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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 36
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    fortuite, peut-être désavouée. En tout cas, il se passe dans la maison d’un prophète israélite d’Anaa certaines choses dont je suis également sûr que Duncan les renierait et que les Whistlers les salueraient comme une imitation de leurs rites. Mon initiateur en ces matières occupait une partie de la maison ; le prophète et sa famille habitaient l’antre. Chaque nuit, à une extrémité, les Mormons chantaient leur office du soir ; chaque nuit, à l’autre extrémité, la femme du Tahitien, éveillée, écoutait leurs chants avec stupeur. À la fin elle ne put se contenir plus longtemps, réveilla son mari et lui demanda ce qu’il entendait. « J’entends plusieurs personnes chantant des hymnes », dit-il. « Ouï », répliqua-t-elle, « mais écoute encore ! N’entends-tu pas quelque chose de surnaturel ? » Son attention ainsi aiguillée, il eut conscience d’une voix étrange, bourdonnante – et cependant il déclara qu’elle était admirable – qui accompagnait les chanteurs avec justesse. Le lendemain il s’informa. « C’est un esprit – dit le prophète, avec une entière simplicité – qui depuis quelque temps a pris l’habitude de se joindre à notre prière familiale. » Il était invisible et, pareil en cela à d’autres esprits apparus plus près de chez nous en ces jours dégénérés ; il était d’une ignorance grossière, ne pouvait au début que bourdonner, et n’avait appris que tout dernièrement à faire sa partie, dans le chœur, correctement.

    Les façons d’agir des Whistlers ont un caractère plus ouvert. Leurs réunions se font en public, au grand jour, et tous sont « cordialement invités à y prendre part ». Les fidèles sont assis dans la salle, chantant des hymnes – disent les uns – chantant et sifflant alternativement, – disent les autres ; le chef, le sorcier – disons plutôt le médium – est assis au milieu, enveloppé d’un drap et silencieux ; et tout à coup, juste au-dessus de sa tête, quelquefois au milieu du toit, un sifflement aérien se fait entendre, terreur des inexpérimentés. C’est évidemment la voix des morts ; ses enseignements sont transcrits au fur et à mesure par un expert, qui écrit, me dit-on, « aussi vite qu’un employé du télégraphe », et le résultat est finalement communiqué au public. Il est généralement de la plus patente trivialité : Un navire est annoncé ; ou bien quelque bavardage oiseux répété sur le compte d’un voisin ; ou bien, si l’esprit a été consulté au sujet d’une maladie, il suggère parfois un remède. L’un de ceux-ci, une immersion dans l’eau bouillante, fut dernièrement fatal au patient. Toute cette affaire est très morne, très sotte et très européenne ; elle n’a aucune des qualités pittoresques de certaines conjurations du même genre dans la Nouvelle-Zélande ; elle ne recèle pas le moindre sens, comme quelques autres que je décrirai à propos des îles Gilbert. Et, pourtant, on m’assura que beaucoup de naturels, hardis et intelligents, étaient des siffleurs invétérés. « Comme Mahiuni ? » demandai-je, désireux de me faire un type ; et on me répondit : « Oui ». Pourquoi m’étonnerai-je ? Des hommes plus éclairés que mon forçat-catéchiste s’adonnent chez nous à des absurdités également stériles et sans intérêt.

    Le médium est quelquefois féminin. Ainsi, c’est une femme qui introduisit ces pratiques sur la côte nord de Taiarapu, au scandale de sa propre famille, son beau-frère en particulier, déclarant qu’elle était ivre. Mais ce qui choquait à Tahiti passait dans les Paumotu, d’autant plus que certaines femmes possèdent là, par un don de la nature, des pouvoirs utiles et singuliers. Elles se disent des dames honnêtes, bien intentionnées, quelques-unes d’entre elles, très embarrassées de leur mystérieux héritage ! Et, en vérité, les troubles causés par ces dons sont si grands, et la protection qui en découle si infime que j’hésite à l’appeler un don ou une malédiction héréditaire. Vous pouvez dévaliser le champ de cocotiers de cette dame, voler ses canots, brûler sa maison et massacrer sa famille sans inconvénient ; mais il y a une chose que vous ne devez pas faire : vous ne devez pas porter la main sur la natte où elle dort, ou votre ventre enflera et seule, la dame ou son mari, pourront vous guérir. Voici le témoignage d’un témoin oculaire, originaire de Tasmanie, bien élevé, un homme qui a gagné de l’argent – et qui n’est sûrement pas un fou. En 1886, il se trouvait dans une maison à Makatea, où deux gamins commencèrent à se livrer à des polissonneries sur les nattes : instantanément leurs ventres enflèrent ; des douleurs les prirent ; tous les remèdes possibles de l’île furent essayés en vain, et les frictions ne firent qu’augmenter leurs souffrances. On appela le maître de maison, il expliqua la nature du mal, et prépara le remède. Une noix de coco fut écossée, remplie d’herbes, et avec toutes les cérémonies d’un lancement de bateau, et les formules qui dans les Paumotu répandent les charmes, confiée à la mer. Dès cet instant, les souffrances commencèrent à s’apaiser et l’enflure à diminuer. Le lecteur peut sourire. Mais je peux l’assurer que s’il fréquentait assidûment de vieux habitués des îles, il en arriverait à admettre une chose sur deux : soit qu’il y a quelque chose dans les ventres en question, ou que toute évidence humaine n’est qu’un leurre.

