▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 29
    Prev
    Next

    nuages ; elles sont toutes couvertes de forêts variées ; toutes abondent en vivres, et toutes sont remarquables pour le pittoresque et la grandeur de leurs paysages. De l’autre côté, nous avons l’atoll, dont l’origine et l’histoire sont problématiques ; on le suppose produit par un insecte non encore identifié ; de forme annulaire, encerclant un lagon ; dépassant rarement un quart de mille dans sa plus grande largeur ; atteignant rarement, à son point culminant, la hauteur d’un homme ; ayant pour principaux habitants l’homme lui-même, le rat, le crabe terrestre ; ne produisant pas une variété de plantes beaucoup plus grande ; et n’offrant aux regards, même dans sa perfection, qu’un anneau de terre chatoyante et de vert feuillage encerclant la mer et encerclée par elle.

    Dans aucune région les atolls ne sont assemblés en masse aussi compacte ; dans aucune, ils ne sont aussi variés de forme du plus grand jusqu’au plus petit ; dans aucune la navigation n’est aussi entourée de périls que dans cet archipel où nous allions pénétrer. L’énorme système des alizés est complètement bouleversé par la multiplicité des récifs ; les coups de vent y sont fréquents, venant de l’ouest et du sud-ouest, les ouragans y sont connus. De plus les courants s’y entrecroisent d’une façon inextricable ; les routes fixes deviennent une plaisanterie ; et tel est le nombre et la similitude de ces îles qu’alors même que vous en avez reconnu une, vous n’êtes pas beaucoup plus avancé pour cela. La réputation de ces lieux est donc détestable ; les sociétés d’assurance les excluent de leur champ d’action, et ce n’est pas sans appréhension que mon capitaine risqua le Casco dans ces eaux. Je crois, d’ailleurs, qu’il est entendu que les yachts doivent éviter ce décevant archipel ; et il fallut toutes mes instances – et l’esprit d’aventure personnel de Mr. Otis – pour y poursuivre notre route.

    Pendant quelques jours nous navigâmes sous un alizé continu ; et avec un courant d’ouest qui nous maintenait sous le vent ; et le septième jour, au moment du coucher du soleil, nous comptions apercevoir Takaroa, une des îles désignées par Cook sous le nom de King Georges Islands. Le soleil s’abaissait ; dans le même temps, la vieille lune – elle-même à demi brillante, avec la pansé d’argent qui allait lui succéder – cheminait à travers les nuages amoncelés ; elle aussi nous abandonna ; des étoiles de toutes les grandeurs, de tous les degrés d’éclat, et des nuages de toutes les formes, se disputèrent la nuit clair-obscure ; et toujours nous guettions en vain Takaroa. Le second était debout sur le beaupré, sa haute silhouette grise se détachant sur le fond étoilé, et toujours

    Nihil astra prœter

    Vidit et undas.

    Le reste d’entre nous était groupé autour des bossoires scrutant avec une même assiduité, mais un plus faible espoir, l’horizon obscur. Nous apercevions bien des îles, mais elles étaient « de cette matière dont sont faits les rêves », et s’évanouissaient en un clin d’œil pour réapparaître un peu plus loin, et peu à peu, non seulement des îles, mais des feux éclatants et tournants commencèrent à ponctuer la nuit de leurs clous d’or ; phares de l’esprit ou du nerf optique épuisé, luisant d’un éclat solennel, et clignotant à notre passage. À la fin, le second lui-même désespéra, et quittant son inconfortable perchoir, grimpa sur le pont en nous annonçant que nous avions manqué notre destination. Il était le seul homme à bord ayant l’expérience de ces eaux, notre seul pilote, embarqué dans ce but à Tai-o-hae. Et si lui-même déclarait que nous avions manqué Takaroa, il n’y avait pas à discuter le fait, mais, si possible, à l’expliquer. Nous avions certainement poussé trop loin notre marche vers le sud. Notre direction déviée sur la mer et la course désordonnée que nous révélait la carte, témoignaient avec une même certitude que nous avions été poussés par un impétueux courant d’ouest. Nous n’avions pas le choix ; force était de filer de nouveau sous le vent ; et d’y maintenir le Casco, en surveillant étroitement sa marche et d’attendre le matin. Je dormis cette nuit comme j’en avais alors la dangereuse habitude, sur le pont, sur le banc du cockpit. Un bruit me réveilla pour voir tout l’orient fardé de pâle orange, les feux de l’habitacle déjà ternis par l’éclat du jour, et le timonier penché plein d’ardeur sur sa roue. « La voilà, sir ! » cria-t-il et il me désignait un point au centre de l’œil même du jour. Et d’abord, je ne vis que les bleuâtres ruines du ciel matinal, posées sur l’horizon lointain comme de fondants icebergs. Puis le soleil se leva, transperça les débris de vapeurs, et découvrit une petite île insignifiante, plate comme une assiette posée sur la mer, et semée de palmiers démesurés.

