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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 45
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    poignets et aux chevilles, affectant tous des allures d’hidalgos, acceptant les saluts avec une moue hautaine. Les dandies des deux sexes portent leurs cheveux dressés en une sorte de buisson crépu en forme de turban ; et comme les poignards des Japonais, une baguette effilée (qui leur sert de peigne) est fichée galamment au milieu de leurs boucles. Les femmes, sous ce massif de cheveux, apparaissent assez séduisantes : la race ne peut se comparer à celle de Tahiti pour la beauté féminine ; et la moyenne me paraît médiocre ; mais quelques-unes des plus jolies jeunes filles et la plus belle femme que j’aie jamais vues étaient gilbertines. Butaritari étant le centre commerçant du groupe est européanisé ; la blouse de couleur et la chemise blanche sont les vêtements courants, cette dernière réservée pour le soir ; le chapeau bourgeois, orné de fleurs, de fruits et de rubans, n’est malheureusement pas inconnu ; et le costume local des femmes des îles Gilbert n’est malheureusement plus généralisé. Il se nomme ridi : c’est un jupon court, ou une frange faite avec des fibres séchées de noix de coco, qui ressemblent un peu à de la ficelle goudronnée : le bas n’atteint pas la moitié de la jambe ; le haut est si lâchement noué autour des hanches qu’il paraît retenu seulement par accident. Il semble qu’un éternuement suffise à déshabiller la dame. « Le périlleux ridi, large comme un cheveu », disions-nous ; et dans le conflit qui fait rage au sujet des modes féminines, il a le malheur de ne plaire ni aux unes ni aux autres ; les prudes le condamnent comme insuffisant ; les plus frivoles le trouvent en lui-même peu seyant. Pourtant, si une jolie Gilbertine veut paraître à son plus grand avantage, c’est bien le costume qu’elle devra revêtir. Avec cela, ou sinon, nue, elle se meut avec une grâce, une liberté, une vivacité incomparables qui sont la poésie de la Micronésie. Ficelez-la dans une robe, le charme est rompu et elle se tortille comme une Anglaise.

    Vers le crépuscule, les passants devinrent plus fastueux. Les hommes apparurent revêtus de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, hommes et femmes ornés et parfumés avec des fleurs fraîches. Une petite fleur blanche est la favorite, quelquefois parsemée dans une chevelure de femme, comme de petites étoiles ; et parfois serrée en un gros bouquet. Avec la nuit, la foule devient plus compacte sur la route, et le bruit mat et ouaté des pieds nus sur le sol devient continu ; les promeneurs, généralement graves ; le silence rompu seulement par les courses et les rires étouffés des jeunes filles ; les enfants eux-mêmes tranquilles. À 9 heures, l’heure du coucher sonna au clocher de la cathédrale et la vie cessa. À 4 heures du matin, le même signal résonne dans les ténèbres et les innocents captifs sont libérés ; mais pendant sept heures, tous doivent rester couchés, – j’allais dire derrière les portes de maisons où les portes et les murs mêmes sont une exception, – tout au moins abrités sous leurs toits aérés et assemblés sous les tentes de leurs moustiquaires. Supposez qu’il arrive un message pressant, et que la nécessité s’impose d’envoyer quelqu’un au loin, le messager devra s’en aller ouvertement et se signaler à la police par un brandon immense de fibres de noix de coco qui brille de maison en maison, comme un mouvant feu de joie. La police seule sort de l’obscurité et rôde la nuit à l’affût des contraventions. Je haïssais leur présence traître ; leur capitaine, en particulier, un rusé vieillard, toujours en blanc, passait les nuits en embuscade sur ma propriété jusqu’à ce que j’aie conçu dans mon cœur un désir violent de le battre. Mais le fourbe était privilégié.