    Je n’ai rencontré aucune de ces dames, aux dons mystérieux ; mais je mie suis livré à une expérience de mon cru, car j’ai joué, pendant toute une nuit, le rôle de l’esprit siffleur. Un vent fatigant avait soufflé toute la journée, mais il s’était calmé à la tombée de la nuit, et la lune, alors dans son plein, roulait à travers un ciel clair. Nous allions vers le sud de l’île, sur le bord du lagon, marchant sous les hautes nefs égales des palmes, et sur un sol de sable neigeux. Aucune vie ne se manifestait ; aucun son ; jusqu’à ce que, dans une partie découverte de l’île, nous aperçûmes les cendres d’un feu, et entendîmes, non loin de là, dans une hutte sombre, des naturels parlant à voix basse. Etre assis sans lumière même en compagnie, et sous un abri, est pour un Paumotuan, un cas tout à fait étrange. Toute la scène – le puissant clair de lune et les ombres crues sur le sable, les charbons dispersés, le son atténué des voix venant de la hutte, et le clapotis du lagon sur la berge – éveilla en moi, je ne sais comment, des pensées de superstition. J’étais nu-pieds ; je remarquai que mes pas ne faisaient aucun bruit, et m’approchant de la hutte sombre, mais me tenant strictement dans l’ombre, je commençai à siffler. The Heaving of the Lead [21] était l’air – bien peu tragique, – que je sifflais. À la première note, la conversation et tout mouvement cessèrent ; le silence se prolongea tant que je continuai ; et lorsqu’à mon retour je repassai par ces lieux, je constatai que la lampe était encore allumée dans la demeure, mais les langues toujours muettes. Toute la nuit, je le crois à présent, les pauvres diables tremblèrent et restèrent silencieux. Car réellement, je ne me doutais pas, à cette époque, de la nature et de l’intensité des terreurs que je leur infligeai, ni de quelles visions d’horreur les notes de cette vieille chanson avaient peuplé la sombre maison.

    CHAPITRE V

    Funérailles paumotuanes.

    Non, je n’avais pas idée des terreurs qu’éprouvent ces hommes. Pourtant j’avais reçu, avant cela, un avertissement qui aurait dû m’éclairer, si je l’avais compris ; et cela, à l’occasion d’un enterrement.

    Un peu en retrait sur l’avenue principale de Rotoava, dans une hutte de feuilles basse qui ouvrait sur un étroit enclos, comme un auvent sur un parc à cochons, un vieillard vivait solitaire avec sa vieille femme. Peut-être étaient-ils trop âgés pour émigrer avec les autres, peut-être étaient-ils trop pauvres et n’avaient-ils pas de biens à défendre. Toujours est-il qu’ils étaient restés en arrière, et ils furent ainsi invités à ma fête. J’ose le dire, ce fut tout un drame politique dans le parc à cochons, de savoir si l’on viendrait ou si l’on ne viendrait pas, et le mari balança longtemps entre la curiosité et la considération de son grand âge, jusqu’à ce que la curiosité l’emportât ; ils vinrent, et au milieu de cette dernière fête, la mort le frappa sur l’épaule. Pendant quelques jours, quand le ciel était beau et le vent frais, on étendait sa natte sur la grande route principale du village ; et on pouvait le voir couché là inerte, pauvre débris humain, sa femme assise, également inerte, à son chevet. Ils semblaient s’être élevés au-dessus de nos besoins et de nos facultés ; ils ne parlaient, ni n’écoutaient, ils nous laissaient passer devant eux sans nous accorder un regard ; la femme ne bougeait pas, elle ne semblait prendre aucun soin de son mari, et les deux pauvres antiquités étaient là juxtaposées sous la haute voûte des palmes, comme toute la tragédie humaine réduite à ses plus simples éléments, comme un spectacle au-delà de ce qu’on peut voir de plus pathétique, excitant un frémissement de curiosité. Et un point de ce cas dramatique me hantait : la pensée que tant de jeunesse, tant de désirs avaient couru dans ces veines mourantes et que cet homme avait gaspillé ses derniers restes de vie au cours d’une partie de plaisirs.

    Le 17 septembre, au matin, le malheureux mourut, et, le temps pressant, il fut enterré le même jour, à 4 heures. Le cimetière est situé du côté de la mer, derrière le Gouvernement ; il est empierré à la surface

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