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    2. Catriona (Les Aventures de David Balfour 2)
    3. Chapitre 10
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    présente ma sœur, miss Grant, qui veut bien diriger ma maison à ma place, et qui se fera un plaisir de vous être agréable. Et voici – continua-t-il en se tournant vers les trois demoiselles – voici mes trois aimables filles. Dites-le-moi franchement, monsieur David : laquelle des trois est la plus jolie ? Je suis sûr que vous n’aurez pas l’audace de me servir la réponse du brave Alan Ramsay !

    À l’instant, toutes les trois, et jusqu’à la vieille miss Grant, se récrièrent contre cette saillie qui me fit monter le rouge à la figure, car je connaissais les vers en question. Je trouvais cette allusion impardonnable chez un père, et j’étais étonné de voir ces dames rire tout en protestant, d’un air peu convaincu d’ailleurs.

    Prestongrange mit cette gaieté à profit pour quitter la pièce, et me laisser seul en cette société, aussi déplacé qu’un poisson hors de l’eau. J’ai toujours dû reconnaître, en songeant à ce qui suivit, que je me montrai superlativement sot ; et ces dames étaient certes bien élevées pour avoir autant de patience avec moi. La tante, assise auprès de nous devant son métier, se bornait à nous adresser de temps à autre un regard ou un sourire ; mais les demoiselles, et en particulier l’aînée, qui était aussi la plus belle, me gratifièrent de mille attentions auxquelles j’étais bien incapable de répondre. J’avais beau me répéter que j’étais un jeune homme de quelque valeur aussi bien que de fortune passable ; et que je n’avais nulle raison d’avoir honte devant ces jeunes filles, dont l’aînée était à peine plus âgée que moi, et dont aucune fort probablement n’était de moitié aussi instruite. Ce raisonnement ne changeait rien à la chose ; et il y avait des moments où le rouge me montait au visage, de me dire que j’étais rasé ce jour-là pour la première fois.

    Comme la conversation, malgré tous leurs efforts, se traînait avec peine, l’aînée prit pitié de mon embarras, se mit à son instrument, où elle était passée maîtresse, et pour me distraire un moment, joua et chanta, aussi bien en écossais qu’en italien. Je retrouvai quelque assurance, et me ressouvenant de cet air qu’Alan m’avait appris dans notre cachette voisine de Carriden, je m’enhardis si bien que j’en sifflai une mesure ou deux et demandai à la jeune fille si elle connaissait cela.

    Elle secoua la tête.

    – C’est la première note que j’en entends, fit-elle. Sifflez-le moi tout du long. Et puis encore une fois, ajouta-t-elle lorsque j’eus fini.

    Elle le reprit alors sur le clavier et, à mon étonnement, l’enrichit aussitôt de variations harmonieuses, et chanta, tout en jouant, avec une expression des plus comiques et en patoisant :

    « L’ai-je pas bien attrapé ?

    Voilà-t-il pas l’air que vous siffliez ? »

    – Vous voyez, dit-elle, je fais aussi des vers, seulement ils ne riment pas. Et elle reprit :

    « Je suis miss Grant, fille du procureur ; Vous, m’est avis, êtes David Balfour. »

    Je lui exprimai toute l’admiration que me causait son talent.

    – Et comment appelez-vous cet air ? me demanda-t-elle.

    – J’ignore son vrai nom, répondis-je. Mais je l’appelle l’air d’Alan.

    Elle me regarda bien en face.

    – Moi, je l’appellerai l’air de David, reprit-elle ; toutefois s’il ressemble un tant soit peu à celui que votre homonyme d’Israël joua à Saül, je ne m’étonne plus que ce roi en retira peu de profit, car sa musique est bien lugubre. Cet autre nom que vous lui donnez, je ne l’aime pas ; aussi lorsque vous aurez envie que je vous rejoue votre air, il vous faudra me le demander en l’appelant par le mien.

    Ce fut dit d’une façon significative qui me donna un coup au cœur.

    – Et pourquoi cela, miss Grant ? demandai-je.

    – Parce que, fit-elle, s’il vous arrive jamais d’être pendu, je mettrai sur cet air votre confession suprême et je la chanterai.

    Je ne pouvais plus douter qu’elle ne fût en partie initiée à mon histoire et au danger que je courais. Sous quelle forme, et jusqu’à quel point, il m’était plus difficile de l’imaginer. Mais elle savait du moins que le nom d’Alan était compromettant, et elle me donnait ainsi l’avis de le passer sous silence ; elle savait aussi sans doute que j’étais soupçonné de quelque crime. Je compris d’ailleurs que par la rudesse de ses dernières paroles (qu’elle fit suivre immédiatement d’un morceau de musique très bruyant) elle voulait couper court à ce genre de conversation. Je me tenais à côté d’elle, affectant d’écouter et d’admirer, mais en réalité plongé dans le tourbillon de mes pensées. J’ai toujours constaté que cette jeune dame était amie du mystère ; et à coup sûr cette première entrevue constitua pour moi un mystère insondable. J’appris seulement beaucoup plus tard que la journée du dimanche avait été bien employée, le garçon de banque retrouvé et interrogé, ma visite à Charles Stewart découverte, et la conclusion tirée que j’étais fort intime avec James et Alan, et très probablement en relations suivies avec ce dernier. D’où il résultait cette allusion transparente que l’on m’adressait par-dessus le clavecin.

