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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 18
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    a ses coutumes », disait Stanislas ; c’est la tâche délicate du missionnaire de les modifier ; et plus il le fera en voyant les choses du dedans, et en se plaçant au point de vue indigène, meilleure sera sa besogne ; et là, je crois que les catholiques ont parfois l’avantage ; dans le vicariat de Dordillon, ils l’avaient certainement. J’ai entendu blâmer l’évêque à cause de son indulgence pour les naturels, et parce qu’il ne sévissait pas avec une énergie suffisante contre le cannibalisme. C’était une forme de sa politique de vivre parmi les insulaires comme un frère aîné ; de suivre, là où il pouvait ; de diriger, là où il fallait ; de ne jamais forcer ; et d’encourager le développement des coutumes nouvelles au lieu de déraciner violemment les anciennes. Et tout irait bien mieux à la longue, si cette politique était généralement appliquée.

    On pourrait croire les missionnaires indigènes plus indulgents ; mais c’est tout le contraire. Le balai neuf emporte tout ; et le missionnaire blanc d’aujourd’hui est souvent embarrassé par la bigoterie de son coadjuteur indigène. Comment s’attendre à autre chose ? Dans quelques îles, la sorcellerie, la polygamie, les sacrifices humains et l’usage du tabac ont été prohibés, l’habillement des naturels transformé ; et, lui-même, fortement mis en garde contre des sectes de chrétienneté rivales ; et tout cela par le même homme, au même moment et avec une égale autorité. Quel critérium aidera le nouveau converti à distinguer l’essentiel du superflu ?

    Il avale l’élixir tel quel ; il n’y a eu aucun effort d’intelligence, aucune instruction, et sauf un motif brutal d’utilité quant aux prohibitions, aucun progrès. Pour rappeler les choses par leur nom, c’est là enseigner de la superstition. Il est regrettable de devoir employer ce mot ; si peu de personnes ont lu l’histoire, si peu ont jeté même un coup d’œil sur de petits manuels d’athéisme, que la majorité va s’empresser de conclure et décréter que toute la peine est perdue. Et loin de là : ces superstitions semi-spontanées, variant suivant la secte des évangélistes primitifs, et les coutumes de l’île, se trouvent être, en pratique, extrêmement fécondes ; et, en particulier, ceux qui les ont apprises et s’en vont pour les enseigner à leur tour, offrent un exemple au monde. Le plus beau spécimen du héros chrétien que j’aie jamais rencontré était un de ces missionnaires indigènes. Il avait sauvé deux vies au péril de la sienne ; comme Nathan, il avait bravé un tyran à l’heure du sang. Quand toute une population prit la fuite, lui seul demeura à son poste ; et dans les épreuves intimes auxquelles le public demeure étranger, sa conduite emplissait le spectateur de sympathie et d’intérêt. Un pauvre petit homme souriant et laborieux, semblait-il ; et vous doutiez s’il y avait en lui rien de plus que ce qu’il possédait réellement en trop grande abondance : la complaisance et la bonté !

    Or les seuls concurrents de Monseigneur et de sa Mission des Marquises furent certains de ces évangélistes à peau brune, natifs de Hawaï. J’ignore ce qu’ils pensaient du Père Dordillon ; ils sont la seule classe que je n’aie pas interrogée ; mais je soupçonne le prélat de les avoir regardés de travers, car il était éminemment humain. Pendant mon séjour à Taï-o-hae, le temps des vacances annuelles arriva pour l’école des filles ; et une vraie flotte de baleinières arriva de Ua-pu, afin de rapatrier les jeunes filles de cette île. À bord de l’une d’elles se trouvait Kauwealoha, l’un des pasteurs, un vieux gentleman, beau et rude, de ce type léonin si répandu à Hawaï. Il me fit une visite sur le Casco et me raconta l’histoire d’un de ses collègues,

    Kekela, missionnaire dans la grande île cannibale de Hiva-oa. Peu après la visite d’un négrier péruvien, venu pour enlever des enfants, me dit-il, les bateaux d’un baleinier américain, ayant relâché dans une baie de cette île, furent attaqués et échappèrent à grand-peine, abandonnant leur contre-maître, un Mr. Wha-Ion, entre les mains des naturels. Le captif, les bras liés derrière le dos, fut jeté ainsi dans une maison ; et le chef annonça la capture à Kekela. Et, ici, je commence à transcrire la version de Kauwealoha ; c’est un bon spécimen d’anglais canaque ; et le lecteur est invité à se l’Imaginer débité avec une emphase violente et une pantomime parlante :

