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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 30
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    causer. Mais si Lapraik est chez lui, je hisserai le pavillon du port, et vous pourrez y aller sur ça à coups de fusil.

    Eh bien, ce fut arrangé ainsi entre eux deux. Je n’étais qu’un gosse et restai dans le bateau de Sandie, où j’espérais mieux voir la suite. Mon grand-père donna à Sandie un teston d’argent pour glisser dans son fusil avec les balles de plomb, car c’est plus sûr contre les fantômes. Et puis l’un des bateaux cingla vers North Berwick, et l’autre resta sur place à surveiller l’être de mauvais augure sur le flanc du ravin.

    Tout le temps que nous fûmes là il sauta et gambada et tourna comme un toton, et nous pensions par moments entendre ronfler son tournoiement. J’ai vu des filles, les folles princesses, sauter et danser un soir d’hiver, et être encore à sauter et danser quand le jour d’hiver était revenu. Mais il y avait autour d’elles des gens pour leur tenir compagnie, et des garçons pour les exciter ; mais cet être-ci était tout seul. Et il y avait avec elles un violoneux se démanchant le coude au coin de la cheminée ; mais cet être-ci n’avait d’autre musique que le concert des oies sauvages. Et les filles étaient des jeunesses avec le sang rouge et frémissant et courant dans leurs membres ; mais celui-ci était un gros, gras homme suifeux, et avancé en âge. Dites ce que vous voudrez, je dois dire ce que je crois. Il y avait de la joie dans le cœur de la créature ; la joie de l’enfer, soit, mais de la joie quand même. Bien souvent je me suis demandé pourquoi les sorciers et sorcières vendent leurs âmes (qui sont leur plus précieux bien) alors qu’elles sont des vieilles femmes ridées et ratatinées ou des vieux décatis ; et alors je me rappelle Tod Lapraik dansant toutes ces heures tout seul dans le noir triomphe de son cœur. Sans doute ils brûlent pour cela au fin fond de l’enfer, mais ils ont eu d’abord du bon temps ici-bas ! – et le Seigneur nous pardonne.

    Eh bien, en définitive, nous vîmes le pavillon de marée monter à la tête du mât sur les rochers du port. Sandie n’attendait que cela. Il épaula son fusil, visa longuement, et pressa la détente. Le coup partit, et puis un grand hurlement s’éleva du Bass. Et nous étions là nous frottant les yeux, et nous regardant les uns les autres comme des hébétés. Car avec le coup et le hurlement l’être avait disparu soudain. Le soleil brillait, le vent soufflait, et il n’y avait plus rien que l’herbe nue là où le Phénomène avait sauté et dansé rien qu’une seconde plus tôt.

    Tout le trajet de retour je poussai des cris de terreur au souvenir de cette disparition. Les hommes faits ne valaient pas beaucoup mieux ; on n’entendit guère dans le bateau de Sandie qu’invoquer le nom de Dieu ; et quand nous fûmes au môle, les rochers du port étaient noirs de gens qui nous attendaient. Il paraît qu’on avait trouvé Lapraik dans une de ces « pâmoisons », tenant la navette et souriant. Un garçon fut envoyé hisser le pavillon, et les autres restèrent dans la maison du tisserand. Vous pouvez être sûrs que cela ne leur plaisait guère ; mais il en résulta la conversion de plusieurs qui étaient là priant tout bas (car personne n’eût osé prier haut) et contemplant cette effroyable créature qui tenait la navette. Puis, tout d’un coup, et avec un cri terrible, Tod sauta de son banc et tomba en avant sur le métier – cadavre sanglant.

    Quand le cadavre fut examiné, les chevrotines n’avaient pas touché le corps du sorcier ; impossible de retrouver un seul grain de plomb ; mais il avait reçu le teston d’argent de mon grand-père en plein milieu du cœur.

    Andie venait à peine d’achever son récit lorsque survint un incident des plus futiles, mais qui était gros de conséquences. Neil, comme je l’ai dit, était lui-même un conteur renommé. J’ai ouï dire depuis qu’il connaissait toutes les histoires des Highlands ; et ce savoir lui valait une grande estime de la part de ses compagnons, comme de la sienne propre. Le conte d’Andie lui en rappela un autre qu’il avait déjà entendu.

    – Moi avais connu l’histoire déjà, dit-il. C’était l’histoire de Uistean More MacGillie Phadrig et de Cavar Vore.

    – Ce n’est pas vrai ! s’écria Andie. C’est l’histoire de mon père (Dieu ait son âme !) et de Tod Lapraik. Et je le répéterais à votre barbe, ajouta-t-il ; et rentrez votre langue dans votre mufle du Highland.

    Avec les Highlanders, on le sait et l’histoire l’a montré, la noblesse du Lowland vit en bonne intelligence ; mais il en va tout autrement pour le peuple. Je m’étais aperçu qu’Andie était sans cesse sur le point de se quereller avec nos trois MacGregor, et je compris cette fois que l’heure critique était venue.

