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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 40
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    noble prodigalité, et ce fut là que tous trois nous prîmes l’habitude de nous promener à cheval ensemble par la campagne – habitude qui se maintint par la suite à Édimbourg, autant que le promettaient les nombreuses occupations de Prestongrange. Lorsque le grand air, l’exercice, les difficultés du chemin ou les incidents du mauvais temps nous avaient mis en bonne harmonie, je perdais entièrement ma timidité ; nous oubliions que nous étions des étrangers, et la conversation, cessant d’être un devoir, n’en coulait qu’avec plus d’abondance. Ce fut alors que je leur racontai mon histoire, par bribes détachées, depuis l’époque où je partis d’Essendean : ma navigation et mon combat sur le Covenant, mes tribulations sur la bruyère, etc. L’intérêt qu’ils prirent à mes aventures donna naissance à une promenade que nous fîmes un peu plus tard, un jour où les tribunaux ne siégeaient pas. Il faut que j’en parle un peu plus au long.

    Partis à cheval de bonne heure, nous passâmes d’abord près du château de Shaws : il était encore très tôt, et les bâtiments, d’où ne s’élevait aucune fumée, se dressaient au milieu d’un vaste espace couvert de givre. Arrivé là, Prestongrange mit pied à terre, me confia son cheval, et s’en alla rendre visite à mon oncle. Mon cœur se gonfla de ressentiment, à la vue de cette morne demeure et à la pensée du vieil avare qui grelottait à l’intérieur dans sa cuisine glacée.

    – Voilà mon château, dis-je, et mes parents.

    – Pauvre David Balfour ! fit miss Grant.

    Ce qui se passa au cours de cette entrevue m’est toujours resté ignoré ; mais elle ne dut pas être des plus agréables pour Ebenezer. En sortant de chez lui, Prestongrange était soucieux.

    – Vous ne tarderez pas, je crois, à être le vrai laird, monsieur David, me dit-il, en se tournant à demi vers moi, un pied à l’étrier.

    – Je n’en affecterai aucun chagrin, répliquai-je, et, à dire vrai, miss Grant et moi avions occupé la durée de son absence à imaginer les embellissements du domaine : bosquets, parterres, terrasse, à peu près tel que je les ai réalisés depuis.

    Nous poussâmes ensuite jusqu’à Queensferry, où Rankeillor nous fit bon accueil. Il ne se tenait plus de joie à recevoir un tel hôte. Le procureur me fit l’extrême amitié d’examiner à fond mes affaires, et il passa près de deux heures enfermé dans le bureau de l’avocat, lui témoignant (à ce que j’ai appris) beaucoup de sollicitude envers moi et d’intérêt pour mon avenir. Afin de passer le temps, miss Grant et moi, accompagnés du jeune Rankeillor, nous prîmes une barque pour aller à Limekilns, de l’autre côté du Hope. Rankeillor fils se rendit du dernier ridicule (un ridicule qui frisait, à mon avis, la grossièreté) en complimentant la jeune demoiselle, et je m’étonnai (bien que ce soit là une faiblesse trop commune à mon sexe) de l’en voir plutôt flattée. Cela eut ceci de bon qu’une fois arrivés sur l’autre rive elle usa de son ascendant sur lui pour lui faire garder la barque, tandis qu’elle et moi nous allions un peu plus loin jusqu’au cabaret. Cette idée venait d’elle, car ce que je lui avais dit d’Alison Hastie l’avait charmée, et elle désirait connaître la jeune fille en personne. Cette fois-ci encore, nous la trouvâmes seule – je crois d’ailleurs que son père travaillait toute la journée aux champs – et elle accueillit par une belle révérence le jeune gentilhomme et la belle jeune dame en costume d’amazone.

    – C’est là tout le bonjour que j’aurai ? fis-je, en lui tendant la main. Ne reconnaissez-vous donc plus les anciens amis ?

    – Seigneur ! qu’est-ce que je vois ! s’écria-t-elle. Puis : Vrai Dieu, c’est le garçon déguenillé !

    – Lui-même, répliquai-je.

    – J’ai bien des fois repensé à vous et à votre ami, et je suis bien contente de vous voir en ces beaux habits, s’écria-t-elle. Mais je pensais bien que vous aviez retrouvé vos parents, à voir le superbe cadeau que vous m’avez envoyé ; je vous en remercie de tout mon cœur.

    – Là, me dit miss Grant, sortez bien vite, comme un brave enfant. Je ne suis pas venue ici pour rester à tenir la chandelle ; c’est elle et moi qui allons bavarder.

    Elle ne resta guère plus de dix minutes dans la maison, mais quand elle en sortit je remarquai deux choses : d’abord qu’elle avait les yeux rouges, et ensuite qu’une broche d’argent avait disparu de son corsage. J’en fus très touché.

    – Je ne vous ai jamais vue si bien parée, lui dis-je.

    – Davie, mon ami, pas de discours pompeux ! fit-elle.

    Et jusqu’à la fin de la journée elle se montra plus taquine envers moi qu’à son ordinaire.