    “I got “Melican mate”, the chief he say. “What you go do” Melican mate ? ‘ Kekela he say. “I go make fire, I go kill, I go eat him”, he say “you come to-mollow eat piece”. “I not want eat” Melican mate ! “Kekela” he say ; “why you want ?”, “This bad shippee, this slave shippee”, the chief he say. “One time a shippee he come from Pelu, he take away plenty Kanaka, he take away my son. Melican mate he bad man. I go eat him ; you eat piece”, “I no want Melican mate !” Kekela he say ; and he cly – all night he cly ! To-mollo Kekela he get up, he put on blackee coat, he go see chief ; he see Missa Whela, him hand tie” like this (Pantomime) “Kekela he cly. He say chief : – “Chief, you like things of mine ? you like wahle-boat ?”, “Yes”, he say. “You like file-a’m ?” (fire-arms). “Yes”, he say. “You like blackee coat ?”. “Yes”, he say. Kekela he take Missa Whela by he shoul’a (shoulder), he take him light out house ; he give chief he whale-boat, he file-a’m, he blackee coat. He take Missa Whela he house, make him sit down with he wife and chil’en. Missa Whela all-the-same pelison (prison) ; he wife, he chil’en in Amelica ; he cly – Oh. he cly. Kekela he solly. One day Kekela he see ship. (Pantomime.) He say Missa Whela, “Ma Whala ?” Missa Whela he say, “Yes, Kanaka they begin go down beach. Kekela he get eleven Kanaka, got oa (oars), get evely thing.”, He say “Missa Whela, Now you go quick. They jump in whale-boat. Now you low !” Kekela he Say : “you low quick, quick !” (Violent pantomime, and a change indicating that the narrator has left the boat and returned to the beach.) All the Kanaka they say, “How. Melican mate he go away ?” – “jump in boat ; low afta.” (Violent pantomime and change again to boat.) Kekela he say, Low quick ! [11]

    Je crois qu’à ce moment, la pantomime de Kauwealoha m’avait déconcerté ; je ne me souviens plus de son ipsissima verba ; et je puis seulement ajouter, dans mon propre style, bien moins pittoresque, que le navire fut atteint, Mr. Whalon pris à bord, et que Kekela retourna à ses fonctions parmi les cannibales. Mais quelle injustice, de traduire les bégaiements d’un étranger dans une langue imparfaitement connue ! Un lecteur superficiel pourrait regarder Kauwealoha et son collègue comme des types d’aimables babouins ; mais j’ai là un antidote. Pour récompenser son acte de courageuse charité, le gouvernement américain fit don à Kekela d’une somme d’argent, et le Président Lincoln lui offrit personnellement une montre en or. De sa lettre de remerciements, écrite dans sa propre langue, je donne l’extrait suivant. Je n’envie pas l’homme qui pourra le lire sans émotion :

    « Quand je vis l’un de vos compatriotes, un citoyen de votre grande nation, brutalisé et au moment d’être cuit et mangé, comme un porc est mangé, je courus pour le sauver, plein de pitié et de douleur à la vue de la mauvaise action qu’allaient commettre ces gens, encore plongés dans les ténèbres de l’esprit. Je donnai mon bateau en échange de la vie de l’étranger. Ce bateau venait de James Hunnewell, c’était un don de l’amitié. Il devint la rançon de ce compatriote à vous afin qu’il ne fût pas mangé par les sauvages qui ne connaissaient pas Jéhovah. C’était Mr. Whalon, et cela se passait le 14 janvier 1864.

    Quant à la bonne action que j’ai faite en sauvant Mr. Whalon, elle est le fruit d’une semence venue de votre grand pays, apportée par certains de vos compatriotes qui avaient reçu l’amour de Dieu. Elle a été plantée dans Hawaï et je l’ai transplantée dans ce pays, et dans ces régions obscures, afin qu’ils connussent la source de tout ce qui est bon et vrai, c’est-à-dire l’amour :

    1° L’amour de Jéhovah.

    2° L’amour de soi.

    3° L’amour du prochain.

    Si un homme possède ces trois choses suffisamment, il est bon et saint, comme son Dieu Jéhovah, dans son triple caractère (Père, Fils et Saint-Esprit), un en trois personnes, et trois personnes en une seule. S’il en a deux et pas la troisième, ce n’est pas bien ; s’il en a une et que les deux autres lui manquent, ceci, en vérité, n’est pas bien ; mais s’il chérit les trois, alors il est réellement saint, selon la Bible.

    C’est là une grande chose et dont votre nation peut se glorifier à la face de toutes les nations de la terre. De votre grand pays, la semence la plus précieuse a été apportée au pays des ténèbres. Elle y a été. implantée non à l’aide de fusils, d’hommes de guerre et de menaces, elle a été plantée par l’intermédiaire des ignorants, des négligés, des méconnus. Telle fut l’introduction de la Parole de Dieu Tout-Puissant dans ce groupe de Nuuhiwa. Grande est ma dette envers les Américains qui m’ont enseigné toutes choses ayant trait à cette vie et à celle qui doit venir.

    Comment reconnaîtrai-je votre grande bonté envers moi ? Ainsi

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