    Jusque-là, tout allait bien. Nous étions sûrement en face d’un atoll ; et non moins sûrement dans l’archipel. Mais lequel ? et où ? L’île était trop petite pour être Takaroa ; dans toute la région aucune n’était aussi peu considérable, excepté Tikei ; et Tikei, une des « îles pernicieuses », ainsi dénommées par Roggwein, semblait hors de question. À ce compte, au lieu de filer sur l’ouest, nous avions dû aller à la dérive à plus de trente milles sous le vent. Et que dire du courant ? Depuis plusieurs jours il n’avait cessé de nous entraîner vers le sud ; à en juger par la déviation de notre route pendant cette dernière nuit, nul doute qu’il ne continuât de nous pousser dans cette direction. Impossible de tirer au clair ce cas si typique de la navigation dans les îles. Mais je présente les faits tels quels : il se trouva que notre île était bien Tikei et notre première expérience du Dangereux Archipel fut d’aborder à trente milles de notre but véritable.

    La vue de Tikei, se détachant à contre-jour sur la splendeur du matin, complètement décolorée, et déformée par des arbres disproportionnés, qui ressemblaient aux crins d’un balai, nous avait inspiré une médiocre sympathie pour les atolls. Un peu plus tard, dans la même journée, nous’ découvrîmes dans des conditions plus favorables, l’île de Taiaro. Son nom signifie sans doute « Perdue en mer ». Et telle elle nous apparut ; perdue dans l’azur de la mer et du ciel ; de blanches rives en forme d’anneaux, des sous-bois verdoyants, des palmiers balançant leurs teintes de pierres précieuses ; d’une féérique et céleste beauté. La houle l’enveloppait de toutes parts, blanche comme neige, et allait se briser au loin contre un récif ignoré des cartes. Aucune fumée, aucune trace de vie humaine ; en réalité, l’île n’est pas habituée, mais seulement visitée à des intervalles irréguliers. Et pourtant un négociant (Mr. Narii Salmon) guettait de la plage, avec stupeur, le vaisseau inattendu. Depuis ce jour, j’ai passé de longs mois parmi les îles basses ; je connais l’ennui de leurs jours éternellement pareils ; le poids de leur régime. Malgré l’envie avec laquelle nous avions pu contempler du pont ces fourrés de verdure, dix fois plus grande sans nul doute fut celle avec laquelle Mr. Salmon et ses compagnons virent notre coquet navire manœuvrer pour reprendre le large.

    La nuit tombait, délicieuse, sur ces extrémités. Sitôt la lune disparue, le ciel plein d’étoiles devint admirable. Comme j’étais couché dans le cockpit, regardant le timonier, j’étais hanté par les vers d’Emerson

    And the lone seaman all the night,

    Sails astonished antong stars [15]

    Dans cette clarté lumineuse et croissante, vers 2 heures du matin, nous atteignîmes notre troisième atoll, Raraka. La ligne basse de l’île rasait le ciel ; elle semblait un chemin de halage et nous paraissions remonter quelque courant canalisé et navigable. À ce moment, un feu rouge apparut, ayant la dimension et l’éclat d’un signal ; dès lors ma comparaison n’avait plus de sens, et nous paraissions plutôt suivre le remblai d’une voie ferrée ; d’instinct les yeux cherchaient les poteaux télégraphiques, l’oreille guettait l’arrivée d’un train. Çà et là, quelques rares sommets d’arbres brisaient la platitude du paysage. Et le bruit du ressac nous accompagnait, tantôt monotone et assoupi, tantôt vibrant de menaces.

    L’île s’étendait de l’est à l’ouest, barrant notre route vers Fakarava. Il fallut raser la côte jusqu’à la pointe occidentale où, à travers un passage de huit milles de large, nous pûmes nous diriger vers le sud entre Raraka et l’île prochaine de Kauehi. Le vent était favorable, l’air léger ; mais des nuages noirs comme de l’encre commençaient à s’élever, et des éclairs brillaient – sans tonnerre. Quelque chose – je ne sais quoi – nous ramenait continuellement vers l’île. Nous nous dirigions de plus en plus vers le nord ; et le rivage semblait copier notre manœuvre et nous devançait. Une ou deux fois encore. Raraka nous dépassa – chaque fois encore le timonier fut pris au piège – enfin de nouveau le Casco s’éloigna. S’il m’avait fallu, avec la seule lumière de mon expérience, dessiner la configuration de cette île, j’aurais représenté une suite de promontoires en forme de bow-windows, chevauchant les uns sur les autres dans la direction du nord et l’ensemble du pays s’étendant du sud-est au nord-ouest, et voyez ! sur la carte, il s’étendait de l’est à l’ouest en droite ligne !

    Nous venions de répéter notre manœuvre et nous éloignions – depuis cinq minutes à peine, nous avions perdu de vue ce qui nous semblait le remblai d’une voie ferrée et cessé d’entendre le bruit du ressac – quand de nouveau j’aperçus la terre, non à l’horizon, mais juste devant nous. Je jouai le rôle du

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    L’ile au tresor – Robert Louis Stevenson
    L’île au trésor
    August 17, 2020
    enleve !, L’ – Robert Louis Stevenson
    L’enlèvé ! (Les Aventures de David Balfour 1)
    August 17, 2020
    Les Gais Lurons – Robert Louis Stevenson
    Les Gais Lurons
    August 17, 2020
    Catriona – Robert Louis Stevenson
    Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Non Fiction
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!