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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 21
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    je me couchai à terre pour attendre Alan.

    J’avais déployé une très grande attention pour surveiller non seulement le sentier, mais encore tous les champs et les buissons à portée de ma vue. Je renonçai à cet exercice. La lune, à son premier quartier, luisait faiblement dans le bois ; la paix de la campagne m’environnait ; et ces deux ou trois heures que je passai étendu sur le dos m’offrirent une occasion favorable de faire mon examen de conscience.

    Deux choses m’apparurent clairement tout d’abord : que je n’avais plus le droit de retourner à Dean ce jour-là, et que (y étant allé) je n’avais pas le droit de rester étendu ici. Ce bois, où Alan devait venir, était précisément le seul de toute l’Écosse qui me fût interdit, par toute juste considération. Je le reconnaissais, et je n’en restais pas moins, sans savoir pourquoi. Je voyais avec combien peu de mesure j’avais traité Catriona quelques heures plus tôt ; comment je lui avais rebattu les oreilles des deux existences dont j’étais responsable, et je l’avais ainsi forcée de compromettre son père ; et comment, ces deux existences, je les exposais ici à nouveau, de gaieté de cœur. Une conscience tranquille est faite, pour les huit dixièmes, de courage. Le doute ne m’eut pas plus tôt envahi, que je me trouvai désarmé devant une foule de pensées menaçantes. Brusquement, je me relevai. Si j’allais à cette heure trouver Prestongrange, le surprendre (comme il était encore facile) avant son sommeil et lui faire ma soumission plénière ? Qui eût pu m’en blâmer ? Ni Stewart l’avocat : il me suffirait de lui dire que j’étais pisté, incapable de m’échapper, contraint à la reddition. Ni Catriona : pour elle également, j’avais une réponse toute prête ; à savoir que je ne pouvais la laisser mettre son père en danger. Ainsi, en un moment, je pouvais me délivrer de tous mes ennuis, lesquels après tout et en réalité ne me regardaient en rien ; je me dégageais de l’assassinat d’Appin, je me mettais hors de portée de tous les Stewart et les Campbell, de tous les whigs et les tories du monde, et je vivais désormais à ma guise, libre de m’amuser et de travailler à mon avancement, et de consacrer quelques heures de ma jeunesse à courtiser Catriona, ce qui serait évidemment une occupation plus convenable que de me cacher et de courir et d’être poursuivi comme un voleur traqué, et de renouveler encore une fois les terribles épreuves de ma fuite en compagnie d’Alan.

    Cette capitulation ne m’inspira d’abord aucune honte, et je m’étonnai seulement de ne l’avoir conçue ni réalisée plus tôt. Je cherchai à découvrir l’origine de cette métamorphose. Je la fis remonter à mon abattement spirituel, lequel provenait de mon insouciance de naguère, due elle-même à ce vieux, commun, trivial et ignoble péché ; la complaisance égoïste. Et le texte sacré me revint aussitôt à l’esprit : « Comment Satan pourrait-il chasser Satan ? »

    – Hé quoi ! pensai-je, par complaisance égoïste, en suivant les chemins faciles et en obéissant à l’attrait d’une jeune fille, j’ai pris le dégoût de mon honneur, j’ai mis en péril l’existence de James et celle d’Alan, et je vais chercher à m’évader par le même chemin que j’ai déjà parcouru ? Non ! le mal causé par la complaisance égoïste doit être guéri par l’abnégation de soi-même ; la chair que j’ai flattée doit être crucifiée. Je me demandai alors quelle voie me serait la plus pénible à suivre. C’était de quitter le bois sans attendre Alan, et de me remettre en route seul, dans les ténèbres et entouré de hasards obscurs et menaçants.

    Si j’ai pris le soin de rapporter en détail cette phase de mes réflexions, c’est parce que je crois leur exposé susceptible de quelque utilité, et qu’il peut servir d’exemple à la jeunesse. Mais la raison intervient (comme on dit) même pour planter des choux, et il y a place, même en morale et en religion, pour le bon sens. L’heure fixée par Alan approchait, et la lune avait disparu. Si je partais, comme je ne pouvais en toute conscience siffler mes espions pour les mettre à mes trousses, ils pourraient bien me perdre dans l’obscurité, et s’attacher par erreur à Alan. Si je restais, au contraire, je pouvais à tout le moins mettre mon ami sur ses gardes, ce qui serait peut-être son salut. J’avais compromis la sûreté d’autrui dans un moment de complaisance égoïste ; remettre autrui en péril, et cette fois-ci dans le simple but de faire pénitence, n’eût guère été raisonnable. Aussi, je ne me fus pas plus tôt levé de ma place que je m’y recouchai, mais déjà dans une autre disposition d’esprit, à la fois m’étonnant de ma faiblesse passée et me réjouissant de mon actuel sang-froid.

