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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 2
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    trois personnes. L’une d’elles, une jeune fille, était vêtue comme une dame, et portait à sa coiffure une cocarde aux couleurs des Drummond. Quant à ses compagnons (ses suivants, pour mieux dire) c’étaient de haillonneux domestiques, comme j’en avais vu à la douzaine, au cours de mon voyage à travers les Highlands. Tous trois conversaient en gaélique. Le son de cette langue était doux à mes oreilles, car il me rappelait Alan ; et, bien que la pluie eût cessé, et que mon porteur me pressât de partir, je me rapprochai du groupe, afin d’écouter. Tancés avec véhémence par la dame, les autres s’excusaient servilement, d’où je conclus qu’elle appartenait à la maison d’un chef. Cependant, tous trois ne cessaient de fouiller dans leurs poches, et, à ce que je pus voir, ils avaient à eux tous ensemble la valeur d’un demi-farthing[2]. Je souris à part moi, de voir que tous les gens du Highland sont bien pareils, en ce qui concerne les belles révérences et la bourse plate.

    Tout à coup la jeune fille vint à se retourner, et j’aperçus enfin son visage. Avec quelle étonnante facilité un jeune visage féminin s’impose à l’esprit d’un homme, et s’y loge à demeure, comme si l’apparition venait à point exaucer tous ses vœux ! La jeune fille avait des yeux d’un éclat splendide, pareils à des étoiles, et je crois bien que ses yeux jouèrent un rôle, mais ce que je me rappelle le plus nettement, ce sont ses lèvres, qui étaient entrouvertes lorsqu’elle se retourna. Et alors, n’importe le motif, je restai bouche bée comme un sot. Elle, de son côté, ne s’attendant pas à voir quelqu’un aussi près d’elle, me dévisagea un peu plus longtemps, et peut-être avec plus de surprise que ne l’exigeaient les convenances.

    En vrai provincial, je me mis dans la tête qu’elle examinait mes habits neufs ; aussi, je rougis jusqu’aux oreilles, et il est à croire que ma rougeur lui inspira d’autres réflexions, car elle entraîna ses domestiques vers le fond de l’impasse, où ils reprirent leur discussion hors de portée de mon ouïe.

    Maintes fois déjà auparavant, quoique jamais avec cette soudaine intensité, j’avais admiré des demoiselles ; mais comme je craignais fort les railleries du beau sexe, j’étais, en pareil cas, plutôt enclin à reculer qu’à avancer. J’avais cette fois-ci, eût-on pu croire, d’autant plus de raison de suivre ma pratique ordinaire que je venais de rencontrer cette jeune personne dans la rue, en train apparemment de suivre un prisonnier, et accompagnée de deux Highlanders de mauvaise mine et très déguenillés. Mais une considération me retint : sans nul doute la demoiselle croyait que j’avais cherché à surprendre ses secrets, et je ne pouvais, avec mes habits neufs et mon épée, et porté au pinacle de ma nouvelle fortune, admettre une semblable supposition. Le « mendiant à cheval » ne tolérait pas d’être ravalé si bas, à tout le moins par cette jeune personne.

    Je la rejoignis donc, et lui tirai mon chapeau neuf, de ma leçon la plus civile.

    – Madame, lui dis-je, je crois de mon simple devoir de vous avertir que j’ignore le gaélique. Il est vrai que je vous écoutais, car j’ai moi-même des amis par-delà la frontière des Highlands, et le son de leur langue m’est cher ; mais pour ce qui est de vos affaires privées, vous auriez parlé grec que j’en saurais tout juste autant.

    Elle me fit une petite révérence lointaine.

    – Il n’y a pas de mal, dit-elle, avec un joli accent, qui approchait fort de l’anglais, mais qui était plus agréable. Un chien peut bien regarder un évêque.

    – Je n’ai eu aucune intention de vous offenser, répliquai-je. Je ne suis pas au courant des manières citadines ; c’est même aujourd’hui pour la première fois que j’ai franchi les portes d’Édimbourg. Prenez-moi pour ce que je suis, à savoir : un garçon de la campagne ; je préfère vous le dire que vous le laisser découvrir.

    – Au fait, les étrangers n’ont guère coutume de s’aborder ainsi en pleine rue, répliqua-t-elle. Mais si vous êtes de la campagne, c’est différent. Je suis tout comme vous de la campagne ; je suis du Highland, comme vous le voyez, et je m’en sens d’autant plus loin de chez moi.

    – Et moi, il n’y a pas huit jours que j’ai passé la frontière, dis-je. Il y a moins de huit jours, j’étais dans les montagnes de Balwhidder.

    – Balwhidder ? s’écria-t-elle. Vous venez de Balwhidder ! Ce nom réjouit tout mon être. Pour si peu de temps que vous y soyez resté, vous devez connaître de mes parents ou amis ?

    – J’ai logé chez un excellent honnête homme appelé Duncan Dhu MacLaren.

    – Duncan ! je le connais très bien, et vous le qualifiez comme il faut ! et tout honnête qu’il soit, sa femme ne l’est pas moins.

