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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 41
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    la fin, elle m’accorda ce qu’elle appelait une récompense, où je vis bien plutôt une dérision. Miss Grant était à coup sûr une amie autoritaire, et voire tyrannique, pour tous ceux qu’elle aimait, et il y avait parmi ceux-ci une certaine vieille demoiselle noble, très étourdie et très spirituelle, qui logeait au plus haut d’un immeuble situé dans une étroite ruelle, avec une nichée de linottes en cage, et tout le jour assaillie de visiteurs. Miss Grant aimait beaucoup m’y conduire : je dus faire à son amie le récit de mes tribulations ; et miss Tobie Ramsay (car c’était son nom) fut très aimable et m’apprit quantité de choses qu’il me fallait connaître du vieux temps et de l’état ancien de l’Écosse. J’ajouterai que la fenêtre de sa chambre, grâce à l’étroitesse de la ruelle, donnait vue, à moins de trois pieds de distance, sur une lucarne grillagée éclairant l’escalier de la maison d’en face.

    Sous un prétexte quelconque, miss Grant m’y laissa un jour en compagnie de miss Ramsay. La dame me paraissait distraite et comme préoccupée. J’étais, de mon côté, fort mal à mon aise, car il faisait froid, et la fenêtre, contrairement à l’ordinaire, était ouverte. Tout à coup la voix de miss Grant, qui semblait venir de l’extérieur, frappa mes oreilles.

    – Dites, Shaws ! cria-t-elle, regardez vite par la fenêtre et voyez ce que je vous ai apporté.

    Jamais spectacle ne me charma davantage. Dans les profondeurs de la ruelle régnait une pénombre claire qui permettait de voir distinctement entre les murs noirs et enfumés. Or là, tout proche à la lucarne grillée, deux visages me considéraient en souriant : celui de miss Grant et celui de Catriona.

    – Là ! fit Grant, j’ai voulu qu’elle vous vît dans vos beaux habits, comme la demoiselle de Limekilns ; et j’ai voulu aussi lui faire voir ce que je suis capable de faire de vous quand je m’y mets sérieusement.

    Je me rappelai alors qu’elle avait ce jour-là insisté sur ma toilette plus que d’habitude ; et je pense qu’elle avait pris le même soin pour Catriona. Car miss Grant, cette joyeuse et sensible demoiselle, ne s’en préoccupait pas moins étonnamment de chiffons.

    – Catriona ! fut la seule parole que je pus émettre.

    Pour elle, sans rien dire du tout, elle se contenta de me faire signe de la main en souriant, et on l’entraîna aussitôt de derrière la lucarne.

    La vision se fut à peine évanouie que je me précipitai jusqu’à la porte de la maison, que je trouvai fermée à clef. Je retournai auprès de miss Ramsay et la suppliai de me livrer la clef, mais j’aurais pu aussi bien supplier le donjon. Elle avait, me dit-elle, donné sa parole, et elle m’exhorta à être sage. Je ne pouvais enfoncer la porte, ce qui d’ailleurs n’eût pas été honnête ; je ne pouvais sauter par la fenêtre qui se trouvait au septième étage. Tout ce que je pus faire fut de me pencher dans la ruelle et de guetter leur réapparition au bas de l’escalier. Je ne vis pas grand-chose, tout juste le dessus de leurs têtes à chacune, ridiculement posé sur un rond de jupes, telle une paire de pelotes à épingles. Catriona ne regarda même pas en l’air pour me dire adieu, car miss Grant, comme je le sus plus tard, l’en empêcha, en lui disant que l’on ne paraissait jamais moins à son avantage que vue du haut en bas. Dès que je fus remis en liberté, je retournai chez le procureur et reprochai à miss Grant sa cruauté.

    – Je regrette votre désappointement, fit-elle obstinément. Pour ma part, j’ai eu beaucoup de plaisir. Vous aviez meilleur air que je ne l’aurais cru ; vous aviez l’air – si cela ne doit pas vous rendre trop fat – d’un fort joli jeune homme, quand vous vous êtes montré à la fenêtre. Il faut vous dire que l’on ne voyait pas vos pieds, ajouta-t-elle d’un ton rassurant.

    – Oh ! m’écriai-je, laissez mes pieds tranquilles, ils ne sont pas plus grands que ceux de mon voisin.

    – Ils sont même plus petits que d’autres, reprit-elle, mais je parle au figuré comme le prophète de la Bible.

    – Je ne m’étonne plus si on les lapidait de temps à autre, répliquai-je. Mais vous, méchante fille, comment avez-vous pu faire cela ? Comment avez-vous eu un seul instant le cœur de me tenter ainsi ?

    – L’amour est comme les gens, dit-elle : il a besoin d’être alimenté.

    – Ô Barbara, laissez-moi la voir comme il faut, suppliai-je. Vous le pouvez bien ; vous, vous la voyez quand vous voulez. Accordez-moi une demi-heure.

    – Qui est-ce qui dirige cette négociation d’amour ? Vous ou moi ? demanda-t-elle.

