▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 47
    Prev
    Next

    étions venus, pensant le photographier au milieu de ses gardes, mais au premier mot de ce dessein, sa piété se révolta. On nous fit souvenir du jour où nous étions, – le sabbat pendant lequel point ne photographieras, – et nous nous en retournâmes, la puce à l’oreille, remportant la chambre noire repoussée !

    À l’église, un peu plus tard, je fus frappé de voir le trône inoccupé. Un gardien si rigoureux du présent aurait dû être présent ; mes doutes se ravivèrent ; et avant que je fusse de retour, ils étaient transformés en certitude. Tom, le cabaretier du Sans-Souci, était en conversation avec deux émissaires de la Cour. « Le « loi » – disaient-ils – avait besoin de « din », n’ayant plus de « perandi » [27]. » – « Pas de din, – répondit Tom, – et pas de pérandi ; mais de la « pira » s’ils voulaient. » Ils n’avaient que faire de bière, semble-t-il, car ils repartirent tristement. « Eh bien, que signifie tout cela ? » demandai-je. « L’île s’émancipe-t-elle ? »

    Voici le fait. Une fête avait été donnée le 14 juillet et, sur le conseil des blancs, le Roi avait levé le tabou qui pesait sur les liqueurs. Il y a un proverbe à propos des chevaux ; il s’applique mal à cet animal supérieur ; il serait plus juste de dire que n’importe qui peut l’amener à boire, mais qu’on n’en trouverait pas vingt ensuite pour l’arrêter. Le tabou, levé depuis dix jours, n’avait pas encore été réimposé ; depuis dix jours la population avait fait circuler les bouteilles (comme nous l’avions vu faire cet après-midi) ou dormi d’un sommeil bestial. Et le Roi, poussé par les « Vieux-Hommes », et par ses propres appétits, continuait d’encourager la licence, de dissiper ses réserves de liqueur et de participer à la débauche. Les blancs étaient les auteurs de cette crise ; c’est sur leur proposition que cette liberté avait été donnée au début ; pour l’instant, dans l’intérêt du commerce, ils étaient ravis que cela continuât. Le plaisir commençait à diminuer ; les limites (on en convenait) avaient été indûment prolongées, et la question se posait de savoir comment on mettrait fin à la chose. De là le refus de Tom. Il est vrai que ce refus était momentané ; les fourrageurs royaux, renvoyés par Tom de Sans-Souci, seraient pourvus au Land we live in par le crédule M. Williams.

    Il était malaisé d’évaluer sur le moment le degré du péril, et maintenant, j’incline à croire qu’il était facile à exagérer. Cependant, c’est toujours, même chez nous, un sujet d’anxiété d’avoir à mener des ivrognes ; et chez nous, la population n’est pas armée du premier au dernier de revolvers et de fusils à répétition, de même que nous ne nous grisons pas tous à la fois – ni surtout, tout le pays ensemble, le Roi les magistrats, la police et l’armée réunis dans une partie commune de débauche. Il faut se rappeler d’ailleurs que nous étions là dans des îles barbares, rarement visitées, tardivement et partiellement civilisées. Tout compte fait, un nombre considérable de blancs ont péri aux Gilbert, mais surtout par leur propre faute ; et les naturels ont déployé, tout au moins dans cette occasion, leur disposition à dissimuler un accident sous un massacre, et n’ont rien laissé que des ossements muets. C’était là la considération qui s’opposait à une fermeture soudaine des bars ; les cabaretiers étaient à la portée immédiate de fous et traitaient directement avec eux ; il était trop certain qu’un refus pouvait à tout moment provoquer un coup, et ce seul coup donner le signal d’un massacre.

    Lundi 15. – À la même heure nous retournâmes au même mania’p. Du kummel était versé dans des timbales ; au milieu se tenait le prince héritier, gros garçon entouré de bouteilles pleines et très occupé à les déboucher ; et le Roi, les chefs et les sujets avaient la lèvre pendante, les gestes incertains et les yeux ternes des buveurs précoces. Il était clair qu’on nous attendait avec impatience ; le Roi se retira précipitamment pour s’habiller ; les gardes furent envoyés à la recherche de leurs uniformes ; et nous restâmes seuls avec une poignée de naturels ivres, attendant l’issue de ces préparatifs. L’orgie avait été plus loin que dimanche ; la journée s’annonçait très chaude ; déjà on étouffait ; déjà tous les courtisans étaient gris ; et toujours le kummel continuait à circuler, et le prince héritier à jouer au sommelier. Une liberté flamande succédait à des excès flamands ; et un gaillard facétieux, beau garçon, habillé de couleurs voyantes, surmonté d’un vrai turban de cheveux crépus, fit les délices de la compagnie en faisant la cour à une dame imaginaire d’une façon qui défie toute description. Nous nous amusâmes, pendant cette attente, à observer le groupe des gardes. Ils ont des armes européennes, des uniformes européens et (à leur chagrin) des chaussures européennes. Nous vîmes un de ces guerriers (tel que Mars), en train de revêtir ses armes ; deux hommes et une femme vigoureuse avaient à peine la force de le chausser ; et à la suite d’une seule parade, l’armée était estropiée pour huit jours.