    – Vous dites vrai, ce sont d’excellentes gens, et qui habitent un bien joli endroit.

    – Où a-t-il son pareil dans tout le vaste monde ? J’aime cette terre, son odeur, et jusqu’aux racines qui s’y enfoncent.

    J’étais absolument captivé par la fougue de la jeune fille.

    – Je regrette de ne vous avoir pas apporté un rameau de ces bruyères, lui dis-je. Assurément j’ai eu tort de vous parler à première vue, mais puisque nous avons des connaissances communes, je vous prie en grâce de ne pas m’oublier. David Balfour est le nom qu’on me donne. Et je suis dans un jour de bonheur, car je viens tout juste d’entrer en possession de mon patrimoine, et j’ai tout récemment échappé à un mortel danger. En mémoire de Balwhidder, je souhaite que vous vous rappeliez mon nom, comme je me rappellerai le vôtre, en mémoire de ce jour de bonheur.

    – On ne prononce pas mon nom, répliqua-t-elle, d’un air très altier. Il y a plus de cent ans qu’il n’a circulé sur les lèvres des hommes, sauf à la dérobée. Je suis sans nom, comme les « Dames de la Paix »[3]. Le seul que j’emploie est : Catriona Drummond.

    Je savais maintenant à quoi m’en tenir. Dans toute l’Écosse il n’y avait de proscrit qu’un seul nom, celui des MacGregor. Pourtant, loin de fuir cette peu désirable relation, je m’y enfonçai davantage.

    – Je me suis trouvé avec quelqu’un qui était dans votre cas, repris-je. C’est sans doute un de vos amis. On l’appelait Robin Oig.

    – Vraiment ! Vous avez vu Rob ?

    – J’ai passé une soirée avec lui.

    – C’est en effet un oiseau nocturne, fit-elle.

    – Nous avions avec nous une cornemuse, repris-je ; aussi vous devinez comme le temps a passé.

    – Vous ne pouvez être un ennemi, en tout cas, dit-elle. Son frère était là il n’y a qu’un moment, avec les habits-rouges[4] autour de lui. C’est lui que je nomme mon père.

    – En vérité ! m’écriai-je. Vous seriez la fille de James More ?

    – Je suis sa fille unique ; la fille d’un prisonnier. Se peut-il que je l’oublie ainsi, même pour une heure, à causer avec des étrangers !

    Ici, l’un des domestiques, s’adressant à elle en mauvais anglais, lui demanda ce qu’il devait faire « pour le tabac ». D’un seul coup d’œil j’inventoriai ce petit homme bancal à cheveux roux et grosse tête, que je devais à mon dam retrouver par la suite.

    – Il n’en peut être question aujourd’hui, Neil, lui répondit-elle. Comment voulez-vous avoir du tabac sans argent ? Cela vous apprendra, pour une autre fois, à être plus soigneux, mais je pense que James More ne sera pas très satisfait de son Neil fils de Tom.

    – Miss Drummond, dis-je, je vous ai appris que j’étais dans un jour de bonheur. Me voici escorté d’un garçon de banque. Et souvenez-vous que j’ai reçu l’hospitalité dans votre pays de Balwhidder.

    – Ce n’est personne des miens qui vous l’a offerte.

    – C’est vrai, mais je suis redevable à votre oncle au moins de quelques airs de cornemuse. En outre, je vous ai offert mon amitié, et vous avez été assez distraite pour ne la point refuser en temps opportun.

    – S’il s’agissait d’une grosse somme, vous auriez pu en tirer quelque mérite, répliqua-t-elle ; mais je vais vous dire ce dont il s’agit. James More est retenu en prison ; et depuis quelque temps, on l’amène ici chaque jour chez le procureur général.

    – Chez le procureur général ! m’écriai-je. Est-ce là…

    – C’est la maison de lord Grant de Prestongrange, procureur général. C’est ici qu’on amène mon père continuellement. Dans quel but, je n’en ai pas la moindre idée ; mais il paraît y avoir pour lui une lueur d’espoir. Toutefois, on ne me permet pas d’aller le visiter ni même de lui écrire, et nous attendons sur le pavé du roi pour le saisir au vol, et quand il passe, nous lui donnons ou bien son tabac à priser, ou bien autre chose. Et voilà que cet oiseau de malheur, Neil, fils de Duncan, a perdu ma pièce de quatre pence, qui devait payer le tabac, et James More devra s’en passer, et il croira que sa fille l’a oublié.

    Je pris dans ma poche une pièce de six pence et la remis à Neil en lui disant d’aller faire son emplette. Puis, me tournant vers Miss Drummond, j’ajoutai :

    – Ces six pence me viennent de Balwhidder.

    – Ah ! fit-elle, je vois que les Gregara ont en vous un ami !

    – Je ne veux pas, répliquai-je, vous induire en erreur. Je ne me soucie pas plus des Gregara que de James More et de ses faits et gestes, mais depuis le peu de temps que je viens de passer dans cette rue, il me semble que je ne suis plus tout à

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