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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 35
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    moi, tandis que les deux autres avaient à peine daigné s’apercevoir de mon existence. Et maintenant j’allais demeurer chez lui à Édimbourg ; j’allais être poussé dans le monde sous sa protection ! Qu’il eût assez de bonne volonté pour me pardonner, c’était déjà surprenant : qu’il désirât me seconder et me servir me paraissait impossible ; et je me mis à chercher ce qu’il en attendait par la suite. Une chose était évidente. Si je devenais son hôte, toute palinodie m’était fermée : je ne pourrais plus revenir sur mes dispositions actuelles ni introduire aucune action judiciaire. Et d’ailleurs, ma présence sous son toit n’enlevait-elle pas au mémoire toute efficacité ? On ne pouvait en effet prendre au sérieux une plainte dont le principal auteur serait l’hôte du magistrat le plus incriminé. Tout en considérant ce point de vue, je ne pus dissimuler tout à fait un sourire.

    – Il s’agit en quelque sorte de mettre opposition au mémoire, dis-je.

    – Vous êtes clairvoyant, monsieur David, dit-il, et vous ne devinez pas trop mal. Le fait est que cela me servira pour ma défense. Toutefois peut-être n’estimez-vous pas à leur juste valeur mes sentiments amicaux, qui sont tout à fait réels. J’ai pour vous, monsieur David, un respect mêlé de terreur, conclut-il, en souriant.

    – Je suis plus que disposé, je suis sincèrement désireux d’aller au-devant de vos souhaits, dis-je. J’ai fait le projet de me consacrer au barreau, et le soutien de votre seigneurie serait pour moi sans prix. Je suis en outre profondément reconnaissant à vous et à votre famille pour l’intérêt et la sympathie que vous m’avez montrés. Mais voici la difficulté : il y a un point sur lequel nous divergeons. Vous vous efforcez de faire pendre James Stewart ; moi, je m’efforce de le sauver. Pour autant que mon voyage avec vous contribuerait à la défense de votre seigneurie, je suis aux ordres de votre seigneurie ; mais pour autant qu’il aiderait à la pendaison de James Stewart, vous me voyez au regret.

    Il étouffa un juron, et dit avec amertume :

    – Vous devriez certainement comparaître ; la barre plus que le barreau est une scène bien faite pour vos talents. – Puis il resta un moment silencieux, et reprit enfin : – Je vous dirai qu’il n’est plus question de James Stewart, ni pour ni contre. James est mort d’avance ; sa vie est reçue et prise ; achetée (si vous l’aimez mieux) et vendue ; aucun mémoire ne peut le secourir – aucune compromission d’un fidèle M. David ne peut lui être nuisible. Qu’il vente haut, qu’il vente bas, il n’y a plus de pardon pour James Stewart : et tenez-vous-le pour dit ! Je reste seul en cause : vais-je me maintenir ou tomber ? Je ne vous cache pas que je suis en péril. Et M. David Balfour veut-il savoir pourquoi ? Ce n’est pas pour avoir procédé indûment contre James ; là-dessus je suis à couvert. Ce n’est pas non plus pour avoir séquestré M. David sur un rocher ; c’est tout bonnement pour n’avoir pas pris la voie simple et naturelle, où l’on m’a poussé à diverses reprises, d’envoyer M. David au tombeau ou au gibet. Voilà l’origine du scandale – l’origine de ce maudit mémoire – et il donna une claque sur le papier étalé sur son genou. – C’est mon indulgence à votre égard qui me vaut ces difficultés. Je voudrais savoir si votre délicatesse de conscience est trop grande pour vous permettre de m’aider à en sortir.

    Il y avait certes beaucoup de vrai dans ce qu’il venait de dire. Si la situation de James était désespérée, quoi de plus naturel que de me porter au secours de l’homme qui était devant moi, de celui qui m’avait secouru si souvent, et qui m’offrait à cette heure encore un modèle de patience ? D’ailleurs non seulement j’étais fatigué, mais je commençais à avoir honte de mon attitude continuelle de suspicion et de dérobade. Je prononçai :

    – Si vous voulez me dire où et quand, j’irai à point nommé rejoindre votre seigneurie.

    Il me serra les mains.

    – Mes filles aussi, je pense, ont des nouvelles pour vous, dit-il, en me congédiant.

    Je m’éloignai, enchanté d’avoir fait ma paix, mais la conscience non tout à fait en repos ; et je me demandai, chemin faisant, si, après tout, je ne m’étais pas montré un rien trop facile. Mais il y avait à considérer le fait que cet homme, qui aurait pu être mon père, était un homme de talent et un grand dignitaire, et qu’à l’heure de ma détresse il m’avait tendu une main secourable. Je fus d’excellente humeur le reste de cette soirée, que je passai avec les avocats. La compagnie était certes des meilleures, mais la dose de punch fut peut-être exagérée ; aussi, bien que j’allasse me mettre au lit de bonne heure, je ne me souviens guère comment j’y arrivai.