    Finalement, les grilles de la demeure royale s’ouvrirent ; l’armée s’avança en rang, avec des fusils et des épaulettes ; le drapeau s’inclina au passage ; Sa Majesté suivait dans son uniforme chamarré d’or ; Sa Majesté son épouse venait après, en chapeau à plumes, avec une ample robe de soie à longue traine ; puis venaient les bouffons du Roi ; toute la pompe de Makin se déployait sur ce théâtre choisi. Dickens seul eut pu nous décrire combien ils étaient graves et combien gris ; et combien le Roi fondait et ruisselait sous son bicorne ; comment il prit position auprès du plus gros de ses deux canons – position austère, majestueuse, mais peu verticale ; comment la confusion se mit dans les troupes et comment elles furent rassemblées et remises en ordre ; comment leurs arquebuses et eux-mêmes s’Inclinaient de côté et d’autre, pareils aux mâts des navires ; et comment un photographe amateur les passait en revue, les arrangeait, les alignait, et, le temps de regagner son appareil, voyait tous ses arrangements bouleversés.

    La chose était plaisante à voir ; j’ai mauvaise grâce à m’en moquer ; et le récit que nous en fîmes au retour fut écouté avec de graves hochements de tête.

    La journée avait mal commencé ; onze heures nous séparaient du coucher du soleil ; et, d’un moment à l’autre, pour le plus futile prétexte, tout pouvait mal tourner. L’établissement Wightman était intenable au point de vue militaire, commandé de trois côtés par des maisons et d’épais massifs. On savait que la ville contenait une provision de plus de mille armes nouvelles et excellentes ; quant à battre en retraite vers les navires en cas d’alerte, il n’y fallait point songer. Notre conversation, ce matin-là, devait reproduire assez exactement les conversations qui se tenaient dans les garnisons anglaises avant la mutination de Sepoy : le pressentiment impérieux que quelque chose de fâcheux se préparait ; la certitude que, (si cela arrivait), il n’y aurait rien à faire qu’à se battre ; l’état d’esprit, moitié amusé, moitié anxieux dans lequel nous attendions la suite des événements.

    Le kummel fut bientôt épuisé ; nous étions à peine revenus que le Roi arrivait pour en avoir d’autre. Mr. Corpse s’était dépouillé de son horrible accoutrement, et sa débordante obésité était de nouveau revêtue d’un pyjama rayé ; un des gardes fermait la marche avec son fusil, et Sa Majesté était en outre accompagnée par un baleinier de Barotongan et le joyeux courtisan au turban de cheveux crépus. Jamais députation ne fut plus gaie ; le baleinier était gris à pleurer ; le courtisan avait l’air de marcher sur les airs ; le Roi lui-même était folâtre. Assis sur une chaise dans le salon des Rick il essuya sans broncher le choc de nos prières et de nos menaces. Les réprimandes, les exemples historiques, la menace des vaisseaux de guerre, l’ordre de restaurer le tabou sur-le-champ, rien n’y fit. Il le ferait demain, disait-il ; aujourd’hui, c’était au-delà de ses forces ; aujourd’hui, il n’osait pas. « Est-ce là une attitude royale ? » criait Mr. Rick indigné. Et cela n’avait rien de royal en effet ; si le caractère du Roi eut été royal, nous eussions nous-mêmes tenu un autre langage ; royal ou non, il eut le dernier mot de la discussion. Il est vrai que les conditions étaient inégales ; car le Roi seul pouvait restaurer le tabou ; mais les Rick n’étaient pas les seuls à débiter de la boisson. Il n’avait qu’à tenir bon sur la première question, ils finiraient sûrement par faiblir sur la seconde. Ils firent encore quelques objections pour la forme ; et puis la députation, ivre à l’excès, se retira, emportant une caisse de brandy dans une brouette. Le Barotongan (que je n’avais jamais vu auparavant), me serra la main comme un homme qui part pour un long voyage. « Mon cher ami ! – disait-il en pleurant, – adieu mon cher ami ! » des larmes de kummel dans les yeux. Le Roi faisait des embardées ; le courtisan allait à l’amble ; – étrange cortège d’enfants enivrés à qui confier cette brouette chargée de folie !

    La ville n’avait pas été tranquille un instant ; toute la matinée, l’air avait été agité d’un ferment, et les rues encombrées par un mouvement sans but et des rassemblements

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Catriona – Robert Louis Stevenson
    Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    August 17, 2020
    Les Gais Lurons – Robert Louis Stevenson
    Les Gais Lurons
    August 17, 2020
    La Fleche noire – Robert Louis Stevenson
    La Flèche noire
    August 17, 2020
    Voyage avec un ane dans les Cevennes – Robert Louis Stevenson
    Voyage avec un âne dans les Cévennes
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Non Fiction
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!