    Peu après il se fit un craquement dans le fourré. Mettant ma bouche à ras de terre, je sifflai deux ou trois notes de l’air d’Alan. Une réponse me parvint, sur le même ton assourdi, et bientôt nous nous abordâmes dans les ténèbres.

    – C’est enfin vous, Davie ? chuchota-t-il.

    – C’est bien moi, répondis-je.

    – Dieu ! mon ami comme j’ai langui à vous attendre ! fit-il. Le temps m’a paru bien long. Toute la journée, je l’ai passée à l’intérieur d’une meule de foin, où je ne voyais pas le bout de mes dix doigts, et puis deux heures encore à vous attendre ici, et vous n’arriviez jamais ! Enfin vous voilà ; mais il n’était que temps, car je m’embarque demain ! Demain ? que dis-je ? aujourd’hui, plutôt.

    – Oui, Alan mon ami, aujourd’hui, c’est vrai. Il est passé minuit, déjà, et vous vous embarquez aujourd’hui. Vous aurez un long trajet à faire.

    – Nous taillerons une longue bavette auparavant, répliqua-t-il.

    – Certes oui, et j’en ai joliment à vous raconter.

    Et je lui appris ce qu’il devait savoir, en un pêle-mêle qui se débrouilla peu à peu. Il m’écouta, posant de rares questions, et riant de temps à autre, d’un air amusé. Son rire, surtout là dans cette obscurité où il nous était impossible de nous voir, éveillait en mon cœur une sympathie extraordinaire.

    – Oui, David, vous êtes un drôle de corps, dit-il quand j’eus achevé de parler ; un drôle de pistolet pour finir, et je ne me souviens pas d’avoir jamais rencontré votre pareil. Quant à votre histoire, Prestongrange est un whig tout comme vous, aussi je ne dirai rien de lui ; je crois même, pardieu ! qu’il serait votre meilleur ami, si seulement vous pouviez avoir confiance en lui. Mais Simon Fraser et James More sont des animaux de mon espèce, et je les qualifierai comme ils le méritent. C’est le grand diable noir qui est le père des Fraser, chacun sait cela ; et pour les Gregara, je n’ai jamais pu les sentir depuis que je sais me tenir debout sur mes deux pieds. J’ai mis le nez en marmelade à l’un d’eux, il m’en souvient, quand j’étais encore si peu ferme sur mes jambes que je me suis étalé sur lui. Ce fut un beau jour pour mon père, Dieu ait son âme ! et il y avait certes de quoi. Je ne puis nier que Robin ne fût assez bon cornemusier, conclut-il ; mais pour James More, que le diable l’écarte de moi !

    – Nous avons une chose à considérer, repris-je. Charles Stewart se trompe-t-il ou non ? Est-ce à moi seul qu’ils en ont, ou à nous deux ?

    – Et quel est votre avis, à vous qui êtes si plein d’expérience ?

    – Cela me passe, répliquai-je.

    – Et moi aussi. Croyez-vous que cette fille vous tiendrait parole ?

    – Je le crois.

    – Alors, il n’y a plus rien à dire. Et en tout cas, c’est conclu et réglé : il se mettra d’ici peu avec les autres.

    – Combien croyez-vous qu’ils soient ? demandai-je.

    – Cela dépend, dit Alan. S’il ne s’agissait que de vous, on enverrait probablement deux ou trois jeunes gaillards, mais si on pense avoir affaire à moi aussi, je dirais plutôt dix ou douze.

    Je n’y pus résister, et laissai fuser un léger éclat de rire.

    – Et je crois que de vos deux yeux vous m’en avez vu repousser tout autant, voire plus du double ! s’écria-t-il.

    – Peu importe, fis-je, puisque me voici bien débarrassé d’eux pour le moment.

    – Vous le croyez, répliqua-t-il ; mais je ne serais pas du tout surpris qu’ils soient en train de cerner ce bois. Voyez-vous, ami David, ce sont gens du Highland. Il y a parmi eux des Fraser, je suppose, et des Gregara ; et je ne puis nier que les uns comme les autres, et en particulier les Gregara, ne soient des individus habiles et expérimentés. On ne connaît pas grand-chose tant qu’on n’a pas conduit un troupeau de bétail (mettons) pendant dix lieues à travers un pays de plaine peuplé, avec les soldats noirs peut-être à ses trousses. C’est de cette façon que j’ai acquis le meilleur de ma perspicacité. Et ne protestez pas : cela vaut mieux que la guerre ; laquelle toutefois vient immédiatement après, bien qu’elle soit somme toute une assez piètre affaire. Or, les Gregara ont beaucoup pratiqué ce sport.

    – J’avoue que ce genre d’éducation m’est resté étranger, déclarai-je.

    – Et je remarque en vous cette lacune à chaque instant. Mais voilà le bizarre chez vous autres élevés au collège : vous êtes ignorants, et vous ne vous en apercevez pas. J’ignore le grec et l’hébreu, mon bon ami ; mais je sais que je ne les connais pas – voilà la différence. Ainsi vous voilà. Vous restez couché sur le ventre

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