    – Ce n’est pas des mots à employer avec des chentlemen, dit Neil.

    – Des gentlemen ! s’écria Andie, des gentlemen, vous ? Mais vous n’êtes que des patauds du Highland ! Si Dieu permettait que vous vous voyiez tels que les autres vous voient, vous vous jetteriez un sou !

    Neil lança un juron en gaélique, et à la minute le « couteau noir » surgit dans sa main.

    Il n’y avait pas de temps à perdre : j’attrapai par la jambe le Highlander, et avant d’avoir pu me reconnaître je l’avais fait tomber et lui tenais sa main armée. Ses camarades s’élancèrent à la rescousse. Contre les trois Gregara nous n’étions, Andie et moi, que deux hommes sans armes, et notre situation semblait désespérée, lorsque Neil s’écria dans sa langue, ordonnant aux autres de se retirer ; puis il me fit sa soumission dans les termes les plus serviles et me livra même son couteau, que je lui restituai dès le matin sur ses promesses réitérées.

    À la suite de cet incident, deux choses m’apparurent bien claires : d’abord que je ne devais pas faire grand fond sur Andie, car il s’était collé contre le mur sans plus bouger, pâle comme le mort, jusqu’au dénouement de l’affaire ; ensuite que je me trouvais dans une situation privilégiée vis-à-vis des Highlanders, lesquels devaient avoir reçu les ordres les plus stricts de me ramener sain et sauf. Mais si peu courageux que se fût montré Andie, je n’eus pas de reproches à lui faire sur le chapitre de la reconnaissance. Je ne veux pas dire qu’il m’accabla de remerciements mais ses dispositions et ses allures se modifièrent ; et comme il garda une rancune prolongée à nos compagnons, les rapports entre lui et moi n’en devinrent que plus étroits.

    XVI

    Le témoin manquant

    Le 17, jour où j’avais rendez-vous avec l’avocat, ma révolte contre mon destin fut à son comble. Je savais qu’il m’attendait aux King’s Arms, je prévoyais ce qu’il me dirait lors de notre prochaine rencontre, et ces idées me causaient un tourment horrible. La vérité n’était pas vraisemblable, je devais le reconnaître, et je trouvais cruellement dur de passer pour un menteur et un lâche, alors que je n’avais en conscience rien omis de ce qu’il m’était possible de faire. Je me répétais cette formule avec une sorte d’amère satisfaction, et je recensais de ce point de vue les diverses phases de ma conduite. Je m’étais comporté envers James Stewart comme l’eût fait un frère ; le passé ne m’offrait rien dont je n’eusse le droit de m’enorgueillir, et il n’y avait que le présent à considérer. Je ne pouvais traverser la mer à la nage, pas plus que m’envoler par les airs, mais il me restait Andie. Je lui avais rendu service, je lui étais sympathique : je disposais là d’un levier puissant. Par acquit de conscience, je me devais de faire sur Andie une dernière tentative.

    L’après-midi finissait : on n’entendait sur tout le Bass d’autre bruit que le clapotis et les bouillonnements d’une mer très calme ; et mes quatre compagnons étaient tous disséminés, les trois MacGregor vers le haut du rocher, Andie avec sa bible en un coin ensoleillé des ruines. C’est là que je le trouvai dormant profondément, et dès son réveil je l’entrepris avec une certaine chaleur et un grand appareil d’argumentation.

    – Si je croyais que cela pût vous être utile, Shaws ! répliqua-t-il, en me considérant par-dessus ses besicles.

    – C’est pour sauver autrui, repris-je, et pour tenir ma parole. Que peut-il y avoir de meilleur ? Ne connaissez-vous donc pas l’Écriture, Andie ? Vous qui avez la bible sur vos genoux ! De quoi sert à un homme de gagner l’univers ?

    – Oui, dit-il, cela parle hautement en votre faveur. Mais qu’adviendra-t-il de moi ? J’ai ma parole à tenir tout aussi bien que vous. Et que me demandez-vous, sinon de vous la vendre pour de l’argent ?

    – Andie, ai-je prononcé le mot argent ? m’écriai-je.

    – Ouat ! le mot ne fait rien ; la chose y est quand même. Elle revient à ceci : au cas où je vous sers de la façon que vous désirez, je perds mes moyens d’existence. Il est donc clair que vous avez à me donner l’équivalent, et même un peu plus, pour votre dignité personnelle. Et n’est-ce pas là de la corruption ? Et encore si j’étais sûr de toucher ! Mais à ce que je vois nous en sommes loin ; et si vous veniez à être pendu, où en serais-je, moi ? Non, la chose n’est pas possible. Et allez-vous-en comme un brave garçon, et laissez Andie lire son chapitre.

    J’étais au fond très satisfait

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