    Et comme je continuais à la presser de mes instances, elle adopta un expédient infaillible, qui consistait à singer mes intonations lorsque je prononçais le nom de Catriona. Grâce à moi elle réussit à me tenir sous sa coulpe durant quelques jours.

    Personne ne fit jamais la moindre allusion au mémoire, et moi encore moins. Prestongrange et Sa Grâce le lord président n’y avaient prêté, j’imagine, aucune attention ; ils le gardèrent pour eux, en tout cas, le public n’en fut pas instruit ; et, le moment venu, le 8 novembre, par un jour de tempête et de bourrasque furieuse, l’infortuné James des Glens fut dûment pendu à Lettermore près Ballaculish.

    Tel fut donc le résultat final de mes efforts ! D’autres innocents ont péri avant James et il en périra vraisemblablement après lui (en dépit de tous les progrès) jusqu’à la consommation des siècles. Et jusque-là encore des jeunes gens, ignorant la duplicité de la vie et des hommes, lutteront comme je l’ai fait, prendront d’héroïques résolutions, courront des risques infinis, et la série des événements les rejettera de côté et continuera sa marche irrésistible. James fut donc pendu ; et cependant j’habitais chez Prestongrange, et je lui étais reconnaissant de ses soins paternels. Il fut pendu ; et voilà qu’en rencontrant M. Simon dans la rue je ne manquai pas de lui tirer mon chapeau comme un bon petit garçon devant son pasteur. Il avait été pendu par ruse et violence, et le monde allait son train, sans qu’il y eût pour un sou de différence, et les traîtres de cet affreux complot étaient d’honorables et bons pères de famille qui allaient à l’église et recevaient la communion !

    Mais j’avais eu un aperçu de cette détestable chose qui a nom politique ; je l’avais vue de derrière, dans sa hideuse nudité, et j’étais guéri pour la vie de tout désir d’y jouer à nouveau un rôle. Le chemin que j’ambitionnais de suivre était uni, paisible et intime, et j’y pourrais tenir ma tête à l’abri des dangers et ma conscience hors des voies de la tentation. Car, rétrospectivement, je comprenais que loin d’avoir agi avec noblesse, au contraire, avec le plus grand déploiement de discours pompeux et de préparatifs, je n’avais abouti à rien.

    Le 25 du même mois, un bateau devait appareiller de Leith, et on m’avertit à l’improviste de faire mes malles pour me rendre à Leyde. Je ne pouvais naturellement rien dire à Prestongrange, car depuis trop longtemps j’abusais de son hospitalité. Mais à sa fille je pus ouvrir mon cœur, lamentant mon destin de me voir expédié loin de mon pays, et lui assurant que si elle ne me procurait pas une suprême entrevue avec Catriona, je pourrais bien au dernier moment refuser de partir.

    – Ne vous ai-je pas donné mon avis là-dessus ? me demanda-t-elle.

    – Je le sais, répondis-je, et je sais aussi que je vous ai déjà beaucoup d’obligations, et que je suis contraint d’obéir à vos ordres. Mais vous avouerez que vous êtes une demoiselle parfois un peu trop joyeuse pour qu’on se fie à vous entièrement.

    – Eh bien, je vais vous donner un moyen. Soyez à bord dès neuf heures du matin : le navire n’appareille qu’à une heure ; gardez votre barque ; et si vous n’êtes pas satisfait de mes adieux lorsque je vous les enverrai, je vous permets de revenir à terre et de chercher Katrine tout seul.

    N’en pouvant obtenir davantage, je fus bien forcé de me contenter de cette promesse.

    Le jour vint enfin de nous séparer. Elle et moi nous avions été fort intimes et familiers ; je lui devais beaucoup ; et l’attente de notre séparation m’enlevait le sommeil, tout comme celle des pourboires que je devais distribuer aux domestiques. Je savais qu’elle me trouvait trop timide, et je désirais profiter de cette occasion pour me relever à ses yeux. En outre, après tant de démonstrations d’une amitié, je crois, réelle des deux parts, il eût paru bien froid d’être cérémonieux. En conséquence, je pris mon courage à deux mains, apprêtai mes discours, et à la dernière occasion que nous eûmes de nous trouver en tête à tête, je lui demandai très hardiment la permission de l’embrasser en manière d’adieu.

    – Vous vous oubliez étrangement, monsieur Balfour, dit-elle. Je ne vous ai jamais, que je sache, donné aucun droit de vous prévaloir de nos relations.

    Je restai devant elle comme une horloge arrêtée, sans plus savoir que faire, encore moins que dire, lorsque brusquement elle me jeta ses bras autour du cou et m’embrassa de la meilleure volonté du monde.

    – Ô l’éternel enfant ! s’écria-t-elle. Pouviez-vous penser que je nous laisserais nous séparer comme deux étrangers ? parce que je suis incapable de garder mon sérieux devant vous cinq minutes de suite, il ne faut pas vous imaginer que je ne vous aime pas beaucoup ; l’envie de rire le dispute en moi à l’amitié, dès que je jette les yeux

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