▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
Recherche avancée
Sign in Sign up
  • Home
  • Tous les livres
    • Livres populaires
    • Livres tendance
  • BLOG
    Sign in Sign up
    1. Home
    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 23
    Prev
    Next

    de devenir avocat.

    – C’est un métier ennuyeux, David, et assez canaille en outre. L’habit du roi vous conviendrait mieux.

    – Hé oui, évidemment, ce serait le moyen de nous retrouver. Mais comme vous porteriez l’habit du roi Louis et moi celui du roi George, nous aurions une jolie rencontre.

    – Il y a du vrai là-dedans, avoua-t-il.

    – Avocat donc, voilà ce que je veux être, continuai-je, et ce métier me paraît plus approprié à un monsieur qui s’est fait désarmer trois fois. Mais voici le bon de la chose : c’est que l’un des meilleurs collèges pour ce genre d’études – celui d’ailleurs où mon cousin Pilrig a fait les siennes – est le collège de Leyde en Hollande. Hein, qu’en dites-vous, Alan ? Un cadet du Royal Écossais ne peut-il obtenir un congé, passer les frontières, et aller voir un étudiant de Leyde ?

    – Mais je le crois certes bien qu’il le peut ? s’écria-t-il. Voyez-vous, je suis au mieux avec mon colonel, le comte Drummond-Melford ; et ce qui est encore préférable, j’ai un cousin qui est lieutenant-colonel dans un régiment écossais de Hollande. Rien ne me sera plus facile que d’obtenir un congé pour aller voir le lieutenant-colonel Stewart de Halkett. Et Lord Melford, qui est un homme très savant, et qui écrit des livres comme César, sera sans doute très heureux d’utiliser mes observations.

    – Lord Melford est donc un auteur ? demandai-je, car tout comme Alan estimait les soldats, j’estimais les nobles qui écrivent des livres.

    – C’est cela même, Davie. On croirait qu’un colonel a mieux que cela à faire. Mais je n’ai rien à dire puisque je fais des chansons.

    – Eh bien donc, repris-je, il ne vous reste plus qu’à me donner une adresse où je puisse vous écrire en France ; et dès que je serai arrivé à Leyde je vous enverrai la mienne.

    – Le mieux sera de m’écrire aux bons soins de mon chef, répondit-il, Charles Stewart d’Ardshiel, Esquire, en la ville de Melun, Ile-de-France. Cela peut prendre longtemps, comme cela peut aller vite, mais la lettre finira toujours par m’arriver.

    Nous déjeunâmes d’un églefin à Musselburgh, où je pris un plaisir énorme à écouter Alan. Son surtout et ses houseaux étaient des plus singuliers par cette chaude matinée, et peut-être un mot d’explication à leur endroit eût-il été sage ; mais Alan traita ce sujet comme une affaire, ou plutôt comme une diversion. Il adressa à la patronne de la maison quelques compliments sur la cuisson de notre églefin ; et tout le reste du temps il ne cessa de lui parler d’un rhume qui lui était tombé sur la poitrine ; et il lui énumérait gravement toutes sortes de symptômes, et de douleurs, et il écoutait avec de grandes démonstrations d’intérêt tous les remèdes de vieille femme qu’elle lui indiquait de son côté.

    Nous quittâmes Musselburgh avant l’arrivée du premier coche d’Édimbourg, car (comme le dit Alan) il valait beaucoup mieux pour nous éviter cette rencontre. Le vent, quoique toujours fort, était tiède, le soleil brillait de tout son éclat, et Alan souffrit bientôt en conséquence. De Prestonpans il me fit faire le détour par le champ de bataille de Gladsmuir, où il s’échauffa plus que de raison en me décrivant les phases du combat. Puis, de son allure aisée d’autrefois, nous arrivâmes à Cockenzie. Bien qu’on fût en train d’y construire des sécheries de harengs pour le compte de Mistress Cadell, l’endroit, à moitié plein de maisons en ruine, semblait une ville déchue et quasi déserte ; mais le cabaret était propre, et Alan, qui n’en pouvait plus de chaleur, dut s’y accorder une bouteille de bière, et répéter à la nouvelle patronne son histoire de rhume tombé sur la poitrine, avec cette différence que les symptômes avaient changé.

    J’étais assis à l’écouter, lorsque je m’avisai que je ne l’avais jamais ouï adresser trois mots sérieux à une femme, mais qu’au contraire il ne cessait de plaisanter et de les railler et de se moquer d’elles à part lui, tout en apportant à cette tâche une dose particulière d’énergie et d’intérêt. Je lui en fis la remarque, à un moment où la bonne femme fut appelée au-dehors.

    – Que voulez-vous ! me dit-il. Avec les femmes on doit toujours partir du pied droit ; il faut leur raconter une petite histoire pour les amuser, ces pauvres agneaux ! C’est ce que vous devriez apprendre à faire, Davie : il suffit de saisir le principe, c’est comme pour un métier. Or, si j’avais eu affaire à une fille jeune, ou du moins jolie, elle ne m’aurait jamais entendu parler de mon rhume. Mais, Davie, une fois qu’elles sont trop vieilles pour chercher à plaire, elles s’établissent apothicaires. Pourquoi ? je n’en sais rien. Elles sont tout juste comme Dieu les a faites, je suppose. Mais je crois qu’il faut être idiot pour ne pas avoir remarqué la chose.

    Et alors, la patronne revenant, il se détourna de moi, comme s’il était avide de renouer la précédente conversation. La dame eut bientôt passé du rhume d’Alan au cas d’un sien beau-frère habitant Aberlady, dont elle nous exposa dans le plus grand détail la dernière maladie et la mort. Son récit n’était parfois qu’assommant, parfois assommant et tragique en même temps, car elle parlait avec componction. Il en résulta que je tombai dans une rêverie profonde, regardant par la fenêtre sur la route, sans presque me rendre compte de ce que je voyais. Tout à coup je tressaillis.