    XVIII

    « La balle en place »

    Le lendemain, dissimulé dans le cabinet particulier des juges, j’entendis rendre le verdict et condamner James. Les paroles du Duc me sont restées mot pour mot ; et puisque ce fameux discours est devenu un objet de controverse, je crois bien faire de rapporter ici ma version. Après avoir rappelé l’an 45, le chef des Campbell, siégeant comme avocat général, s’adressa en ces termes à l’infortuné Stewart : « Si vous aviez eu le dessus dans cette rébellion, c’est vous qui auriez fait la loi en ce lieu même où vous êtes présentement jugé ; à nous qui sommes aujourd’hui vos juges, on nous eût fait notre procès devant une de vos parodies de tribunaux ; et en ce cas vous auriez pu vous rassasier du sang de tout homme ou de tout clan que vous avez en aversion.

    – Voilà qui s’appelle vider le fond du sac, pensai-je. Et c’était bien là l’impression générale.

    Ce discours eut un succès prodigieux chez les jeunes avocats : ils le tournèrent en dérision, et il ne se passait guère un repas sans que l’un d’eux reprît la phrase : « Et en ce cas vous auriez pu vous rassasier. » On en fit des chansons qui amusèrent alors, et qui sont presque toutes oubliées. Je me rappelle ces premiers vers de l’une d’elles :

    De qui vous faut-il le sang, t-il le sang ?

    Est-ce d’un homme ou d’un clan ?

    Ou du sauvage Highland

    Qu’il vous faut le sang, le sang ?

    Une autre était sur mon air favori, La Maison d’Airlie, et commençait ainsi :

    Un jour qu’Argyll siégeait au tribunal,

    On lui servit un Stewart à dîner.

    Et l’un des couplets disait :

    Alors le Duc se dresse, et crie au cuisinier :

    Je considère ainsi qu’un très sensible outrage

    Qu’on me fasse souper et me remplir la panse

    Avec le sang d’un clan que j’ai en aversion.

    James fut assassiné ni plus ni moins que si le Duc avait pris un fusil pour le cribler de plomb. J’étais renseigné là-dessus, mais d’autres l’étaient moins, et furent d’autant plus affectés par les scandaleux agissements qui se produisirent au cours des débats. L’un des principaux fut à coup sûr cette sortie du juge. Elle fut suivie de près par une autre d’un juré, qui lança au beau milieu de la plaidoirie de Colstoun pour la défense : « Je vous en prie, monsieur, abrégez, nous en avons plein le dos. » – ce qui parut le comble de l’impudence et de la naïveté. Mais plusieurs de mes nouveaux amis légistes furent encore plus choqués par une innovation qui avait déshonoré et même vicié les débats. Un certain témoin ne fut même pas appelé. Son nom, pourtant, était imprimé à la quatrième page de la liste, où l’on peut encore le voir : « James Drummond, alias MacGregor, alias James More, précédemment tenancier à Inveronachile » ; et sa déposition avait été reçue, selon la coutume, par écrit. Il s’était rappelé ou avait inventé (Dieu lui pardonne) de quoi mettre du plomb aux semelles de James Stewart, et donner en même temps des ailes aux siennes propres. On avait toute raison de vouloir porter ce témoignage à la connaissance d’un jury, sans exposer son auteur aux dangers d’un contre-examen ; et la manière dont on le présenta fut une surprise pour tous. Car le papier circula de main en main, comme une curiosité, parmi les juges ; il traversa le box du jury, où il fit son effet ; et il s’évanouit derechef (comme par hasard) avant d’être arrivé au conseil du prisonnier. On jugea le procédé extrêmement déloyal ; et quant à moi j’étais rempli de honte pour Catriona et d’inquiétude pour moi-même, à y voir mêlé le nom de James More.

    Le jour suivant, je me mis en route avec Prestongrange, en nombreuse compagnie, pour Glasgow. Là, je m’impatientai de devoir rester quelque temps dans un mélange de plaisirs et d’affaires. Je logeais chez mylord, qui m’encourageait à la familiarité ; j’avais ma place aux fêtes ; j’étais présenté aux hôtes de marque ; et en somme je faisais figure plus qu’il ne convenait tant à mon rôle qu’à mon rang ; si bien que, en présence d’étrangers, il m’arrivait de rougir pour Prestongrange. Il faut avouer que l’aperçu que j’avais pris du monde dans ces derniers mois était bien fait pour assombrir mon humeur. J’avais vu beaucoup d’hommes, dont quelques-uns dignitaires en Israël tant par la naissance que par les talents ; mais personne parmi eux n’avait les mains nettes. Quant aux Brown et Miller, dont j’avais vu l’égoïste avidité, je ne pouvais plus les prendre au sérieux. Prestongrange était encore le meilleur ; il m’avait sauvé, ou plutôt épargné, alors

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