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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 55
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    ce changement.

    – Allons, allons, dit-il, vous êtes plus affecté que vous ne voulez le laisser voir ; sans quoi vous ne parleriez pas ainsi de votre solitude. Vous avez là trois lettres ; cela représente trois personnes qui vous veulent du bien ; et j’en pourrais nommer deux autres, dans cette pièce-ci. Je ne vous connais pas depuis bien longtemps, mais Catriona, lorsque nous sommes à nous deux, n’en finit pas de chanter vos louanges.

    À ces mots elle le regarda, un peu effarouchée, mais il passa aussitôt à un autre sujet : l’étendue de ma fortune, sur laquelle il s’appesantit durant presque tout le repas. Mais il ne lui servit à rien de dissimuler ; il avait abordé le sujet avec trop de maladresse, et je savais ce qui m’attendait. Le dîner à peine terminé, il acheva de découvrir ses batteries. Prétextant une commission, il renvoya Catriona.

    – Vous en avez à peu près pour une heure ajouta-t-il, et l’ami David aura l’obligeance de me tenir compagnie jusqu’à votre retour.

    Sans répliquer, elle se hâta d’obéir. J’ignorais si elle comprenait, j’en doute ; mais j’étais pour ma part complètement édifié et j’attendais de pied ferme ce qui allait suivre.

    La porte s’était à peine refermée sur elle que notre homme se carra dans son fauteuil, et m’interpella, en affectant beaucoup d’aisance. Une seule chose le trahissait, à savoir son visage qui se couvrit aussitôt de fines gouttelettes de sueur.

    – Je suis bien aise de pouvoir causer seul avec vous, me dit-il, car dans notre premier entretien vous avez mal interprété quelques-unes de mes expressions, et je désire depuis longtemps vous les expliquer. Ma fille reste au-dessus de tout soupçon. Vous aussi, et je suis prêt à le soutenir de mon épée contre tous contradicteurs. Mais, mon cher David, ce monde est plein de censeurs, et je suis bien placé pour le savoir, moi qui n’ai cessé de vivre, depuis le décès de feu mon père – Dieu ait son âme ! – dans un parfait réseau de calomnies. Il nous faut, vous et moi, tenir compte de cela ; nous ne pouvons l’ignorer.

    Et il hocha la tête comme un prédicateur en chaire.

    – Où voulez-vous en venir, monsieur Drummond ? fis-je. Je vous serais obligé de me développer votre point de vue.

    – Oh ! oh ! fit-il en riant, je reconnais bien là votre caractère ! et c’est ce que j’aime le mieux chez vous. Mais mon point de vue, mon digne ami, est un peu délicat. (Il se versa un verre de vin.) Quoique entre vous et moi, qui sommes si bons amis, cela ne doit pas nous retenir longtemps. Ce point de vue, j’ai à peine besoin de vous le dire, c’est ma fille. Et je vous dirai tout d’abord que je ne vous reproche rien. Dans ces malheureuses circonstances, que pouviez-vous faire d’autre ? Je ne le vois réellement pas.

    – Je vous en remercie, monsieur, répliquai-je, de plus en plus sur mes gardes.

    – J’ai d’ailleurs étudié votre caractère, continua-t-il, vous êtes bien doué ; vous semblez modérément rusé, ce qui ne nuit pas ; et l’un dans l’autre, je suis très heureux de pouvoir vous annoncer que je me suis décidé pour le second des deux moyens possibles.

    – Je ne vous comprends pas, fis-je. De quels moyens parlez-vous ?

    Il se décroisa les jambes et fronça les sourcils d’un air menaçant.

    – Ma foi, monsieur, je crois superflu de les expliquer à un gentilhomme de votre rang ; c’est : ou bien que je vous coupe la gorge, ou bien que vous épousiez ma fille.

    – Voici enfin que vous parlez net.

    – Et je crois que j’ai parlé net dès le début ! s’écria-t-il avec vigueur. Je suis un père scrupuleux, monsieur Balfour ; mais, grâce à Dieu, je suis aussi un homme patient et réfléchi. Il y a beaucoup de pères, monsieur, qui vous auraient traîné aussitôt à l’autel ou sur le terrain. Mon estime pour votre caractère…

    – Monsieur Drummond, interrompis-je, si vous avez la moindre estime pour moi, je vous prie de modérer votre voix. Il n’est pas du tout nécessaire de hurler, avec un gentilhomme qui est dans la même chambre que vous et qui vous écoute avec la plus grande attention.

    – Ma foi, vous avez raison, dit-il, en changeant aussitôt de ton. Mais il vous faut excuser les mouvements d’un père.

    – Je comprends donc, repris-je – car je ne ferai pas mention de cette autre alternative, que vous auriez peut-être mieux fait de passer sous silence – je comprends que vous ne me décourageriez pas, dans l’hypothèse où je serais disposé à vous demander la main de votre fille.

    – On ne saurait mieux exprimer ce que je veux dire, fit-il, et je crois que nous allons nous entendre.

