — « D’autres l’ont fait avant moi », répliqua-t-il, d’un ton pointu.

    — « Sans doute, – dis-je, – et je n’ai rien à faire avec le passé, mais bien avec l’avenir. Je voudrais que vous me promettiez de montrer plus de circonspection dans le débit de ces spiritueux

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