    Pas un des négociants-résidents ne venait-en ville, pas un capitaine ne jetait l’ancre dans le lagon, que nous ne le vissions à l’heure même. Ceci était dû à notre position entre le magasin et le bar, – le Sans-Souci, comme on appelait ce dernier. M. Rick n’était pas seulement le gérant de MM. Wightman, mais l’agent consulaire des Etats-Unis. Mme Rick était la seule femme blanche de l’île et l’une des deux seules de l’archipel ; leur maison, avec ses fraîches vérandas, ses bibliothèques, son ameublement confortable, était sans rivale jusqu’à Jaluit ou Honolulu. Tout le monde allait les voir en conséquence, hormis ceux qu’éloignait quelqu’une de ces querelles des mers du Sud reposant sur le prix du copra et le cent supplémentaire, ou quelque discussion au sujet de la volaille. Mais si ceux-ci s’abstenaient de se montrer au nord, ils se rattrapaient au midi, car le Sans-Souci les tirait à lui comme dans un filet. Dans une île où la population blanche s’élève à douze personnes, l’un, tout au moins, des deux cabarets semble superflu : mais toute balle a sa destination et le double établissement de Butaritari se trouve être très commode pour les capitaines de vaisseaux et leurs équipages : The land we Live in étant tacitement réservé au gaillard d’avant, le Sans-Souci au gaillard d’arrière. Si aristocratiques étaient mes habitudes, si insurmontable la crainte que m’inspirait M. Williams, que je n’ai jamais visité le premier ; mais je passais régulièrement mes soirées dans l’autre, qui était le club, ou plutôt le casino de l’île. Il était petit, mais arrangé avec goût, et la nuit (quand la lampe était allumée), ses glaces brillaient et ses images coloriées resplendissaient comme une nuit de Noël dans un théâtre. Les images étaient des prospectus, les glaces assez grossières, la menuiserie « d’amateur » ; néanmoins sur cette île incongrue, l’ensemble produisait une impression de luxe effréné et d’inestimable richesse. Là on chantait des romances, on racontait des histoires, on faisait des tours, on jouait. Les Ricks, nous-mêmes, Tom le Norvégien, le cabaretier, un ou deux capitaines de vaisseaux et trois ou quatre négociants descendus le long de l’île dans leurs bateaux, ou à pied par la route, formaient la compagnie habituelle. Les trafiquants, tous élevés pour la mer, montraient une amusante fierté de leurs nouvelles occupations. « Marchands des mers du Sud » est le titre qu’ils préfèrent. – « Nous sommes tous marins ici » – « Marchands s’il vous plait », – « Marchands des Mers du Sud… » c’était là un sujet de conversation indéfiniment répété et qui semblait ne jamais rien perdre de sa saveur. Nous les trouvâmes de tout temps simples, naturels, gais, galants et obligeants ; et après des années passées, nous nous souvenons avec plaisir des trafiquants de Butaritari. Il y avait pourtant une brebis galeuse parmi eux. Je parle de lui, sur les lieux où il vivait, contre mon habitude ; car en ce cas, je n’ai aucune réserve à garder, et l’homme est un type de cette catégorie de brigands qui a été pendant un temps la honte des mers du Sud, et compte encore quelques attardés dans les îles peu visitées de la Micronésie. Il était connu sur le rivage sous le nom de « parfait gentleman lorsque sobre », mais je ne l’ai jamais vu autrement que gris. Il a choisi les traits les plus choquants et les plus sauvages du Micronésien avec l’habileté d’un collectionneur et les a greffés sur sa bassesse naturelle. Il a été accusé et acquitté d’un meurtre infâme ; et s’est vanté depuis de l’avoir commis, ce qui me porte à croire qu’il en est innocent. Sa fille est défigurée des suites d’une erreur de sa cruauté, car c’est sa femme qu’il avait l’intention de blesser, et dans l’obscurité de la nuit et la frénésie du coco-brandy, il se précipita sur la fausse victime. Depuis, la femme a fui, et se cache dans la brousse au milieu des naturels, et son mari continue de réclamer aux juges, qui font la sourde oreille, sa réintégration par la force. Le plus clair de ses occupations consiste à faire boire les naturels et à leur avancer de l’argent pour les pots de vin, moyennant une hypothèque lucrative. « Respect aux blancs », dit-il volontiers, « ce qui manque à cette île, c’est le respect pour les blancs. » Se rendant à Butaritari pendant que j’y étais, il espionna sa femme dans la brousse avec quelques naturels et fit un bond pour s’emparer d’elle ; sur quoi, un de ses compagnons tira son couteau et le mari dut battre en retraite. « Est-ce là ce que vous appelez le respect des blancs ? » criait-il. Dès le début de nos relations, nous lui prouvâmes notre respect pour son genre de blancheur en lui interdisant l’entrée de notre enclos sous peine de mort. Depuis lors il rôdait souvent dans le voisinage avec je ne sais quel sentiment d’envie, ou quelles intentions malfaisantes. Son blanc et beau visage (que je contemplais avec aversion), nous observait à toute heure à travers la palissade ; et une fois, à une distance respectueuse, il se vengea en nous criant une mystérieuse injure des îles, très inoffensive à nos yeux, mais sur ses lèvres d’Anglais, incroyablement incongrue.,

    Notre enclos, autour duquel rôdait ce composé de dégradations, était assez étendu. Dans un coin, un treillis entourait une table faite de planches grossières. Le 14 juillet avait été fêté peu auparavant avec des suites mémorables, encore mal connues ; là nous prenions nos repas ; là, nous reçûmes à dîner le Roi et les notables de Makin. Au milieu était la maison, avec une véranda devant et derrière, et trois chambres à l’intérieur. Nous avions accroché dans la véranda nos hamacs de bord et là, nous travaillions le jour

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