    Au beau milieu du morceau de musique, l’une des plus jeunes demoiselles, qui était à la fenêtre donnant sur l’allée, cria à ses sœurs de venir vite, car « les Yeux Gris » étaient de nouveau là. Toutes trois y furent rassemblées aussitôt, se poussant pour mieux voir. La fenêtre où elles coururent se trouvait dans un renfoncement au bout de la pièce, et comme elle donnait au-dessus de la porte d’entrée, elle commandait obliquement l’allée.

    – Venez, monsieur Balfour, criaient-elles, venez voir ! C’est la plus belle fille du monde ! Voilà plusieurs jours qu’elle rôde à l’entrée de l’impasse, toujours accompagnée de quelques domestiques de mauvaise mine, et malgré cela elle a tout à fait l’air d’une grande dame.

    Je n’avais pas besoin de regarder ; et je ne regardai pas non plus deux fois, ni longtemps. Je craignais qu’elle ne vînt à m’apercevoir, en train de la regarder du haut de cette chambre de musique, tandis qu’elle était là dehors, que son père était aussi dans la maison, en train peut-être de demander la vie en pleurant, et alors que moi-même je venais tout juste de rejeter ses prières. Mais ce simple coup d’œil suffit pour me rendre meilleure opinion de moi-même et diminuer de beaucoup la terreur que m’inspiraient les jeunes dames. Elles étaient belles, indiscutablement, mais Catriona ne l’était pas moins, et celle-ci possédait en outre une sorte d’éclat pareil à celui d’un charbon ardent. Autant les autres me déconcertaient, autant elle me stimulait. Je me souvins qu’avec elle j’avais causé facilement. Si je ne pouvais en faire autant avec ces jolies personnes, il y avait peut-être bien de leur faute. À mon embarras se mêla peu à peu un sentiment d’ironie qui l’atténua ; et désormais lorsque la tante levait les yeux de dessus sa broderie pour un sourire, ou que les trois jeunes filles me traitaient comme un enfant du haut de leur grandeur, je croyais lire : « Par ordre du papa », inscrit sur leurs visages, et j’avais quelque peine à m’empêcher de sourire.

    Enfin le papa revint, toujours aussi aimable, l’air heureux et la parole aisée.

    – Allons, petites filles, dit-il, je dois vous reprendre M. Balfour ; mais j’espère que vous avez réussi à lui persuader de revenir dans cette maison ; où je serai toujours enchanté de le recevoir.

    Elles me firent chacune un petit compliment d’un sou, et je fus emmené.

    S’il comptait sur cette visite à sa famille pour vaincre ma résistance, son échec fut complet. Je n’étais pas niais au point de ne pas sentir que j’avais fait bien piètre figure et que sitôt mon dos tourné les jeunes filles avaient bâillé à se décrocher la mâchoire. Je sentais bien que je m’étais montré fort peu souple et gracieux ; et j’aspirais à l’occasion de prouver que je possédais quelque chose des qualités inverses, le sérieux et la ténacité.

    Or, je devais être servi à souhait, car la scène où le procureur allait me faire prendre part était d’un caractère tout différent.

    VI

    Umquile, Maître de Lovat[10]

    Dans le cabinet de Prestongrange nous attendait un homme que j’abhorrai à première vue, comme on abhorre un furet ou un perce-oreille. Il était cruellement laid, mais avec toute l’apparence d’un gentilhomme ; ses manières tranquilles n’excluaient pas des sursauts brusques et des gestes violents ; et sa petite voix grêle prenait à sa volonté des inflexions aigres et menaçantes.

    Le procureur nous présenta l’un à l’autre d’une façon familière et amicale.

    – Fraser, dit-il, voici ce M. Balfour dont nous avons causé. Monsieur David, voici M. Simon Fraser, à qui nous donnions jadis un autre titre, mais c’est là de l’histoire ancienne. M. Fraser a une communication à vous faire.

    Puis il s’écarta de nous pour aller tout au bout des rayons chargés de livres faire semblant de consulter un volume in-quarto.

    Je restai donc, pour ainsi dire, seul avec la personne au monde à laquelle peut-être je m’attendais le moins. Les termes de la présentation ne pouvaient me laisser de doute : celui que j’avais devant moi n’était autre que le banni Maître de Lovat et le chef du grand clan Fraser. Je savais qu’il avait conduit ses gens dans la rébellion ; je savais que pour ce crime la tête de son père – le vieux lord, ce renard gris des montagnes – était tombée sur le billot, que les terres de ses parents avaient été confisquées, et leur noblesse flétrie. Mais j’ignorais ce qu’il faisait là dans la demeure de Grant ; j’ignorais qu’il avait comparu sur le banc des accusés, renié tous ses principes, et qu’il

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    Tags:
    Classique, Fiction, Historique, L'aventure
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