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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 50
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    pitié et d’admiration. Elle semblait n’avoir aucune idée de notre situation, aucune conscience de mes luttes ; elle accueillait avec une joie aussi ingénue tout indice de ma faiblesse ; et quand je me trouvais ramené dans mes retranchements, elle ne dissimulait pas toujours son chagrin. En de certaines heures je songeais à part moi : « Si elle était éperdument amoureuse, et si elle mettait tout en œuvre pour me séduire, elle ne se comporterait pas autrement. »

    Il y avait un point sur lequel nous guerroyions particulièrement, à savoir la question de ses vêtements. Mon bagage n’avait pas tardé à me rejoindre de Rotterdam, ainsi que le sien de Helvoet. Elle possédait maintenant, pour ainsi dire, deux garde-robes, et il finit par être convenu entre nous, de façon tacite, que lorsqu’elle était bien disposée envers moi elle portait mes habits et, dans le cas contraire, les siens. C’était là une espèce d’injure qu’elle me faisait, et pour ainsi dire un reniement de sa gratitude ; au fond je le ressentais moi aussi de même, mais j’avais en général le bon esprit de paraître ignorer ce détail.

    Une fois, pourtant, je me laissai entraîner à un enfantillage pire que le sien. Voici la chose. Je rentrais du cours, la pensée pleine d’amour non moins que d’ennui ; mais cet ennui ne tarda point à se dissiper, et voyant à un étalage une de ces fleurs « forcées » comme les Hollandais savent si bien en produire, je cédai à mon désir et l’achetai pour Catriona. J’ignore le nom de cette fleur, qui était rose, mais, croyant qu’elle ferait plaisir à ma compagne, je la lui apportai à la maison le cœur plein d’une douce joie. Je l’avais quittée vêtue de mes habits, mais je vis à mon retour qu’elle en avait changé et qu’elle avait pris une figure à l’avenant. Je me bornai à la regarder de la tête aux pieds, serrai les mâchoires, ouvris brusquement la fenêtre, jetai ma fleur par la croisée, et puis, partagé entre la fureur et la prudence, ressortis précipitamment de la chambre, dont je claquai la porte avec violence.

    L’escalier était raide, et je faillis tomber, ce qui me rendit à moi-même. Reconnaissant aussitôt la folie de ma conduite, je me dirigeai non vers la rue comme j’en avais eu d’abord l’intention, mais vers la cour de la maison, qui restait toujours déserte. Là, je vis ma fleur (qui m’avait coûté beaucoup plus qu’elle ne valait) accrochée dans les branches d’un arbre dépouillé. Je restai devant le canal, laissant errer mes yeux sur la glace. Des gens de la campagne passaient, filant sur leurs patins, et je les enviai. Je ne voyais pas d’issue à la chausse-trape où je me trouvais pris. Je ne voyais même pas comment je pourrais retourner à la chambre que je venais de quitter. Je ne doutais plus d’avoir à cette heure révélé mes sentiments secrets : et pour comble de malheur, je m’étais, par la même occasion, montré grossier (et cela avec une triste puérilité) envers mon innocente pensionnaire.

    Elle dut me voir, j’imagine, par la fenêtre ouverte. Je n’étais pas resté là longtemps, que je perçus un grincement de pas sur la neige durcie, et me retournant avec quelque irritation (car je n’étais pas d’humeur à me laisser importuner) je vis Catriona qui s’approchait. Elle s’était de nouveau changée, jusques et y compris les bas à coins.

    – N’allons-nous pas faire notre promenade, aujourd’hui ? me demanda-t-elle.

    Je la regardai comme à travers un brouillard.

    – Où est votre broche ? fis-je.

    Elle porta la main à son corsage, et rougit très fort.

    – Je l’aurai oubliée, répondit-elle. Je vais monter la chercher, et après cela nous ferons notre promenade, pas vrai ?

    L’intonation suppliante qu’elle mit dans ces derniers mots m’ébranla ; il me fut impossible de lui répondre une syllabe, et je dus me borner à acquiescer d’un signe de tête ; puis, dès qu’elle se fut éloignée, je grimpai dans l’arbre et repris ma fleur, que je lui offris à son retour, en disant :

    – Je l’ai achetée pour vous, Catriona.

    À l’aide de sa broche, et je dirai presque avec tendresse, elle l’attache sur sa poitrine.

    – La façon dont je l’ai traitée ne lui a guère fait de bien, repris-je, en rougissant.

    – Je ne l’en aimerai pas moins, soyez-en sûr, fit-elle.

    Nous ne parlâmes guère ce jour-là ; elle me parut un peu sur la réserve, mais sans hostilité. Quant à moi, tout le temps de cette promenade, puis quand nous fûmes de retour chez nous, et que ma fleur eut été placée dans un pot rempli d’eau, je songeai au caractère énigmatique des femmes. Je me disais tantôt qu’elle était parfaitement stupide d’avoir ignoré mon amour ; tantôt qu’elle l’avait certainement aperçu depuis longtemps, mais qu’en fille avisée et douée de l’instinct féminin des convenances, elle avait dissimulé.

