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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 51
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    je perçus une voix qui résonnait faible et étouffée dans l’épaisseur de mes vêtements.

    – L’avez-vous embrassée réellement ? fit-elle.

    Un tel sursaut de surprise me traversa que j’en fus tout secoué.

    – Miss Grant ! m’écriai-je, tout éperdu. Hé oui ! je lui ai demandé de l’embrasser en nous séparant, et elle me l’a permis.

    – Bah ! tant pis ! s’écria-t-elle. Vous m’avez embrassée aussi, en tout cas.

    À l’étrange douceur de cette parole, je compris où nous en étions tombés ; je me relevai, et la remis debout.

    – Cela ne peut continuer ainsi, fis-je. Non, cela ne peut absolument continuer ainsi. Ô Catriona, Catriona. Puis il y eut une pause durant laquelle je restai totalement privé de la parole. Je repris enfin : Allez vous coucher. Allez, et laissez-moi.

    Elle m’obéit et s’éloigna docile comme un petit enfant. Mais je ne tardai pas à m’apercevoir qu’elle s’était arrêtée sur le seuil.

    – Dormez bien, David, me dit-elle.

    – Et vous aussi, dormez bien, ô mon amour ! m’écriai-je, dans un élan de tout mon être.

    Et je la serrai de nouveau contre moi, à la briser. Un instant plus tard je l’avais repoussée hors de ma chambre et, fermant la porte avec violence, je restai seul.

    Le lait était donc répandu, le mot fatal prononcé, et la vérité avouée. Je m’étais insinué tel un malhonnête homme dans l’affection de cette pauvre fille ; elle était à ma merci ; et quelle arme défensive me restait-il ? Je crus avoir un symbole dans le fait qu’Heineccius, mon ancien protecteur, était à présent consumé. Je me repentais, mais sans trouver le courage de me blâmer pour ce suprême échec. Il m’eût été impossible de résister à la hardiesse de son innocence ou à cette suprême tentation qu’étaient ses larmes. Et tout ce que j’avais comme excuse ne faisait que me montrer mieux la grandeur de ma faute – car je semblais avoir escompté les avantages que m’offraient et sa nature sans défense, et notre situation.

    Qu’allions-nous devenir désormais ? Nous ne pouvions plus demeurer sous le même toit. Mais où irais-je ? où irait-elle ? Sans plus de volonté de notre part que de faute, la vie avait conspiré pour nous claquemurer ensemble dans cet étroit appartement. La tentation folle me prit de l’épouser sur-le-champ, mais je repoussai cette tentation avec horreur. Elle n’était qu’une enfant, elle s’ignorait elle-même, j’avais surpris sa faiblesse, je ne devais pas continuer à faire fond sur cette surprise ; je devais la garder non seulement à l’abri de tout reproche, mais libre comme elle était venue à moi.

    Assis par terre devant l’âtre, je réfléchissais, me rongeant de remords, et me creusant la tête en vain pour trouver une issue. Vers deux heures du matin, lorsqu’il ne resta plus que trois tisons rouges et que la maison dormait ainsi que toute la ville, je perçus dans la chambre voisine un petit bruit de sanglots étouffés. Elle me croyait endormi, la pauvre petite ; elle regrettait sa faiblesse – qu’elle appelait peut-être, Dieu lui pardonne, sa faute – et dans la nuit noire elle s’abandonnait aux larmes La tendresse et l’amertume, l’amour, le repentir et la pitié se disputaient son âme ; je crus de mon devoir d’apaiser ces pleurs.

    – Oh ! si vous pouviez me pardonner ! m’écriai-je, je vous en prie, pardonnez-moi ! Oublions tout cela, efforçons-nous d’oublier !

    Il n’y eut pas de réponse, mais les sanglots cessèrent Je demeurais longtemps les mains jointes, comme je les avais en parlant ; puis le froid de la nuit s’empara de moi ; je frissonnai, et la raison me revint.

    – Tu ne peux rien à tout ceci, Davie, me dis-je. Mets-toi au lit comme un enfant sage et essaie de dormir. Tu y verras plus clair demain.

    XXV

    Le retour de James More

    Au matin, j’avais fini par m’endormir d’un mauvais sommeil lorsque je fus réveillé par un coup frappé à ma porte. Je me hâtai d aller ouvrir mais je crus défaillir, accablé sous la violence de sentiments contradictoires, en voyant sur le seuil, vêtu d’un manteau de brigand et d’un démesuré chapeau à galons, James More.

    Peut-être aurais-je dû éprouver un bonheur sans mélange puisque dans un sens cet homme surgissait comme une réponse à mes vœux. Je m’étais redit à satiété que je devais me séparer de Catriona et je m’étais creusé la tête pour trouver un moyen quelconque de nous séparer. Or, bien que ce moyen fût venu à moi sur ses deux jambes la joie restait le dernier de mes sentiments. Il faut considérer néanmoins que, tout en me délivrant du fardeau de l’avenir, son arrivée n’en faisait pas moins peser la plus noire menace sur le présent, si bien qu’au premier moment où je me trouvai devant lui en chemise et en culotte je faillis bondir en arrière frappé d’une balle.