    Les lumières s’allumaient lorsque nous rentrâmes de cette excursion.

    Je restai un bon moment sans autres nouvelles de Catriona, car Mlle Grant restait absolument impénétrable et me fermait la bouche par des plaisanteries. À la fin, un jour qu’en revenant de promenade elle me trouva seul dans le salon, penché sur ma leçon de français, je crus lui voir un air inhabituel : son teint était plus coloré, ses yeux étincelaient, et lorsqu’elle me regardait elle semblait refréner un léger sourire. On eût dit la malice personnifiée. Tout en parcourant la pièce à pas précipités, elle s’avisa de soulever à propos de rien une discussion que rien ne justifiait (du moins de mon côté). Je me débattis comme Chrétien dans la fondrière[13], plus je m’efforçais de m’en tirer, plus je m’enfonçais ; tant et si bien qu’elle finit par déclarer, avec beaucoup de chaleur, qu’elle n’accepterait de personne une telle réponse, et que je devais lui demander pardon à genoux.

    Tout ce fracas immotivé m’échauffa la bile.

    – Je n’ai rien dit qui puisse réellement vous froisser, répliquai-je ; et quant à me mettre à genoux, c’est là une attitude que je réserve pour Dieu seul.

    – Et si je veux être servie comme une déesse ! s’écria-t-elle, en agitant ses boucles brunes et me regardant avec des yeux animés. Tout homme qui passe à portée de mes jupes en usera ainsi avec moi !

    – Je veux bien vous demander pardon pour la forme, tout en jurant que je ne sais pas pourquoi, repartis-je. Mais quant à ces postures de théâtre, vous pouvez vous adresser à d’autres.

    – Ô David ! fit-elle. Même si je vous en priais ?

    Je m’avisai alors que je luttais contre une femme, autant dire contre un enfant, et cela sur un détail de pure forme.

    – Je trouve cette requête puérile, fis-je, et indigne de vous, comme il est indigne de moi d’y obéir. Néanmoins, je ne veux pas vous refuser ; et que le péché, si c’en est un, retombe sur votre tête.

    Et là-dessus je mis en effet un genou en terre.

    – Voilà, s’écria-t-elle, voilà la vraie posture qui convient, j’ai enfin réussi à vous y amener.

    Et puis brusquement :

    – Attrapez ! fit-elle, en me jetant un billet plié ; et, rieuse, elle s’enfuit hors de la pièce.

    Le billet ne portait ni date ni indication de lieu. Il disait : « Cher monsieur David, je reçois chaque jour de vos nouvelles par ma cousine, miss Grant, et ce m’est un plaisir de les entendre. Je suis en très bonne santé, dans un bon endroit chez de braves gens mais dans l’obligation étroite de rester cachée. J’espère toutefois que nous finirons par nous revoir. Je sais tous vos bons procédés par mon affectionnée cousine, qui nous aime tous les deux. Elle me fait vous envoyer ce mot, qu’elle me regarde écrire. Je vous prierai d’obéir à tout ce qu’elle vous ordonnera, et je reste votre amie dévouée. Catriona MacGregor Drummond. – P. S. – N’irez-vous pas voir ma cousine Allardyce ? »

    Je range parmi mes plus rudes campagnes (comme disent les soldats) d’avoir suivi ce dernier avis et d’être allé à la maison voisine de Dean. Mais je trouvai la vieille dame complètement transformée et souple comme un gant. Je n’ai jamais pu deviner par quels moyens miss Grant l’avait ainsi retournée ; je suis sûr en tout cas qu’elle n’eut garde de se montrer, dans cette affaire où son papa n’était déjà que trop compromis. C’était lui, en effet, qui avait persuadé à Catriona de quitter la maison de sa cousine, ou plutôt de n’y pas retourner, pour l’héberger en place dans une famille de Glasgow composée de gens honorables, tout à la dévotion du procureur, et en qui elle pouvait avoir d’autant plus de confiance qu’ils étaient de son clan à elle et de sa famille. Ceux-ci la tinrent cachée jusqu’à ce que tout fût mûr à point), l’encouragèrent et l’aidèrent à tenter la délivrance de son père, et après sa sortie de prison la reçurent de nouveau dans la même retraite. Ce fut ainsi que Prestongrange s’assura et employa son instrument, et jamais le moindre mot ne transpira de ses relations avec la fille de James More. On jasa bien un peu sur l’évasion de ce triste personnage, mais le gouvernement riposta par une démonstration énergique : l’un des geôliers de la prison fut fouetté, le lieutenant de garde (mon pauvre ami Duncansby) fut cassé, et quant à Catriona, tout le monde fut trop heureux que son crime fût passé sous silence.

    Je ne pus jamais amener miss Grant à lui porter une réponse.

    – Non, me disait-elle, lorsque j’insistais, non, je ne veux pas remettre les grands pieds dans le plat.

    Cela me faisait d’autant plus de peine à entendre que je savais qu’elle voyait ma petite amie plusieurs fois par semaine, et qu’elle lui portait de mes nouvelles chaque fois que j’avais été sage, comme elle disait. À

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