    Nous faisions chaque jour notre promenade. Au-dehors dans les rues je me sentais plus rassuré ; je me relâchais un peu de ma contrainte ; et pour commencer, il n’était pas alors question d’Heineccius. Il en résultait que ces heures-là étaient non seulement un allégement pour moi, mais un plaisir notable pour ma pauvre enfant. Lorsque je rentrais vers l’heure fixée pour nos sorties, je la trouvais généralement prête et rayonnante d’espoir. Elle tenait à les prolonger le plus possible, et paraissait craindre (tout comme moi) l’heure du retour. Il n’est guère de campagne ou de bord de l’eau des environs de Leyde, il n’est guère de rue ni d’avenue, où nous n’ayons flâné. En dehors des promenades, je la faisais se confiner strictement dans notre logis ; et ce par crainte qu’elle ne rencontrât quelqu’un de connaissance, ce qui eût rendu nôtre situation encore plus difficile. La même appréhension m’empêchait de la laisser aller à l’église, pas plus que je n’y allais moi-même, et je faisais le simulacre de lire l’office en particulier dans notre appartement.

    Un jour qu’il neigeait très fort, et que je n’avais pas jugé bon de nous aventurer au-dehors, j’eus la surprise de la trouver qui m’attendait tout habillée.

    – Je ne veux pas me passer de ma promenade, s’écria-t-elle. Vous n’êtes jamais bon garçon, David, à l’intérieur ; je ne vous aime jamais si bien qu’au grand air. Nous ferions mieux de nous mettre bohémiens et de coucher le long des routes.

    Ce fut la meilleure promenade que nous eussions encore faite : elle se serrait contre moi sous la neige tombante ; celle-ci nous recouvrait et fondait sur nous, et les gouttes d’eau roulaient comme des larmes au long de ses joues avivées par le grand air et jusque dans sa bouche souriante. À cette vue je me sentis fort comme un géant ; je l’aurais saisie dans mes bras pour l’emporter au bout du monde ; et nous ne cessâmes de parler avec une liberté plus douce que je ne saurais le dire.

    Il faisait nuit noire quand nous nous retrouvâmes à la porte de la maison. Elle pressa mon bras sur son sein.

    – Un bon merci pour ces bonnes heures, fit-elle, d’un ton grave pénétré.

    En m’inspirant un souci immédiat cette interpellation me mit sur mes gardes ; et nous ne fûmes pas plus tôt dans la chambre, sous la lampe allumée, qu’elle revit l’étudiant d’Heineccius dans son habituelle attitude obstinément rechignée. Elle en fut à coup sûr plus blessée qu’à l’ordinaire, et je sais quant à moi qu’il me fut plus difficile de soutenir mon rôle d’indifférent. Même au repas, j’osai à peine me dérider et lever les yeux sur elle ; et il ne fut pas plus tôt achevé que je me replongeai dans mon jurisconsulte, avec plus d’attention apparente et moins de compréhension que jamais. Tout en lisant, je croyais entendre mon cœur battre comme une horloge de nos aïeux. Mais tout en affectant d’étudier fort, je jetais des coups d’œil furtifs sur Catriona. Elle était assise par terre à côté de ma grande malle, et la clarté du feu tombait à plein sur elle, avec des alternatives de lumière et d’ombre fondues en subtils dégradés. Par instants son regard se portait sur les flammes, et puis il se dirigeait de nouveau vers moi ; alors, effrayé de moi-même, je tournais les pages de mon Heineccius comme si j’avais cherché le texte à l’église.

    Tout à coup elle éleva la voix :

    – Oh ! pourquoi donc mon père ne vient-il pas ?

    Et elle répandit aussitôt un déluge de larmes.

    Je bondis, lançai Heineccius droit dans le feu, courus auprès d’elle, et passai mon bras autour de sa taille que secouaient les sanglots.

    Elle me repoussa avec vivacité.

    – Vous n’aimez plus votre amie, dit-elle, moi qui serais si heureuse, pourtant, si vous le permettiez… Oh ! que vous ai-je donc fait pour que vous me haïssiez de la sorte ?

    – Moi, vous haïr ! m’écriai-je, en la serrant plus fort. Mais, aveugle fille, ne voyez-vous donc rien dans mon malheureux cœur ? Croyez-vous donc, lorsque je reste là à lire dans ce livre imbécile que je viens de brûler et que le diable emporte, que je pense à autre chose qu’à vous ? Il ne s’est pas encore passé de soir où je n’aie pleuré de vous voir assise là toute seule. Et qu’y pouvais-je ? Vous êtes ici sous ma sauvegarde ; voulez-vous donc me punir pour cela ? Est-ce donc pour cela que vous repousseriez votre aimant serviteur ?

    À ces mots, d’un petit geste brusque, elle se rejeta contre moi. Je levai mon visage vers le sien, que je baisai, et elle cacha son front dans ma poitrine, en m’enlaçant étroitement. J’étais dans un absolu vertige, comme un homme ivre. Puis

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