    – Nous lui avons mis des sinapismes aux pieds, disait la bonne femme, et une brique chaude sur le ventre, et nous lui avons donné de l’hysope et de l’eau de pouliot, et un bel et bon emplâtre de soufre…

    – Monsieur, dis-je, l’interrompant avec beaucoup de calme, il y a un de mes amis qui vient de passer devant la maison.

    – En vérité ? repartit Alan, comme si la chose n’avait aucune importance. Et il reprit : – Vous disiez, madame ! – Et l’ennuyeuse vieille continua.

    Bientôt, néanmoins, il la paya avec une pièce d’une demi-couronne, et elle dut sortir pour aller chercher de la monnaie.

    – Était-ce celui aux cheveux roux ? me demanda Alan.

    – Vous y êtes, répondis-je.

    – Qu’est-ce que je vous disais dans le bois ? s’écria-t-il. Et pourtant c’est bizarre qu’il soit ici. Était-il seul ?

    – Tout à fait seul, à ce que j’ai pu voir.

    – Est-il passé ?

    – Tout droit, et sans regarder ni à droite ni à gauche.

    – Voilà qui est encore plus étrange. J’ai dans l’idée, Davie, qu’il nous faudrait déguerpir. Mais dans quelle direction ? – Au diable ! Cela ressemble joliment au vieux temps.

    – Il y a toutefois une grosse différence, repris-je, c’est que cette fois nous avons de l’argent dans nos poches.

    – Et une autre grosse différence, monsieur Balfour, répliqua-t-il, c’est que cette fois nous avons des limiers à nos trousses. Ils sont sur la piste ; ils sont en pleine chasse, David. C’est une sale affaire, et que le diable l’emporte.

    Et il se mit à réfléchir profondément avec un air que je lui connaissais bien.

    – Dites donc, patronne, fit-il, quand la bonne femme fut revenue, y a-t-il une autre route derrière votre cabaret ?

    Elle répondit qu’il y en avait une, et qui menait de tel côté.

    – En ce cas, monsieur, me dit-il, je pense que cette route sera plus courte pour nous. Et je vous dis au revoir, ma brave femme ; et je n’oublierai pas l’eau de giroflée.

    Nous sortîmes en traversant le potager de la vieille, et prîmes un sentier à travers champs. Alan regardait de tous côtés avec attention, et quand il nous vit arrivés dans un petit creux du pays, hors de vue, il s’assit par terre.

    – Tenons conseil de guerre, Davie, dit-il. Mais tout d’abord, je vais vous donner une petite leçon. Supposez que j’aie fait comme vous, qu’est-ce que cette bonne vieille là-bas aurait pensé de nous deux ? Simplement que nous étions sortis par la porte de derrière. Et que se rappelle-t-elle à présent ? Un joli garçon bavard, aimable, un peu timbré, qui souffre de la poitrine, le pauvre ! et qui s’est fort intéressé au beau-frère. Ô Davie, mon ami, tâchez d’apprendre à avoir un peu de jugeote.

    – J’y tâcherai, Alan.

    – Et maintenant, parlons de celui aux cheveux roux. Allait-il vite ou lentement ?

    – Couçi-couça.

    – Il n’avait pas l’air trop pressé ?

    – Pas le moins du monde.

    – Hum ! cela me paraît bizarre. Nous ne l’avons pas du tout aperçu ce matin sur les Whins ; il nous a dépassés, il n’a pas l’air de regarder ; et pourtant le revoici sur notre route. Parbleu, Davie, voilà qu’il me vient une idée. Je pense que ce n’est pas à vous qu’ils en veulent, mais bien à moi ; et je pense qu’ils savent fort bien où ils vont.

    – Ils le savent ! repris-je.

    – Je pense qu’Andie Scougal m’a vendu – lui ou son second qui était en partie au courant de l’affaire – ou encore cette espèce de clerc de Charlie, ce qui serait aussi ennuyeux ; et si vous voulez savoir mon intime conviction, je pense qu’il va y avoir des têtes cassées sur la plage de Gillane.

    – Alan, m’écriai-je, si vous ne vous trompez pas il y aura là du monde, et à revendre. Cela ne servirait à rien de casser des têtes.

    – Ce serait quand même un soulagement, répondit Alan. Mais attendez un peu, attendez ; je réfléchis – et grâce à ce joli vent de terre de l’ouest, je crois qu’il me reste une chance. Voici comment, Davie. Je n’ai pas rendez-vous avec ce Scougal avant le crépuscule. Mais, a-t-il dit,

    Prev
    Next

    YOU MAY ALSO LIKE

    Voyage avec un ane dans les Cevennes – Robert Louis Stevenson
    Voyage avec un âne dans les Cévennes
    August 17, 2020
    Dans les mers du sud – Robert Louis Stevenson
    Dans les mers du sud
    August 17, 2020
    Une apologie des oisifs – Robert Louis Stevenson
    Une apologie des oisifs
    August 17, 2020
    Le mort vivant – Robert Louis Stevenson
    Le mort vivant
    August 17, 2020
    Tags:
    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
    • Privacy Policy
    • ABOUT US
    • Contact Us
    • Copyright
    • DMCA Notice

    © 2020 Copyright par l'auteur des livres. Tous les droits sont réservés.

    Sign in

    Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Sign Up

    Register For This Site.

    Log in | Lost your password?

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!

    Lost your password?

    Please enter your username or email address. You will receive a link to create a new password via email.

    ← Back to ▶ Lire le livre gratuitement en ligne | Entièrement gratuit | Oui c'est vrai!