    – Cela reste encore à voir, répliquai-je ; mais en attendant je ne puis vous cacher que je porte à la demoiselle en question les plus tendres sentiments et que je ne saurais rêver un meilleur sort que d’obtenir sa main.

    – J’en étais sûr, je vous reconnais bien là, David, s’écria-t-il en me tendant la main.

    Je le repoussai.

    – Pas si vite, monsieur Drummond. Il y a au préalable des conditions à poser ; et nous avons devant nous des difficultés qu’il ne sera pas commode de surmonter. Je vous ai dit que de mon côté ce mariage ne rencontre pas d’objection, mais j’ai de fortes raisons de croire qu’il n’en est pas de même pour la demoiselle.

    – Cela n’a aucune importance, fit-il. Je vous garantis qu’elle acceptera.

    – Vous oubliez, je crois, monsieur Drummond, que tout en discutant avec moi vous venez de vous laisser aller à deux ou trois expressions malsonnantes. Je ne veux pas que la jeune personne en entende de semblables. Je suis ici pour nous représenter tous les deux, et je vous avertis que je ne me laisserai pas imposer une épouse, pas plus que je ne laisserai imposer un mari à la jeune personne.

    Il me considérait d’un air indécis, et fort en colère. Je repris :

    – Voici donc le meilleur parti à suivre. J’épouserai miss Drummond, et cela volontiers, pourvu qu’elle soit entièrement consentante. Mais si elle y répugne le moins du monde, comme j’ai des raisons de le craindre, jamais je ne l’épouserai.

    – Bon, bon, fit-il, c’est une petite affaire. Dès qu’elle sera de retour je la sonderai un peu, et j’espère vous rassurer…

    Mais je le coupai à nouveau.

    – Vous ne vous en mêlerez pas, monsieur Drummond, ou je refuse, et vous pourrez chercher un autre parti pour votre fille. C’est moi qui vais être le seul marchand et le seul juge. Je veux être édifié exactement, et personne d’autre ne s’en mêlera – vous moins que personne.

    – Ma parole, monsieur ! s’écria-t-il, et qui donc allez-vous juger ?

    – La prétendue, je pense.

    – C’est une gageure. Vous tournez le dos à l’évidence. Cette jeune fille est ma fille et n’a pas à choisir. Elle est perdue d’honneur.

    – Ici, je vous demande pardon, repris-je, mais en tant que cette affaire nous concerne vous et moi, ce que vous dites là est faux.

    – Quelle garantie en ai-je ? Vais-je laisser dépendre d’un peut-être la réputation de ma fille ?

    – Vous auriez dû y réfléchir depuis longtemps, avant même d’avoir eu la malencontreuse inspiration de l’égarer, et non ensuite, alors qu’il est trop tard. Je refuse de me considérer en aucune façon comme responsable de votre négligence, et je ne me laisserai intimider par personne au monde. Ma résolution est entièrement prise, et advienne que pourra, je ne m’en écarterai pas de l’épaisseur d’un cheveu. Nous allons, vous et moi, rester ici ensemble jusqu’à son retour ; et alors, sans que vous lui adressiez ni un mot ni un regard, elle et moi nous ressortirons pour causer. Si elle peut m’assurer qu’elle consent à cette démarche, je l’accomplirai ; dans le cas contraire, j’y renoncerai.

    Il bondit de son siège.

    – Je vois votre manœuvre, exclama-t-il. Vous voudriez l’amener à refuser.

    – Ce n’est pas impossible, répliquai-je. Mais quoi qu’il en soit, cela se passera comme je l’ai dit.

    – Et si je refuse ?

    – En ce cas, monsieur Drummond, il ne nous restera plus qu’à nous couper la gorge.

    Ce ne fut pas sans trembler que je prononçai le mot, car la carrure de notre homme, la longueur de son bras et son habileté bien connue à l’escrime me donnaient matière à réfléchir, sans compter qu’il était le père de Catriona. Mais j’aurais pu m’épargner ces craintes. À voir la pauvreté de mon gîte – il ne remarqua point les costumes de sa fille, qui étaient tous également nouveaux pour lui – et du fait que je m’étais montré peu disposé à lui prêter de l’argent, il avait conçu une forte idée de ma pauvreté. La nouvelle inattendue de ma fortune le convainquit de son erreur. Il n’avait fait qu’un bond sur cette nouvelle occasion, et il s’y était déjà si fort attaché qu’il eût, je crois, tout supporté plutôt que d’en venir à l’alternative du combat.

    Quelques minutes encore il prolongea la discussion, mais je trouvai enfin un argument qui lui ferma la bouche.

    – Puisque vous répugnez à me laisser voir la demoiselle sans témoins, lui dis-je, il me faut supposer que vous avez de bonnes raisons de croire que je ne me trompe pas sur son mauvais vouloir.

    Il balbutia une défaite quelconque.

    – Mais tout ceci est des plus préjudiciables à notre honneur à tous deux, ajoutai-je ; nous ferions mieux de garder un silence prudent.

    C’est ce que nous fîmes jusqu’au retour de la jeune fille, et je ne puis m’empêcher de croire qu’un témoin survenant à l’improviste nous eût trouvé un air fort sot.

    XXVIII

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