    – Enfin, dit-il, je vous trouve, monsieur Balfour.

    Il me tendit sa large main blanche, que je pris avec hésitation, tout en gagnant mon poste dans le cadre de la porte, comme si je songeais à lui barrer le passage.

    – Il est singulier, reprit-il, de voir à quel point nos intérêts s’enchevêtrent. Je vous dois mes excuses pour ma regrettable intrusion dans les vôtres, mais je m’y suis laissé entraîner par ma confiance envers ce faux visage de Prestongrange. J’ai honte de vous avouer que j’ai jamais pu me fier à un homme de loi (il haussa les épaules d’une manière bien française), mais l’apparence de cet homme est si trompeuse ! Et maintenant il paraît que vous vous êtes très noblement occupé de ma fille, dont on m’a envoyé vous demander l’adresse.

    – Je crois, monsieur, lui dis-je, d’un air fort contraint, qu’il sera nécessaire que nous ayons tous les deux une explication.

    – Il n’y a rien qui cloche ? demanda-t-il. Mon agent, M. Sprott…

    – Pour l’amour de Dieu, modérez votre voix ! m’écriai-je. Elle ne doit pas nous entendre avant que nous ayons eu cette explication.

    – Elle est donc ici ?

    – Voilà la porte de sa chambre.

    – Vous êtes ici seul avec elle ?

    – Et qui voudriez-vous que je fasse loger avec nous ?

    Je lui rendrai cette justice d’avouer qu’il pâlit.

    – C’est fort incorrect, fit-il. C’est une circonstance des plus incorrectes. Vous avez raison : il faut que nous ayons une explication.

    Disant ces mots, il passa devant moi, et je dois reconnaître que le vieux gredin prit à ce moment une extraordinaire dignité. D’où il était, il pouvait enfin voir dans ma chambre, et il la fouilla du regard. Un rayon de soleil matinal qui pénétrait par les carreaux de la fenêtre en faisait ressortir la nudité ; on n’y voyait rien d’autre que mon lit, mes malles, ma cuvette de toilette, avec quelques habits en désordre, et la cheminée sans feu ; ce logis misérable, à l’aspect froid et désolé, convenait aussi peu que possible pour abriter une jeune personne. En même temps, je me ressouvins des vêtements que je lui avais achetés ; et je reconnus que ce contraste de pauvreté et de prodigalité offrait mauvaise apparence.

    Il chercha par toute la pièce un siège. N’en trouvant d’autre que mon lit, il prit place sur le bord de celui-ci ; et, après avoir fermé la porte, je ne pus éviter d’aller m’y asseoir à son côté, car ce singulier entretien, quelle que dût en être l’issue, devait autant que possible avoir lieu sans éveiller Catriona ; et il nous fallait pour cela rester l’un près de l’autre et parler bas. Mais nous faisions un couple vraiment grotesque : lui dans son grand surtout que le froid de ma chambre rendait tout à fait de circonstance ; moi grelottant en chemise et en culotte ; lui avec une physionomie de juge, et moi (sans parler de mon air) avec à peu près les sentiments d’un homme qui a ouï les trompettes du jugement dernier.

    – Eh bien ? fit-il.

    – Eh bien… commençai-je.

    Mais je me trouvai hors d’état de poursuivre.

    – Vous dites qu’elle est ici ? reprit-il, mais cette fois avec un rien d’impatience qui me stimula.

    – Elle est dans la maison, répondis-je, et je n’ignorais pas que ce détail pourrait être qualifié d’incorrect. Mais vous devez considérer à quel point toute l’affaire a été dès le début incorrecte ! Voilà une jeune personne que l’on débarque sur les côtes d’Europe avec deux shillings et un penny et demi. Elle est adressée à ce M. Sprott d’Helvoet, que vous venez d’appeler votre agent. Tout ce que je puis dire, c’est qu’il ne sut que blasphémer et jurer au seul énoncé de votre nom, et je fus contraint de le soudoyer de ma poche pour qu’il acceptât de recevoir ses effets en dépôt. Vous parlez de circonstances incorrectes, monsieur Drummond. Disons plutôt, si vous le voulez bien, que c’était une barbarie de l’exposer à une telle avanie.

    – Mais c’est ce que je ne comprends pas du tout, fit James. Ma fille avait été confiée aux soins de gens honorables, dont j’ai oublié le nom.

    – Ils s’appelaient Gebbie, répliquai-je ; et il n’est pas douteux qu’à Helvoet M. Gebbie devait descendre à terre avec elle. Mais il ne l’a pas fait, monsieur Drummond ; et vous pouvez remercier Dieu que je me sois trouvé là pour le remplacer.

    – Ce M. Gebbie aura de mes nouvelles avant longtemps. Quant à vous, vous auriez pu songer que vous étiez un peu jeune pour occuper un emploi de ce genre.

    – Mais il n’y avait pas à choisir entre moi et quelqu’un d’autre : c’était entre moi et personne, m’écriai-je. Personne ne s’est offert à me remplacer, et je dois dire que vous me manifestez bien peu de gratitude pour ce que

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