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    2. Dans les mers du sud
    3. Chapitre 17
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    suivant le cours de pensées différentes s’étendait, à la fin, sur l’estime que les Marquisans font de ces biens, et comme ils le préfèrent à tout autre, sauf celui de la terre, et quels prix fantaisistes ils pourraient atteindre. Usant de ses propres chiffres, je calculai que dans ce seul article, les présents de Vaekehu et Stanislas représentaient entre 2 et 300 dollars ; et le salaire officiel de la reine est de 240 francs par an ! Mais, la générosité, d’une part, et la cupidité affichée de l’autre sont une exception dans les mers du Sud comme chez nous. C’est sans aucun espoir de bénéfice, et sans le moindre désir de plaire, que le Polynésien ordinaire choisit et offre ses présents. Ils représentent pour lui un simple devoir social auquel il se conforme correctement, mais sans le moindre enthousiasme. Et nous comprendrons mieux son état d’esprit si nous le comparons avec le nôtre dans l’absurdité analogue des cadeaux de mariage. Nous donnons, dans cette circonstance, sans aucune pensée de retour ; pourtant, si le cas se présente, et que nous soyons oubliés, nous nous considérons comme offensés. Nous les offrons généralement sans affection, et pour ainsi dire jamais avec un véritable désir de plaire ; et nos présents sont plutôt une preuve de notre situation que la mesure de notre affection pour celui qui les reçoit. Ainsi en va-t-il avec la générosité des Polynésiens ; leurs présents sont une formalité ; ils n’impliquent rien de plus qu’une reconnaissance sociale ; et ils sont donnés et rendus exactement comme nous faisons et rendons nos visites. Et la coutume de souligner les événements et de donner la mesure de ses sentiments par des présents, est universelle dans le monde des îles. Un présent joue pour eux le rôle d’un timbre ou d’un cachet ; et le rôle est entré profondément dans l’esprit des insulaires. La paix et la guerre, les mariages, les adoptions, les naturalisations, sont célébrés ou déclarés par l’acceptation ou le refus de présents ; un insulaire apporte un cadeau aussi naturellement que nous déposons une carte de visite.

    CHAPITRE X

    Un portrait et une histoire

    J’ai eu plusieurs fois l’occasion de nommer l’ancien évêque, le Père Dordillon, « Monseigneur », ainsi qu’on l’appelle encore universellement, vicaire apostolique des îles Marquises et évêque in partibus de Cambysopolis. Dans toutes les îles, parmi toutes les classes et toutes les races, on se souvient avec affection et respect de ce vieillard aimable, fin et enjoué. Son influence sur les indigènes était souveraine. Ils le considéraient comme le plus grand des hommes – plus grand qu’un amiral ! – lui confiaient leur argent en garde, lui demandaient conseil dans leurs entreprises, et n’auraient pas planté un arbre sur leurs propres terres sans l’approbation du père des îles. Durant l’exode des Français, il resta seul pour représenter l’Europe, habitant la Résidence et gouvernant par l’intermédiaire de Temoana. Les premières routes furent faites sous ses auspices, et à sa requête. La vieille route qui va de Hatiheu à Anaho fut commencée de chaque côté afin de faire une promenade du soir agréable et fut menée à bien en exploitant la rivalité des deux villages. Le prêtre vantait à Hatiheu les progrès faits à Anaho et disait à la population d’Anaho : « Si vous ne prenez garde, vos voisins auront franchi la colline avant que vous ne soyez même parvenus au sommet ! » On ne pourrait faire de même aujourd’hui ; on le pouvait alors ; la mortalité, l’opium et la dépopulation n’étaient pas arrivés au degré actuel. Les habitants de Hatiheu rivalisaient d’élégance, et avaient coutume de s’en aller, par bandes, dans la fraîcheur des soirs, canotant et ramant dans la baie. Il y a une apparence de vérité dans l’opinion commune qui veut que le double règne de Temoana et de l’évêque ait été le dernier et fugitif âge d’or des îles Marquises. Mais le pouvoir civil fut rétabli, la mission fut mise à la porte de la Résidence en vingt-quatre heures de temps, de nouvelles méthodes survinrent, et ce fut la fin de l’âge d’or quel qu’il fût ! C’est la preuve la plus évidente du prestige du Père Dordilion, d’avoir survécu, sans rien y perdre, à cette brusque déposition.

    Sa méthode avec les indigènes était d’une extrême douceur. Il jouait toujours, parmi ces enfants barbares, le rôle du père indulgent ; et il avait soin d’observer dans les moindres choses l’étiquette marquisane. Ainsi dans le singulier système de parenté artificielle, l’évêque avait été adopté par Vaekehu comme un petit-fils ; Miss Fisher de Hatiheu, comme une fille. De ce jour. Monseigneur s’adressa toujours à la jeune femme comme à sa mère, et terminait ses lettres avec les formalités d’un fils respectueux. Avec les Européens, il se montrait strict jusqu’à friser la sévérité. Il ne faisait pas de distinction pour les hérétiques avec qui il était en termes amicaux ; mais il entendait que les règles de son église fussent observées ; et une fois, au moins, il fit jeter un blanc en prison pour avoir profané un jour saint. Mais, même cette rigueur, si intolérable à des laïques, si irritante pour les Protestants, ne put ébranler sa popularité. Nous la mesurerons mieux encore par des exemples de chez nous : nous avons tous connu, plus ou moins, quelque pasteur de la vieille école, en Ecosse, strict observateur du sabbat, formaliste de la loi, prise à la lettre, qui, dans sa vie privée, n’en était pas moins modeste, naïf, de bonne humeur et joyeux. Voilà le genre d’homme que semble avoir été le Père Dordillon. Et sa popularité résista à une pire épreuve. Il avait la réputation, probablement méritée, d’un homme avisé en affaires, et sachant maintenir l’équilibre dans le budget de la mission. Rien n’expose à autant de ressentiments que la religion s’immisçant dans le commerce ; mais les commerçants rivaux eux-mêmes parlaient avec respect de Monseigneur.

    C’est dans l’histoire de ses derniers jours que son caractère se dessine le mieux. Il vint un temps où, sa vue baissant, il dut renoncer à ses travaux littéraires : ses hymnes, ses grammaires, ses dictionnaires marquisans, ses journaux scientifiques, ses vies de saints, et ses poésies religieuses. Il se chercha des intérêts nouveaux : se lança dans le jardinage, et tout le jour on put le voir avec la bêche et l’arrosoir, courant entre les plates-bandes avec une ardeur d’enfant ! Un pas de plus dans le déclin, et il dut abandonner aussi son jardin. Instantanément, une nouvelle occupation fut imaginée, et on le vit, assis à la mission, découpant des fleurs et des guirlandes en papier. Son diocèse était trop étroit pour son activité ; toutes les églises des Marquises furent décorées de l’ouvrage de ses mains, et toujours il fallait en faire de nouveau. « Ah ! disait-il en souriant, quand je ne serai plus, quel bon temps vous passerez à mettre en ordre tout mon fatras ! » Il était mort depuis six mois environ, mais j’eus le plaisir de voir quelques-uns de ses trophées encore exposés, et je les contemplai avec un sourire, tribut qu’il aurait préféré (si j’ai bien compris son heureux caractère) à d’inutiles larmes. La maladie continua progressivement de le réduire à l’inaction ; lui qui avait si vaillamment escaladé les rudes rochers des Marquises, apportant la paix aux élans belliqueux, fut pendant quelque temps encore porté sur une chaise de la mission à l’église, et finalement confiné au lit, immobilisé par l’hydropisie et tourmenté par une sciatique et des ulcères. C’est là qu’il demeura couché deux mois durant sans se plaindre ; et le 11 janvier 1888, dans la soixante-dix-neuvième année de sa vie et la trente-quatrième de ses travaux dans les îles Marquises, il rendit l’âme.

    Ceux qui trouvent un plaisir à entendre décrier les Missions tant catholiques que protestantes, ne le trouveront pas dans mes pages. Catholiques et protestants, malgré toutes leurs imperfections, avec toute leur absence de candeur, d’esprit, de sens commun, les missionnaires demeurent les blancs les plus utiles et les meilleurs du Pacifique. Ce sujet nous suivra jusqu’au bout, mais un de ses côtés peut parfaitement être traité ici. Les missionnaires mariés ou célibataires ont chacun leurs avantages et leurs défauts propres. Le missionnaire marié, pris dans son aspect le meilleur, peut offrir au naturel ce qu’il a grand besoin de voir : un tableau élevé de la vie domestique ; mais la femme attachée à ses côtés tend à le garder en contact avec l’Europe, et moins avec la Polynésie et à introduire des coutumes paroissiales qu’il vaudrait bien mieux oublier. Ainsi, l’esprit de la femme missionnaire est continuellement occupé de toilettes ! Elle comprend difficilement qu’aucun costume puisse être convenable en dehors de ceux de Clapham Common ; et pour satisfaire à ce préjugé, l’indigène s’engage dans des dépenses superflues, son esprit s’imprègne des morbidités de l’Europe, et sa santé se trouve en danger.

    Le missionnaire célibataire, d’autre part, et que ce soit un bien ou un mal, tombe facilement dans les manières de vivre du pays ; à quoi il ajoute, ce qui est généralement la marque d’un célibataire libre de ses actes, ou un héritage des saints du Moyen Age : je veux dire, la négligence dans ses habitudes et la malpropreté sur sa personne. En cela, bien entendu, il y a des degrés ; et la religieuse (naturellement, et c’est tout à son honneur) est pimpante comme une dame au bal. Pour le régime, il n’y a rien à dire – il doit surprendre et choquer le Polynésien – mais pour l’adoption des coutumes indigènes, c’est autre chose.

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